La reconnaissance du COT en tant que paramètre acceptable de la qualité des eaux à la place de la DCO par les pays européens a ouvert un vaste champ d'application à ce type d'analyse. En tant que fabricant d'analyseurs de COT en ligne et de laboratoire, notre société est systématiquement confrontée aux mêmes questions de la part des utilisateurs potentiels. Cette constatation nous a amené à regrouper ces questions, et nous espérons ainsi, au travers des réponses, apporter notre contribution à la meilleure compréhension de cette technique analytique encore relativement jeune et peu documentée.
L'analyse du COT s'est développée au cours des dernières années avec des niveaux de satisfaction extrêmement variables selon les utilisateurs.
L'analyse du COT a été mise au point aux USA et a été normalisée pour la première fois en 1971. Durant ces 25 ans, cette technique a évolué constamment, en profitant des expériences, bonnes et mauvaises, rencontrées sur le terrain. Aujourd'hui, elle a atteint un niveau de maturité qui permet réellement d'effectuer une analyse en ligne avec, comme pour tout analyseur chimique, un minimum de maintenance.
La reconnaissance du COT en tant que paramètre acceptable de la qualité des eaux à la place de la DCO dans divers pays européens a ouvert encore plus ses champs d'application. Le nombre d'utilisateurs potentiels peut être estimé à terme au moins égal au nombre de stations de traitement d'eaux résiduaires industrielles et urbaines, pour ne parler que du domaine des eaux usées. Cette tendance est ressentie par les futurs utilisateurs concernés, qui montrent un intérêt certain pour ce paramètre relativement jeune et encore peu documenté.
Nous avons regroupé, sans attacher d'importance à l'ordre dans lequel elles apparaissent, les questions qui nous sont posées en tant que fabricant d'analyseurs de COT en ligne et de laboratoire.
Certaines pourront paraître simplistes à l'instrumentiste expérimenté, tout en constituant un document de départ pour le néophyte confronté pour la première fois à la mesure en ligne de ce paramètre.
Qu'est-ce que le Carbone Organique Total - COT ?
Il s'agit de l'expression de la concentration en carbone contenu dans des molécules d'origine organique présentes dans un échantillon. Le carbone peut être présent sous forme organique quand il est lié, entre autres, à des atomes d'hydrogène pour constituer des produits chimiques organiques (la chimie organique a été également appelée chimie du carbone) ou être présent sous forme minérale (inorganique), par exemple sous la forme de carbonates.
Qu'est-ce que le Carbone Inorganique Total - CIT ?
Il s'agit de l'expression de la concentration du carbone contenu dans des molécules d'origine minérale présentes dans un échantillon. Le plus souvent, il s'agit de carbonates ou bicarbonates, dont l'analyse ne présente pas d'intérêt majeur pour le contrôle de la qualité de traitement d'un effluent.
Dans certaines industries, il peut également se présenter sous la forme de cyanures, cyanates ou isocyanates ; heureusement, dans des teneurs très faibles et il est très rarement mesuré.
Le carbone inorganique, s'il doit être mesuré, le sera par la mesure de la concentration de gaz carbonique produite après acidification en dessous de pH 2 pour les formes carbonatées. L'analyse des autres formes est plus complexe, et le résultat ne peut être obtenu que par la différence entre CT, CIT (carbonaté) et COT.
Qu'est-ce que le Carbone Total - CT ?
Il s'agit de l'expression de la concentration en carbone, quelle que soit la nature de la molécule qui le contient. Dans cette analyse, l'échantillon est acidifié puis oxydé, sans passer par l'étape de dégazage qui élimine le CIT dans l'analyse classique du COT.
Qu'est-ce que le Carbone Organique Volatil - COV ?
Il s'agit de l'expression de la concentration en carbone organique présent
Sous forme de composés à forte tension de vapeur à la température ambiante. Ces composés volatils sont généralement extraits lors de l’étape d’élimination du carbone inorganique et, de ce fait, ne sont pas mesurés.
L’absence de paramètres clairs définissant une température de balayage ne permet pas actuellement aux constructeurs de couvrir cette analyse autrement qu’en effectuant une succession d’analyses permettant par différence d’obtenir cette valeur : la mesure de carbone total diminuée de la valeur des inorganiques donne la valeur de l’ensemble du carbone organique incluant les volatils.
Une autre mesure de carbone organique total classique élimine la part provenant des volatils, la différence entre les deux valeurs précédentes également improprement appelée COT correspond aux composés carbonés volatils. (Ils sont maintenant mesurés comme une cause de pollution de l’air au même titre que les oxydes d’azote ou de soufre).
Qu’est-ce que le Carbone Organique Non Volatil – CONV ?
Il s’agit du carbone organique restant après avoir éliminé les composés organiques volatils. En fait, les analyses de COT classiques assimilent le COT au CONV car les volatils sont extraits dans la plupart des analyseurs et, donc, perdus lors de l’étape d’élimination des inorganiques.
Qu’est-ce que le Carbone Organique Dissous : COD ?
Il s’agit du carbone organique résiduel après une filtration à 0,45 μm de l’échantillon, à ne pas confondre avec la DCO, qui signifie demande chimique en oxygène. L’exemple le plus fréquent dans les eaux naturelles de COD est l’acide humique. Pour des effluents industriels, il peut être constitué par toutes sortes de produits organiques solubles (alcools, cétones, acides, etc.).
Qu’est-ce que la Demande Chimique en Oxygène – DCO ?
Il s’agit de l’expression de la quantité d’oxygène qui sera nécessaire à l’oxydation des composés présents dans un effluent. Ce paramètre ne prend pas seulement en compte les matières carbonées, mais également tout composé chimiquement oxydable.
L’oxydation lors de l’analyse s’effectue à chaud au moyen de bichromate en milieu sulfurique avec l’aide de sels de mercure comme catalyseur.
Qu’est-ce que la Demande Biologique en Oxygène – DBO ?
Il s’agit de l’expression de la quantité d’oxygène qui sera consommée par les micro-organismes lors de l’opération de minéralisation des matières organiques. Cette valeur renseigne sur la charge organique à traiter exprimée en besoin en oxygène.
Les valeurs prises en compte sont généralement celles extrapolées à partir d’une mesure rapide pour correspondre à celles qui seraient obtenues après une période de cinq jours et qui s’exprime par le terme DBO₅.
Doit-on filtrer un échantillon avant l’analyse ?
Comme tout analyseur en ligne, un analyseur de COT fonctionnera d’autant mieux qu’il aura affaire à un échantillon clair et limpide.
En analyse de COT, la charge carbonée peut être autant présente sous forme de matières en suspension de différente granulométrie qu’en solution. Une filtration trop fine va amener inévitablement à des mesures par défaut en éliminant la charge carbonée des grosses particules retenues sur le filtre. L’utilisation de l’ultrafiltration qui s’est généralisée pour d’autres types d’analyse sur les effluents élimine une grande partie du COT.
Le texte de travail de la Commission européenne chargée d’élaborer la future norme de mesure du COT ne fait pas spécialement mention d’un seuil de filtration minimum, il y est seulement fait mention d’un test d’efficacité d’oxydation de particules à effectuer sur l’analyseur au moyen de suspension calibrée à 100 μm, de là à en déduire que cela représente le seuil de filtration...
La technologie des différents analyseurs disponibles sur le marché impose en fait le seuil de filtration que les constructeurs indiquent généralement dans leurs documents.
Les analyseurs haute température, du fait de la vaporisation et de l’expansion qui s’ensuivent, ne peuvent utiliser que de très faibles volumes d’échantillons (quelques dizaines de microlitres), et il est alors évident qu’une filtration extrêmement fine s’impose, d’une part pour protéger les orifices de très faible dimension et, d’autre part, pour éviter des écarts importants de reproductibilité venant de l’hétérogénéité des échantillons.
Les analyseurs utilisant l’oxydation par voie chimique ou photochimique, plus généralement connus sous l’appellation oxydation persulfate ou oxydation UV-persulfate, sont beaucoup plus tolérants vis-à-vis des particules en suspension. Ils utilisent des volumes de plusieurs dizaines de cm³ par minute et présentent des orifices de dimensions relativement importantes qui ne risquent pas de colmatage par des particules de quelques centaines de microns.
Ce n’est que dans le cas de mesure de COT sur des eaux de pureté raisonnable que la filtration peut être évitée, soit pour les eaux ultra-pures, pures, potables ou encore de forages, présentant une très faible turbidité associée à une taille faible des éventuelles particules présentes.
Il est très facile de démontrer que la valeur du COT d'un effluent est en relation directe avec le seuil de filtration utilisé en amont de l’analyseur : plus le seuil est faible moins il y aura de COT !
Quelle précision attendre d’un analyseur de COT ?
La mesure de COT repose sur l’oxydation des matières organiques avec des phénomènes d’oxydation pouvant être très complexes et seulement partiels.
Les matrices d’échantillons peuvent être également variables sur un même effluent ou d’un effluent à un autre et induire des rendements d’oxydation totalement différents.
Les différences de principes d’oxydation, de conception et de réalisation font que, pour des analyseurs présentant éventuellement des performances similaires en solutions étalons, des écarts importants seront constatés en échantillons réels.
La précision d’un analyseur de COT, comme pour tout autre analyseur, ne peut être vérifiée que sur des solutions parfaitement connues. Il est illusoire de parler de précision d’analyse en conditions réelles de fonctionnement sur un effluent industriel.
Le critère de précision ne devrait pas être le critère décisif dans le choix d’un analyseur de COT industriel où il lui sera demandé surtout d’être capable d‘identifier rapidement un changement de tendances dans les effluents plutôt que d’effectuer une analyse précise. Le temps de réponse est certainement, dans la majorité des applications, le paramètre important à considérer.
Quelles solutions d’étalonnage utiliser ?
L’étalon reconnu et utilisé généralement est l’hydrogénophtalate de potassium, produit chimique défini, stable et facile à mettre en solution.
Une solution acidifiée à 10 ppm est stable sur une période d’un mois et permet d’effectuer éventuellement des étalonnages automatiques ou des vérifications de la qualité de mesures.
Selon la nature des effluents, il sera peut-être intéressant de chercher à étalonner l’analyseur avec le produit susceptible de contribuer au COT, à partir du moment où l’on est sûr de la stabilité dans le temps d‘une telle solution. L’étalonnage avec des gaz étalon ne vérifie que la réponse du détecteur et ne permet pas de s’assurer du rendement d’oxydation de l’analyseur. Cette opération est à effectuer de façon annuelle, afin de vérifier et corriger toute déviation de l’élément détecteur.
Le tableau I indique, pour divers composés, la quantité nécessaire pour préparer un litre d’une solution ayant une valeur en COT de 1000 ppm C et 100 ppm en CIT ; si d’autres valeurs doivent être préparées, il suffit de multiplier ou diviser ces poids ou volumes.
Tableau I
Composé carboné | 1000 ppm COT | 100 ppm CIT |
---|---|---|
Éthylène glycol | 2,33 ml | — |
Méthanol | 3,37 ml | — |
Éthanol | 2,42 ml | — |
Acétone | 2,04 ml | — |
Tétrachlorure de carbone | 8,07 ml | — |
Urée | 5,00 g | — |
Acide acétique | 2,50 g | — |
Oxalate de sodium | 5,55 g | — |
Hydrogénophtalate de potassium | 2,12 g | — |
Carbonate de sodium | 0,884 g | — |
Carbonate de potassium | 1,150 g | — |
Carbonate d’ammonium | 0,950 g | — |
1000 ppm COT = 100 ppm CIT
Quelle est la relation entre COT et DCO ?
La DCO mesure la quantité d’oxygène nécessaire pour oxyder tout ce qui est oxydable dans l’effluent (carbone, hydrogène...), tandis que le COT mesure seulement la quantité de carbone d'origine organique.
Dans un effluent réel, les demandeurs potentiels d’oxygène ne vont pas être uniquement constitués d’hydrates de carbone, qui s’oxydent totalement sous forme d’eau et de gaz carbonique. Ils vont être constitués de composés organiques contenant d’autres atomes oxydables également consommateurs d’oxygène (azote, chlore...) ou encore des composés purement minéraux présentant des fonctions réductrices qui consomment de l’oxygène mais ne contiennent pas de carbone (sels métalliques). Dans de telles conditions, la relation entre COT et DCO dépend entièrement de la nature et des rapports de concentration des divers composés présents dans l’effluent.
À titre d’exemple, un hydrocarbure de type benzène (C₆H₆ = 78 g) va présenter pour une concentration de 78 mg/l un COT de 72 mg (72 mg de carbone pour 78 mg de benzène). Cette même solution va avoir une DCO venant de l’oxydation du carbone de 192 mg (six atomes de carbone demandent 12 atomes d’oxygène, soit 16 × 12 = 192 mg d’O₂) additionnée de celle venant de l’oxydation des atomes d’hydrogène pour une valeur de 48 mg (six atomes d’hydrogène demandent trois atomes d’oxygène, soit 16 × 3 = 48 mg d’O₂). La DCO d'une telle solution est donc de 192 + 48 = 240 mg/l. Le rapport dans cet exemple est donc de 3,33.
Il apparaît comme évident que, sans même considérer l’effet de matières minérales réductrices, il existe une multitude de coefficients de corrélation, en fait presque autant que de produits chimiques. Si un facteur doit être déterminé, il ne peut l’être qu’avec l’acceptation d'une certaine incertitude et après un grand nombre de valeurs comparatives.
Des études ont montré qu’un facteur de corrélation pouvait être établi de façon expérimentale pour une industrie donnée et que, dans la majorité des cas, il était compris entre 3 et 3,5. Il convient de noter que ce facteur correspond aux conditions moyennes habituelles de l’effluent et risque de ne plus être valable dans le cas de situations anormales de pollution d’effluents où le rapport entre les divers
produits en présence peut être très différent de celui ayant permis d’établir la corrélation.
L’analyse de la DCO est plus complexe à mettre en œuvre, les analyseurs de COT d’aujourd’hui sont devenus raisonnablement automatiques et surtout rapides. Un analyseur de COT est capable de signaler en quelques minutes un changement de tendance de l’effluent sur lequel un prélèvement peut alors être effectué pour analyse plus détaillée en laboratoire.
Cela explique que la DCO fait encore référence dans le domaine des effluents d’origine industrielle tandis que le COT tend à prendre le pas sur la DCO dans le domaine des eaux résiduaires urbaines où les matières carbonées sont dominantes.
Quel gaz vecteur doit-on utiliser ?
Il convient de séparer les deux principales techniques utilisées en analyse d’effluents industriels, à savoir l’oxydation photochimique UV-persulfate et l’oxydation catalytique à haute température.
Les analyseurs UV-persulfate utilisent une solution quasi saturée de persulfate de sodium ou potassium. La réserve oxydante ainsi disponible par le réactif permet, selon les constructeurs, d’utiliser de l’air et même éventuellement de l’azote.
Les analyseurs à oxydation catalytique nécessitent quant à eux, dans la majorité des cas, l’utilisation d’oxygène pur pour un fonctionnement optimal de la catalyse. Le besoin en oxygène d’un analyseur est à rattacher à sa conception, c’est-à-dire au rendement d’oxydation qu’il présente, ainsi qu’à la concentration en matières organiques à oxyder.
Un analyseur de COT mesure en fait, par divers principes, la concentration du gaz carbonique produit par oxydation des matières organiques.
Le gaz vecteur doit impérativement ne pas contenir de matières organiques (vapeurs d’huiles) et doit aussi avoir une teneur en gaz carbonique très faible et constante en regard de la quantité de gaz qui va être produite et qui sera à mesurer.
Il est parfaitement concevable, pour certains analyseurs et pour certaines échelles de mesure, d’utiliser de l’air instrument (air propre, déshuilé et sec) comme gaz vecteur.
Quels réactifs utiliser ?
Cette question est surtout relative aux analyseurs UV-persulfate, mais est aussi valable pour les analyseurs haute température. De l’acide est utilisé pour éliminer les inorganiques quel que soit le type d’analyseur.
Cet acide a deux fonctions : la première est d’éliminer les carbonates de l’échantillon, la seconde est d’acidifier le milieu réactionnel en dessous de pH 2 pour avoir la totalité du gaz carbonique qui sera produit sous forme gazeuse.
En théorie, n’importe quel acide peut être utilisé, mais en pratique c’est l’acide phosphorique qui est généralement utilisé. L’acide chlorhydrique est à éviter car il tend à augmenter la présence de chlorures qui sont fortement corrosifs et absorbent les rayonnements UV. L’acide sulfurique peut convenir, sauf dans le cas d’effluents à forte dureté où des précipités difficilement solubles risquent de se former.
La concentration de la solution d’acide doit être suffisante pour obtenir un pH réactionnel inférieur à 2 dans toutes les conditions de l’effluent. C’est cette condition expérimentale, associée au débit d’addition dans l’échantillon, qui va déterminer la concentration de la solution à préparer.
Le persulfate va de son côté apporter les oxydants nécessaires à l’oxydation et doit être en large excès pour obtenir une efficacité maximum. En général, les solutions sont proches de la saturation et, selon les constructeurs, on utilisera du persulfate de sodium ou de potassium ; ce dernier étant moins soluble, il contiendra une plus faible réserve oxydante.
Dans les analyses sur des eaux potables, des eaux de rivières ou des condensats avec des valeurs faibles de COT, la teneur en oxygène de l’eau associée à de l’air en tant que gaz vecteur sera généralement suffisante pour obtenir un fonctionnement parfait sans besoin de persulfate.
Quels sont les mécanismes réactionnels mis en jeu ?
Quel que soit le principe de l’analyseur, haute température ou photochimique, l’agent oxydant important est le radical OH*. Il se forme à partir des molécules d’eau par réaction avec les électrons excédentaires du catalyseur à haute température ou, pour les analyseurs UV-persulfate, par les réactions avec l’ozone et le peroxyde d’hydrogène.
Les ions persulfate sont décomposés sous l’action de la chaleur en produisant du peroxyde d’hydrogène (eau oxygénée), qui se décompose lui-même en eau et oxygène naissant. Les rayonnements ultraviolets à la longueur d’onde de 185 nm ont la propriété de créer de l’ozone à partir de l’oxygène. Cet ozone va finalement réagir avec l’eau à une autre longueur d’onde, de 254 nm, pour produire des radicaux hydroxyles OH* extrêmement réactifs.
Dans les eaux usées, les concentrations en carbonates peuvent être très largement supérieures à celles des matières organiques, du fait que les radicaux OH* ont tendance à réagir préférentiellement avec les carbonates ; il est impératif d’acidifier le milieu réactionnel pour les éliminer et maintenir un rendement d’oxydation optimal.
Avec quoi nettoyer un analyseur de COT ?
Les échantillons à analyser contiennent des matières organiques, elles constituent des éléments nutritifs de choix pour les micro-organismes qui vont se développer dans le circuit hydraulique de l’analyseur.
Les réactions mises en jeu produisent également un certain nombre de précipités difficilement solubles, qui vont favoriser l’accrochage des matières organiques sur les parois des divers éléments de l’analyseur en contact avec le liquide.
La qualité de la mesure et la durée de fonctionnement en ligne sont directement en relation avec la propreté du circuit hydraulique de l’analyseur. Les dépôts doivent être régulièrement éliminés. Ils apportent un effet de mémoire à l’analyseur en cas de changement de concentration ainsi que des risques de mesures instables ou de bouchage lorsqu’ils sont entraînés dans le flux à analyser.
La fréquence du nettoyage dépend bien évidemment de la nature de l’effluent. Elle ne sera pas la même sur une eau de forage que sur un effluent de raffinerie. Elle peut être déterminée par l’aspect visuel des tuyaux de l’analyseur ainsi que par l’observation du rendement de l’oxydation (concentration en gaz carbonique produit) lors du passage d’une solution étalon. Sur des effluents industriels, si l’analyseur est équipé d’une séquence de nettoyage automatique, il est recommandé de la programmer chaque jour afin de n’avoir qu’une faible quantité d’encrassement, encore peu fixée, à éliminer.
La nature des solutions de nettoyage dépend de la nature des produits à
enlever, mais par expérience, une solution d’eau de javel à 10° chlorométrique (eau de javel du commerce diluée quatre fois) additionnée d’EDTA à 150 g/l va présenter les effets détergents, bactéricides et complexants suffisants pour obtenir un bon nettoyage avec environ 15 minutes de passage quotidien de cette solution à la place de l’échantillon.
Il est impératif de procéder à un nettoyage du circuit hydraulique de l’analyseur avant chaque étalonnage.
Pourquoi le laboratoire ne trouve pas les mêmes valeurs ?
Les performances d’oxydation des analyseurs sur un même échantillon peuvent être très différentes selon leur principe, leur conception et leur réalisation, et cela malgré de bons résultats en solution étalon.
Il est difficile de dire si l’analyseur du laboratoire est meilleur en conditions réelles avec de vrais échantillons. La création de solutions synthétiques contenant les produits supposés présents dans l’effluent est le seul moyen qui va permettre, par des analyses simultanées sur des produits identiques, de connaître les différences éventuelles de mesure à attendre entre les deux analyseurs.
Lors du prélèvement, il convient de s’assurer que la solution est acidifiée immédiatement et qu’ensuite cet échantillon est analysé rapidement ou gardé au froid.
L’échantillon doit être prélevé juste au niveau de l’entrée de l’analyseur (entre le filtre et l’entrée de l’analyseur) et ne pas subir d’autres traitements avant analyse (filtration, homogénéisation par ultrasons) afin d’être, autant que possible, comparable à celui qui circule dans l’analyseur en ligne.
Comment s’assurer du bon état de fonctionnement d’un analyseur de COT ?
Cette question regroupe le besoin de savoir que le résultat obtenu est de bonne qualité mais aussi de connaître l’état de vieillissement progressif de l’analyseur.
Pour s’assurer du fonctionnement correct de l’analyseur, il est possible de procéder à un étalonnage automatique périodique. L’analyseur indiquera que tout va bien ou que des valeurs limites de correction d’écarts ont été atteintes et qu’il faut prévoir une intervention manuelle.
Pour connaître la perte progressive d’efficacité de l’analyseur (transfert d’énergie des sources UV ou état du catalyseur), il faut avoir accès au paramètre de la concentration en gaz. Ces données historiques seront notées à la mise en service puis à chaque changement de lampe ou de catalyseur. L’évolution du rapport entre la concentration de gaz carbonique produit par l’oxydation et la concentration en COT de la solution étalon est l’image de l’évolution du rendement d’oxydation de l’analyseur et renseigne sur les futures opérations de maintenance à prévoir.
Quelle est la teneur maximum en chlorures acceptable dans l’échantillon ?
Les ions chlorures sont largement répandus et existent pratiquement dans tous les types d’effluents. De fortes concentrations sont attendues dans les effluents de certaines industries chimiques qui utilisent ou produisent de l’acide chlorhydrique ou des saumures (unités de fabrication de PVC ou procédés de chloration, industries alimentaires et salaisons) ou encore qui utilisent de l’eau de mer ou des eaux saumâtres comme fluides de refroidissement.
Les chlorures sont oxydés par le persulfate sous forme de chlore qui absorbe fortement les rayonnements ultraviolets générateurs d’agents oxydants à partir du persulfate.
Au-delà de 3 g/l, le rendement de tout analyseur UV-persulfate est altéré. Il faut avoir recours à la dilution pour diminuer la teneur en chlorure dans l’analyseur.
Les analyseurs haute température sont beaucoup plus tolérants vis-à-vis des chlorures. Cependant, les solutions acides et contenant des chlorures sont très corrosives et vont demander des opérations de maintenance supplémentaires. Les sels qui se déposent lors de l’évaporation vont également provoquer une inhibition mécanique du catalyseur et nécessiter son remplacement plus fréquemment. Pour ces diverses raisons, même en haute température, une dilution est recommandée pour un fonctionnement en ligne optimal pendant une longue période.
Un analyseur haute température est-il plus efficace qu’un analyseur UV-persulfate ?
La réponse à cette question pourrait être : oui, à très haute température, c’est-à-dire avec une réelle combustion totale. En fait, les analyseurs de COT appelés haute température sont des appareils qui utilisent la combustion catalytique à des températures, certes élevées, s’échelonnant entre 680° et 950° C, mais qui n’atteignent pas les rendements d’une combustion totale nécessitant des températures dépassant les 1500° C pour certaines molécules particulièrement difficiles à oxyder. Cela explique pourquoi, pour de nombreux composés organiques, le rendement d’oxydation obtenu avec les deux principes est identique et que le choix entre les deux techniques sera établi selon d’autres critères.
Selon l’utilisation que l’on souhaite faire du résultat d’analyse, le choix pourra s’orienter vers l’une ou l’autre technique.
S’il s’agit de détecter des variations de COT d’un effluent pour déclencher une alarme, un analyseur UV-persulfate sera certainement le mieux adapté car, même si le rendement d’oxydation peut ne pas être total pour toutes les molécules organiques, l’analyseur sera quand même parfaitement capable de détecter de façon fiable les changements de tendance.
Si l’analyseur doit donner un résultat analytique formel, un analyseur haute température pourrait être mieux adapté, car les laboratoires officiels utilisent généralement des appareils de laboratoire haute température pour effectuer les analyses comparatives.
À ce jour, il n’y a pas de texte normatif qui impose une méthode particulière d’oxydation. Les deux méthodes d’oxydation, entre autres, sont donc utilisables, et le choix va reposer sur l’expérience ou des essais, sur la qualité et la disponibilité du personnel de maintenance local et celle du fournisseur ainsi que sur le niveau des budgets d’investissements et de fonctionnement.
En conclusion, bien que la mesure du COT en continu ne soit pas encore normalisée en France, elle constitue cependant un outil efficace et plus aisément maniable que la DCO, avec l’avantage de ne pas rejeter de produits fortement toxiques (chrome et mercure). Pour le contrôle des eaux chargées, la mesure du COT ne représente qu’une partie du carbone, à laquelle il convient d’ajouter la partie venant des MES, généralement mesurée par dessiccation-calcination. Pour un effluent présentant une charge carbonée relativement constante en fonctionnement normal du procédé en amont, des corrélations peuvent être établies expérimentalement avec d’une part la totalité des matières organiques présentes, ainsi qu’avec la DCO, d’autre part.