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Quelle station d'épuration pour demain ?

31 mars 2010 Paru dans le N°330 ( mots)

Le 3ème Colloque sur l'Assainissement se tiendra à Périgueux le 10 juin 2010. Organisé par Res-Naturalis avec le soutien du Conseil général de la Dordogne et de l'Agence de l'Eau Adour Garonne, ce colloque s'adresse aux techniciens, ingénieurs, industriels, universitaires et exploitants de stations d'épuration. Y seront exposées des solutions techniques opérationnelles destinées à optimiser l'exploitation des stations d'épuration et à faire face aux mutations énergétiques et climatiques des années à venir. Rencontre avec Pascal Deguilhem, député de la Dordogne, qui présidera ce colloque.

Vincent Johanet : Vous présidez cette année encore le Colloque de Périgueux sur l'Assainissement. Quels enseignements tirez-vous de ce rendez-vous désormais bien établi ? Pascal Deguilhem : Avec maintenant trois ans de recul, on comprend mieux l'utilité de ce colloque. J?ai le sentiment qu'il a pour particularité de rassembler des gens qui nous connaissent et qui reviennent, séduits par les acquis des éditions précédentes. C?est un effet qui s'apparente à un « festival », le cycle attendu et bien vécu d'un événement. Et puis un autre effet me semble remarquable, c'est celui de l'émulation, de l'incitation à communiquer par tous les acteurs qui ont des choses à dire. Les informations passent, circulent, se répandent avec au départ un statut d'originalité avant de passer au rang d'acquis connus et reconnus : c'est précisément cela la pédagogie. Au total, un rôle positif incontestable. Vincent Johanet : Cette année, vous avez choisi le thème de l'énergétique et du développement durable en stations d'épuration. Quoi de neuf dans ce domaine ? Pascal Deguilhem : La science thermodynamique a peut-être 150 ans derrière elle. En théorie, tout a peut-être déjà été conçu, mais c'était du Jules Verne. La mise en pratique, c'est tout autre chose. La nécessité d'abandonner les énergies fossiles oblige à repenser la question énergétique, et depuis quelques années, on voit des technologies alternatives élargir leur champ d'action. Bref, on n?est plus dans Jules Verne. La photovoltaïque qui n?en est qu'au début de ses développements, les pompes à chaleur, l'énergie éolienne encore si mal et si peu utilisée, les différentes formes d'énergie hydraulique de la pompe à bélier à la minicentrale, les différentes formes de valorisation du biogaz... Que de belles réalisations en perspective pour ces vingt années à venir ! J?ai le sentiment qu'on tend vers plus d'autonomie énergétique au moins au niveau des stations d'épuration. L?énergétique, c'est l'adaptation obligatoire de l'humanité aux problèmes posés par l'épuisement des énergies fossiles après la monstrueuse dilapidation de ces carburants, aujourd'hui ressentie comme un pillage du patrimoine géologique. Le développement durable, c'est là aussi une approche irréversible vers des technologies qui préservent l'avenir. L?assainissement est au c'ur du problème, avec ses déchets biodégradables que nous savons bien traiter aujourd'hui, mais aussi avec ceux que nous ne savons pas encore traiter, par exemple virus, perturbateurs endocriniens, précurseurs de composés toxiques qui déséquilibrent imperceptiblement la biosphère. Cette exigence de développement durable demande une vigilance permanente qui peut d'ailleurs remettre en cause nos idées les plus enracinées. C?est pourquoi on ne pourra jamais être en repos, satisfait de soi et pantoufler... Il faut aller plus loin, chercher toujours ; c'est comme ça l'humanité depuis l'homme de Chancelade* ou le sorcier de Gabillou**, pour ne parler que de ma circonscription. Vincent Johanet : Plus précisément, quels seront les apports techniques attendus cette année ? Pascal Deguilhem : Sur le plan technique, nous découvrirons de nouvelles technologies, les raisons de leur émergence, les difficultés de leur développement, les arguments de leurs détracteurs, la façon dont elles sont perçues par leurs utilisateurs ou par la concurrence. On comprend comment l'industrie, la créativité industrielle, si vous voulez, colle à l'esprit du temps. Le problème du réchauffement de la planète sécrète des technologies adaptées. Cette observation n?est pas contemplative ; elle mesure la réactivité du tissu industriel aux impulsions politiques. Vous pensez bien que les élus y sont sensibles ! Vincent Johanet : Beaucoup connaissent votre engagement culturel régional. Y a-t-il un rapport avec ce colloque technique et scientifique ? Pascal Deguilhem : Le culturel, vous le savez bien, ce n?est pas seulement un patrimoine architectural ou une langue régionale, c'est un ensemble qui rend sensible, palpable, la cohésion d'un groupe. Et tout ce qui renforce cette cohésion est bon pour notre cause. Le colloque, sa récurrence annuelle, le fait de retrouver des visages connus, les amis Francis Dutard et Jean-Pierre Saint-Amand, Patrick Flour et moi-même, est un élément sociologique positif, et l'Aquitaine y gagne. Par ailleurs, vous remarquerez que nous introduisons des réalisations aquitaniennes intéressantes mais savamment dosées. Un basque présente un bélier hydraulique, un auvergnat un autre bélier, un limousin une pédagogie adaptée et un périgourdin ses techniques innovantes de biogaz***. Vincent Johanet : Les intervenants sont également des spécialistes dans leur domaine... Pascal Deguilhem : C?est que le colloque tient à être de haut niveau pour remplir son rôle d'informateur et de formateur. Il doit donc englober les réalisations nationales de pointe. Nous souhaitons d'ailleurs l'internationaliser pour exposer des réalisations aussi remarquables que diverses : chinois, japonais, vietnamiens, russes, brésiliens, américains et autres... Mais ça, c'est l'avenir. Pour l'édition 2010, nous commençons avec deux intervenants de très haut niveau, un chinois et un algérien que nous sommes très honorés d'accueillir. Vincent Johanet : Vous semblez attacher une grande importance à l'innovation technologique... Pascal Deguilhem : C?est génétique. Il ne faut jamais casser les pattes à un procédé jeune et innovant. Il faut lui donner sa chance. L?histoire est pleine de belles innovations qui ont été injustement sous-estimées et combattues pour des raisons trop souvent dogmatiques. Cela dit, ne sombrons pas dans l'angélisme : il y a un monde entre prototype et réalisation industrielle. L?étiquette « écologique » ne suffit pas à valider un procédé. Son inventeur doit le maitriser parfaitement, connaître ses limites, ses forces et faiblesses, sa durée de vie, sa maintenance, ce que l'on appelle aujourd'hui, je crois, son bilan carbone. Bref, les données vraies et réalistes du développement durable. Et puis il faut bien passer sous la douche froide de la question financière. C?est d'ailleurs pourquoi nous sommes très attentifs aux avis de nos amis de l'Agence de l'Eau Adour-Garonne ainsi qu'à l'avis des experts du Service Public des Satese auxquels nous sommes très attachés. *squelette d'un homme préhistorique trouvé près de Périgueux à Chancelade (ndlr). **peinture rupestre, la plus ancienne représentation d'un chamane dansant au rythme de la musique dans la grotte de Gabillou près de Mussidan (ndlr). ***limousin et auvergnat, des confins du bassin versant de la Dordogne.