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Entreprises

SAVE : vers une nouvelle filière d'épuration

09 juin 2021 Paru dans le N°443 ( mots)

Industriels et laboratoires académiques s'allient pour mettre au point une toute nouvelle filière de traitement des eaux usées, répondant à la fois à des problématiques de micropolluants et d'efficacité énergétique.

Le projet SAVE (Station Avancée pour la Valorisation des Effluents) entre dans sa phase opérationnelle. Budgétisé à hauteur de 3 millions d'euros par la Région Occitanie, les agences de l’Eau Rhône Méditerranée Corse et Adour-Garonne ainsi que par l’ADEME, ce projet de trois ans vise à mettre au point et tester sur site en réel une nouvelle filière d'épuration des eaux usées et de traitement des boues. Cette filière vise un double objectif : d'une part éliminer les micropolluants, les souches bactériennes antibiorésistantes, et de manière générale l'écotoxicité des effluents rejetés, et d'autre part maximiser la production de biogaz tout en diminuant celle des boues finales. Les partenaires regroupent quatre laboratoires publics[1] et deux industriels : Nereus, qui coordonne le projet, et Sapoval. Chacun apporte sa contribution, que ce soit sous forme de brique technologique, de compétence en matière d'analyse et traitement des micropolluants ou de capacité de développement industriel.

Une filière originale

Le traitement envisagé comprend en premier lieu une filtration des eaux usées sur membrane – après dégrillage tout de même. « L'idée est de fournir des boues primaires en plus grande quantité, plus chargées en carbone, donc plus méthanisable » explique Guillaume Nourrit, de Nereus. La filtration directe des effluents entraîne toutefois un risque de colmatage. Nereus apporte donc sa technologie de "filtration dynamique", en céramique, aptes à supporter des eaux très chargées. Reste ensuite à éliminer les micropolluants encore présents dans le filtrat. C'est la tâche d'une combinaison de traitements : biologique, oxydation avancée et filtration membranaire pour arriver à des eaux finales sans polluant ni sous-produit de dégradation biologique, et donc exemptes de risque écotoxicologique ou d’antibiorésistance.

Les boues issues de la filtration primaire et du traitement biologique du filtrat sont quant à elles dirigées vers une "digestion anaérobie hybride". « C'est une digestion couplant des conditions mésophiles et thermophiles. Cela dégrade plus de matière organique, donc produit plus de méthane, que la digestion classique, tout en favorisant l’élimination des micropolluants présents dans les boues » affirme Erwan Trotoux, de Sapoval.

De manière générale, les laboratoires partenaires apportent des compétences sur les différents procédés de traitement (modélisation, analyses systémiques et impacts des files eau et boues) et sur la caractérisation des polluants (méthode d’extraction unique quelle que soit la matrice et analyse des micropolluants des effluents liquides aussi bien que des boues, matrice notoirement difficile à analyser). Le Laboratoire écologie fonctionnelle et environnement apporte pour sa part une méthode d'analyse fine de l'écotoxicité des rejets, basée sur l'utilisation d'écosystèmes conteneurisés.

Un démarrage imminent

Nereus et Sapoval commercialiseront la filière en visant, d'une part, les STEP rejetant leurs effluents en milieu sensible et, d'autre part, les centres hospitaliers, dont les effluents contiennent un mélange d'antibiotiques, de biocides et de produits de contraste pouvant favoriser l'émergence de bactéries antibiorésistantes.

Le Sicoval[2], la CCVH[3] et l'Oncopole de Toulouse fourniront des effluents pour la phase d'essais en laboratoire, qui commence dès maintenant pour deux ans. Puis une démonstration sur site réel sera effectuée sur une STEP de la CCVH et au pied de l'Oncopole.

 Patrick Philipon

 

 



[1] Laboratoire de génie chimique (LGC, Université de Toulouse, UMR 5503 CNRS INP UPS), Toulouse Biotechnology Institute (TBI, Insa, Inrae, CNRS), Institut Européen des Membranes (IEM, Université de Montpellier, CNRS) et Laboratoire écologie fonctionnelle et environnement (UMR CNRS 5245, Université de Toulouse, Institut National Polytechnique de Toulouse, Ecole Nationale Supérieure Agronomique de Toulouse)

[2] Syndicat Intercommunal pour l'aménagement et le développement des coteaux et de la vallée de l’Hers, regroupant 36 communes du sud-est toulousain

 [3] Communauté de communes de la vallée de l'Hérault

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