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Edito

REUT et îlots de chaleur : la liste des collectivités intéressées s’allonge

03 novembre 2023 Paru dans le N°465 ( mots)
© Parc de Mélizan ©ville de Marseille

Alors que l’été indien a joué les prolongations et que les collectivités doivent face à une baisse chronique de leurs ressources d’eau, l’Observatoire des villes vertes a interrogé en septembre 35 collectivités sur la question de leur gestion de l’eau : comment se sont-elles organisées durant la période estivale pour préserver leurs végétaux ? Qu’ont-elles mis en place, quelles pistes envisagent-elles pour demain ?

La 14ème enquête de l’Observatoire des villes vertes a révélé que 7 villes interrogées sur 10 ont été concernées par une ou des mesures de restriction de l’arrosage depuis le début de l’année 2023. 43 % des villes ont souffert des mesures de restriction d’arrosage, 50 % estiment d’ailleurs que l’impact de la sécheresse sur leurs végétaux a été plus fort que les années précédentes.  À l’inverse, seul 25 % des villes estiment que leur patrimoine végétal n’a pas souffert des restrictions d’arrosage, principalement en Ile-de-France, en Hauts-de-France.

Pour préserver leur capital végétal, les villes ont toutes mené au moins une action pour faire en sorte que la végétation supporte mieux un arrosage plus faible pendant les périodes de chaleur. Parmi les solutions les plus répandues, elles citent le paillage (100% des répondants y ont eu recours cet été), la plantation d’espèces de végétaux adaptées à la sécheresse et aux fortes chaleurs (89 % des villes répondantes, comme Paris, Metz, Erquinghem Lys ou encore Perpignan), ou encore l’optimisation des procédures ou systèmes d’arrosage (84 %). Ainsi, la ville de Nancy applique le paillage des massifs toute l’année, avec des vivaces et arbustes qui sont essentiels pour rafraîchir les villes. Lorsque le paillage est associé à un arrosage au goutte à goutte, les conditions sont optimales pour conserver un sol humide et frais avec un minimum d’apport hydrique.

Autres pistes reconnues très efficaces pour optimiser l’utilisation de l’eau : la gestion des eaux pluviales à la parcelle, et les solutions de récupération d’eaux de pluie. Déjà mises en place avant cette année par de nombreuses collectivités, ces deux solutions ont été les plus développées en 2023, avec respectivement 9 et 8 villes qui les ont installées comme Reims, Coursan ou Le Havre.

Plus créatives dans les solutions mises en œuvre, Limoges réutilise l’eau des aquariums et des piscines pour arroser les végétaux. Angers celle de ses fontaines, piscines et stations d’épuration. Metz, à l’occasion de « Metz Plage », a permis à la ville de récupérer de l’eau de la piscine pour l’arrosage des végétaux et massifs agrémentant le site. Parmi les autres techniques, Argenteuil et Vitry-sur-Seine misent sur des pratiques plus anciennes comme l’utilisation d’Oya, pot en argile cuite poreuse utilisé comme système d'arrosage.

Sans surprise, mais non moins consternant, l’initiative la moins développée concerne la réutilisation des eaux usées traitées mise en place par seulement la moitié des villes (51%) bien qu’elle soit considérée comme prioritaire par 83 % des responsables espaces verts pour aider les villes à faire leur transition. « C’est primordial : si les sécheresses actuelles imposent des arbitrages aux collectivités, stopper l’arrosage de leurs espaces verts marquerait un coup d’arrêt brutal à des années d’investissements et de politiques locales de renaturation de l’espace urbain, commente Laurent Bizot, co-président de l’Observatoire et président de l’Union Nationale des Entreprises du Paysage (Unep). C’est un non-sens, quand on connait l’importance du vert en ville pour atténuer les effets du dérèglement climatique et conserver des conditions de vie supportables en milieu urbain ».  

Car en effet, si préserver le patrimoine végétal des villes est un impératif, au-delà, il s’agit surtout de contribuer à apporter du bien-être, du lien social et à faire prendre conscience de l’importance d’avoir un contact avec la nature dans un monde submergé par les tensions inhérentes au réchauffement climatique.

Ainsi si l’étude rapporte que les collectivités ont bien conscience que l’anticipation sera déterminante pour continuer à faire baisser la température en ville, les leviers devant être actionnés sont la réutilisation eaux non conventionnelles (83 %), mais aussi la cartographie des îlots de chaleur (66%) et le renforcement des îlots de fraicheur existants (57 %).

Pascale Meeschaert