Fondée en 1933, la Société OMNIUM D’ASSAINISSEMENT est spécialisée dans les techniques d’hygiène publique.
Son activité porte sur les études et la réalisation d’installations de traitement d’eaux usées, d’eaux résiduaires industrielles et d’ordures ménagères.
Au sein du groupe COMPAGNIE GÉNÉRALE DES EAUX, cette société poursuit son développement dans une tradition de haute technicité et son expansion continue la place parmi les premières entreprises françaises de sa spécialité.
Sa société sœur, la Compagnie européenne de Traitement des Eaux (CTE), née en 1968 de la fusion de plusieurs sociétés ayant déjà une longue expérience du traitement des eaux potables, poursuit cette activité, élargie aux eaux d’alimentation industrielle et de piscines.
Ces branches complémentaires d’activité s’appuient sur une structure complète groupant autour des services de base (engineering de projets et de réalisations) tous les départements complémentaires : génie civil, électricité, électronique, exploitation.
1977 a vu l’installation dans le même immeuble du Doublon à Courbevoie d'un grand nombre de services de ces deux sociétés.
Ce complexe industriel, animé par son président M. Bernard ROUER, compte plus de huit cents ingénieurs, techniciens et spécialistes du traitement de l'eau.
Cette organisation est apte à aborder tous les problèmes relevant de ses activités, sans limite supérieure d’importance.
Appelées en général à répondre à des consultations précises de leurs clients (grandes administrations, services techniques des villes, industriels, ingénieurs-conseils, etc.), les deux sociétés sont capables en outre de les aider dans la définition de leurs problèmes (études préliminaires, avant-projets) souvent complexes et parfois entièrement nouveaux.
Attentifs à promouvoir et à maîtriser des techniques avancées, ODA et CTE mettent au point et développent des méthodes et procédés originaux dans leur Centre de Recherche de Colombes.
LE CENTRE DE RECHERCHE ODA-CTE DE COLOMBES (92)
C.R.O.D.A.
par H. MOREAUD (ODA) et J.-C. DERNAUCOURT (CTE)
Dès sa création, ODA s’est attaché la collaboration de spécialistes du traitement des eaux.
En 1968 le laboratoire initialement installé dans un petit local du siège parisien de la Société ne pouvait plus faire face à des besoins qui nécessitaient des moyens expérimentaux sortant largement du cadre d’une simple assistance technique.
La création d’un Centre de Recherche : le C.R.O.D.A. fut alors décidée. On l’implanta à Colombes pour pouvoir bénéficier du voisinage du centre expérimental de la Ville de Paris, tout en n’étant qu’à quelques minutes des autres services de la Société.
Les installations initiales furent agrandies à plusieurs reprises et en septembre 1977 l’arrivée à Colombes des spécialistes du département technique de la CTE aboutit à la réalisation d’un important Complexe de Recherche.
Le regroupement de personnels très qualifiés, dans des spécialités aussi différentes que peuvent l’être par exemple l’électronique et la biologie, la mise en commun de matériels très élaborés, l’aspect complémentaire des technologies des deux sociétés permettent au Centre de Colombes d’aborder avec confiance l’ensemble des problèmes, de plus en plus complexes, posés par les usagers aux professionnels du traitement des eaux.
Une quarantaine de personnes dont 15 ingénieurs occupent plus de 1000 m² de locaux et disposent de moyens analytiques importants.
Un hall de 220 m² prolongé par une plate-forme facilite les expérimentations sur pilotes.
LES ANALYSES CHIMIQUES ET BIOLOGIQUES
Elles constituent la première étape indispensable à toute étude.
L’abaissement considérable des seuils de détection rendus nécessaires par l’apparition des pollutions de toute nature exige la mise en œuvre d’un matériel d’analyse de haute technicité.
Certains composés présents dans les eaux constituent en effet une nuisance à des concentrations de l’ordre du nanogramme par litre.
Une salle a été spécialement équipée pour recevoir des analyseurs permettant une détermination rapide et précise de paramètres tels que DTO, carbone organique, micropolluants organiques et minéraux.
Le laboratoire de biologie permet de pouvoir effectuer la numération des germes lors des traitements de désinfection et de rechercher les espèces biologiques les mieux adaptées à l’élimination de la pollution dissoute par les procédés biologiques.
LES MAQUETTES ET UNITÉS PILOTES
La recherche d’un procédé de traitement qui suit la détermination analytique fait appel à des techniques très variées : floculation-décantation, floculation-flottation, filtration sur sable ou sur charbons actifs, assimilation de la pollution par une culture biologique adaptée, etc.
PETITS PILOTES
Le traitement de rejets où entre une proportion de plus en plus grande d'eaux résiduaires industrielles fait que chaque étude devient un cas particulier nécessitant une investigation poussée et dont les résultats escomptés sont vérifiés par une expérimentation sur unités pilotes.
On peut simuler les variations de charges polluantes en qualité et débit, déterminer les rendements d’épuration, les consommations en oxygène et en réactifs chimiques, caractériser les boues formées et retenir une technique de déshydratation.
Lorsqu'il s'agit de traitements biologiques nécessitant l'adaptation de cultures spécifiques, les études peuvent durer plusieurs semaines.
La forme et le circuit des pilotes sont adaptés pour chaque étude. Des programmateurs et des systèmes d’enregistrement permettent un fonctionnement et une surveillance en continu.
Dans de nombreux cas on peut se contenter de travailler à une échelle très petite avec des maquettes d'une capacité de quelques litres seulement.
Elles ont l’avantage d’être facilement adaptables et de ne nécessiter que des quantités réduites d’échantillons pour leur alimentation.
Mais parfois il est préférable de travailler avec des débits de l’ordre du m³/h pour mieux juger de l'adaptation des matériels ou pour disposer de quantités importantes de boues.
Ces pilotes peuvent être utilisés soit dans le hall de Colombes, soit sur site : floculateur, décanteur lamellaire, flottateur, filtres, colonnes d’ozonation, cuve de boues activées, filtre-presse, etc.
Les essais sur pilotes relatifs au traitement des ordures ménagères et en particulier les essais de compostage avec ou sans mélange de boues d’égouts s’effectuent généralement dans des usines de traitement exploitées par l'ODA.
L’étude « in situ » des eaux destinées à l'alimentation humaine est très souvent indispensable.
Pour ce faire une unité mobile d’essai a été réalisée. Installé sur une remorque de 10 mètres, un ensemble de pilotes permet la simulation de la quasi-totalité des filières de traitement à un débit de l’ordre de 500 l/h.
Un laboratoire intégré permet le contrôle des résultats obtenus.
En dehors de ses missions sur site cette unité mobile permet des études particulières.
Elle est alors alimentée en eau brute à partir de la Seine, toute proche.
SERVICE D’ÉTUDES ET DE RECHERCHES
LE SERVICE RÉGULATION ET INFORMATIQUE
A une triple mission :
— Concevoir et réaliser des dispositifs de surveillance et de régulation pour les stations de 20 000 à 200 000 équivalents-habitants, systèmes informatisés au-delà.
— Surveiller en continu la marche des pilotes et des analyseurs et faciliter l'interprétation des résultats. À cet effet un ordinateur PDP 11/45 de 32 K de mémoire centrale, équipé d’un disque, d'une machine à écrire, d’un télétype et d’un écran de visualisation, est relié aux différents laboratoires et au hall des pilotes.
— Être le centre de calcul de l'ensemble des laboratoires. La configuration de l’ordinateur lui permet d’effectuer plusieurs tâches en simultanéité apparente ; par exemple reproduire sur un écran la courbe de respiration d'une culture de boues activées et effectuer des calculs de régression ou de dimensionnement d’un ouvrage.
QUELQUES EXEMPLES D’ÉTUDESET DE TRAVAUX DE RECHERCHE RÉCENTS
L’activité des différents services est partagée entre :
a) L’étude de cas d’application immédiate et la mise au point de leur réalisation,
Par exemple :
@ Mise au point et simulation d’une filière de traitement pour des rejets industriels ou des eaux brutes destinées à l’alimentation humaine.
@ Évaluation des performances d'un nouveau floculant.
@ Expertises sur le fonctionnement des stations d’épuration et de traitement.
@ Installation de systèmes de régulation adaptés à la configuration des ouvrages.
b) Recherche de nouveaux procédés.
Il s’agit de rechercher des procédés de traitement utilisables à échelle industrielle et dans des conditions aussi économiques que possible pour faire face aux besoins nouveaux rencontrés par la profession.
On doit en effet satisfaire à des normes plus sévères, à des critères nouveaux et utiliser une « matière première » dont la qualité se dégrade de jour en jour.
Une partie de ces travaux bénéficie d’une aide de l'administration (M.C.E., D.G.R.S.T., A.F.B.) et de la collaboration d'organismes universitaires ou para-universitaires avec lesquels sont entretenues des relations très suivies et avec qui le Centre est souvent associé dans des contrats de recherche.
Dans le domaine des eaux usées, les traitements biologiques occupent encore une place importante et font l’objet de perfectionnements, mais on assiste ces dernières années à un effort important pour la mise au point et l’implantation de traitements physico-chimiques soit seuls, soit en association avec un traitement biologique.
Inversement, le traitement des eaux potables, traditionnellement orienté vers le physico-chimique, s'adresse de plus en plus aux procédés biologiques.
Le regroupement sur le même site des spécialistes de ces deux disciplines permet une adaptation plus aisée des techniques et la mise au point de procédés nouveaux, profitables à ODA et CTE.
Cet effort sur des procédés est mené de front avec l’amélioration des matériels et des systèmes de régulation.
On peut citer parmi des exemples récents des travaux portant sur :
— l'élimination de l’azote par voie biologique pour répondre aux exigences des nouvelles normes de « proximité » (niveaux 5 et 6),
— la mise au point de nouvelles filières de traitement permettant une élimination simultanée de la DBO et de l’azote global, étude réalisée sur des unités pilotes installées à Fougères (35).
- Des installations de désinfection des eaux usées par ozonation ou chloration capables de rejeter moins de 200 E. coli/100 ml.
- La conception de stations compactes et capables d’absorber de fortes variations de charges grâce à l'utilisation de procédés du type décantation lamellaire, boues activées à l'oxygène pur, etc.
La filtration biologique qui met en œuvre à la fois des phénomènes physiques et biologiques semble appelée à un avenir brillant avec les variantes Biodamines et Biocarbone (procédés ODA brevetés).
Les stations de VAL-D'ISÈRE, vallée de LONDAINE et bientôt CASSIS, CAEN et CABOURG, illustrent la diversité de nos technologies.
Certaines d’entre elles sont aussi applicables aux eaux potables. Dans ce domaine, des travaux récents ont porté notamment sur l'amélioration de la capacité d’adsorption des charbons actifs, sur l’élimination de l'azote par des résines échangeuses d'ions ou par la voie biologique et également sur l'élimination du fluor des eaux à potabiliser (procédé FLUORESORB de CTE).
Tous ces efforts sur les procédés de traitement ont été menés de front avec l’amélioration des matériels et des systèmes de régulation.
Pour une meilleure adaptation des stations d’épuration aux fluctuations de la charge polluante, une nouvelle génération de capteurs susceptibles d’évaluer à l'avance l'effet d'un procédé physico-chimique ou biologique est en cours d’élaboration.
CONCLUSION
Ce rapide survol des possibilités offertes par la diversité de formation et d’expérience des chercheurs, la qualité des moyens techniques d'investigation et d’expérimentation, autorisent à conclure que le Centre de Recherche d’ODA-CTE apporte une importante contribution au développement de techniques en plein essor.
L’eau n’est-elle pas plus vitale pour l'homme que le pétrole ?
Conscients de cette lourde responsabilité, les dirigeants de ces deux sociétés ont tenu à les doter d’un outil qui leur permet de maîtriser les problèmes les plus complexes et d’accéder aux technologies de pointe.
H. Moreaud – J.-C. Dernaucourt.