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Entreprises

Performance des réseaux d'eau potable : objectif rendement pour Veolia Eau en Lorraine

26 février 2010 Paru dans le N°329 ( mots)

Dans un contexte où les pertes d'eau deviennent une priorité pour les exploitants, Veolia fourbit ses armes : instrumentation et surveillance accrues, gestion patrimoniale du réseau, déploiement de nouvelles technologies, l'heure est au rendement. Un laboratoire dédié à Nancy et le service public de l'eau potable de Metz illustrent cette volonté.

Le LECE (Laboratoire d'essais des compteurs d'eau) créé en 1976 réunit depuis 2009 à Nancy les trois activités d'instrumentation des réseaux d'eau potable développées par Veolia Eau : compteurs, matériels de télérelevé et prélocalisateurs de fuite. Son parc compte 6,5 millions de compteurs dont 10% environ sont équipés de module radio pour le télérelevé. L?opérateur dispose de quatre autres laboratoires de compteurs similaires: à Ivry (créé par la Sade), en Chine, en République tchèque, en Roumanie et au Maroc. Pour Frédéric Blanchet, responsable unité des réseaux et directeur technique de Veolia Eau, « le LECE est à la fois un centre d'expertise interne en France et à l'international qui dispense des formations aux contrôles réglementaires, et un centre d'expertise externe auprès des fabricants. Sa finalité est la maîtrise et la technique du déploiement massif de compteurs sur lesquels se fondent les services Veolia qui gèrent un parc de 20 millions d'unités à travers le monde ». Cinq personnes travaillent dans ce laboratoire où 5 000 compteurs sont étalonnés par an, dans une proportion de 2/3 usagés et de 1/3 neufs, Veolia renouvelant en France chaque année 650 000 compteurs dont la durée de vie moyenne avoisine les 7 ans. Il a été demandé à tous les exploitants de faire parvenir un échantillon représentatif de leur parc afin de procéder à un audit à travers une dizaine d'essais normalisés de débit (de 2 l/h à 2 400 l/h) afin d'établir une signature métrologique à partir de la différence entre le volume comptabilisé et un volume de référence. « Tous les nouveaux matériels sont évalués sur une période de 6 à 12 mois. Tous les retours d'informations et d'expériences terrain en France sont centralisés ici. Cela coûte plus cher de rectifier le problème que de se donner les moyens de le contrôler? » Remarque Frédéric Blanchet. « C?est une logique industrielle, un système de management de la qualité». Le laboratoire est également force de proposition : les fabricants ont été sollicités pour réaliser une nouvelle enveloppe des compteurs en composite, ce qui a permis de réduire leur poids d'un facteur 4 tout en conservant la même composition interne avec un comportement mécanique identique. Des outils validés donc performants Le télérelevé est soumis, lui aussi, à un suivi qualité dans les locaux du LECE. Les chiffres de leur déploiement sur les compteurs par Veolia sont explicites : depuis 2003 - année de la réalisation du premier pilote qui en a précédé 6 autres pour un taux de réussite de 50% - 650 000 modules ont été posés, dont 200 000 l'année dernière et 250 à 300 000 sont prévus de l'être en 2010. Les essais de ce matériel de télérelevé équipé d'un module radio portent, entre autres, sur leur tenue mécanique, leur étanchéité, leur comptabilité électromagnétique avec des appareils domestiques tels qu'un allume-gaz, leur distance maximale de réception ou la sensibilité de leur détection au retour d'eau. Comme pour les compteurs, un audit des fabricants, des prélèvements de modules neufs et en services ainsi qu'un suivi des anomalies sont réalisés au LECE. Les modules de télérelevé contribuent à diminuer le niveau de pertes en eau sur les réseaux d'eau potable au même titre que les prélocalisateurs de fuite qui ont également leur plateforme d'essais sur le site de Nancy. Leur nombre s'élève à 8 000 unités en poste fixe et itinérant sur l'ensemble du parc Veolia Eau. Jean-Paul Guillaume, directeur technique pour les travaux de recherche sur les prélocalisateurs de fuite, explique le contexte : « par son oreille, le chercheur de bruit a une expérience du prélocalisateur qui est de la pure électronique. Oui mais est-ce fiable ?... Il faut donc tester les prélocalisateurs ». Cette plateforme permet de comparer simultanément six appareils neufs pour vérifier leur homogénéité. « Réagissent-ils au même bruit entendu ? Il existe parfois un écart de 40 %... Entendent-ils un bruit très faible ? Il s'agit d'interpréter les 6 valeurs sur 5 bruits différents, » poursuit Jean-Paul Guillaume qui décrit le processus qualité en trois étapes. La validation qui consiste à recréer les conditions vibratoires d'une canalisation fuyarde dans un caisson. Ensuite, vient l'étape « contrôle de réception et, en dernier lieu, les essais de vieillissement » sur des appareils provenant des exploitations Veolia Eau en France et à l'international. « Un prélocalisateur peut être manipulé tous les jours et leur durée de vie varie entre 7 à 8 ans. La plateforme est mise à disposition des fabricants en niveau développement. Nous garantissons aux collectivités un contrôle des performances » souligne le directeur technique tout en précisant que les cahiers des charges des collectivités exigent de plus en plus un rendement optimal du réseau. Une politique de gestion patrimoniale Ces objectifs de performance sont partagés par Veolia Eau avec le service de l'eau potable de Metz (16 millions de m3/an, 835 km de canalisations et 328 km de branchements d'un âge moyen de 70 ans) pour lequel l'opérateur d'eau vise un rendement de 83% ; c'est-à-dire la moyenne de son patrimoine réseau, pour un indice linéaire de perte de 5m3/km/jour. Veolia entend utiliser ces mêmes outils qui font l'objet d'études dans son laboratoire de Nancy. Metz a été la première ville après Paris à poser des modules de télérelève sur les 32 000 compteurs de ses abonnés et 634 prélocalisateurs ont été installés dans une première phase. Mais pas seulement : des opérations de corrélation acoustique sont menées quotidiennement selon une sectorisation (27 zones) dotée de 55 compteurs et débitmètres reliés par transmetteurs GSM à un poste de supervision. Des outils qui ont fait leurs preuves puisque entre 2007 et 2008 le nombre de fuites réparées est passé de 619 à 802 sur les canalisations et branchements, chiffres qui ont doublé par rapport à 2004. Il est prévu également de faire appel au gaz traceur pour la recherche de fuites et de nouvelles technologies comme le SIG sont déjà opérationnelles. Toutes les données structurelles et d'exploitation vont y être introduites pour passer d'une gestion fonctionnelle (recherche et réparation de fuites) à une gestion patrimoniale des réseaux. La position de Veolia Eau est claire sur le sujet : « Plus on répare plus on casse. C?est de l'acharnement thérapeutique » affirme Geoffroy Haguenauer, directeur du centre opérationnel Lorraine-Nord. D?où la mise en ?uvre d'une gestion patrimoniale via l'outil Mosare (Module statistique d'analyse des réseaux d'eau) qui permet de détecter les risques de casse grâce à un calcul de la probabilité de défaillance associée au tronçon de la canalisation ou à la rue. Cette analyse peut être enrichie grâce à l'intégration de critères de risques à éviter (circulation, clients sensibles') et de critères d'opportunité (travaux de voierie?). Cette démarche implique, notamment, une capitalisation des données comme le traitement des archives papiers de la ville et les historiques d'exploitation du réseau d'eau potable messin. Une tâche immense pour Veolia Eau qui, selon Geoffroy Haguenauer, « vise un taux de renouvellement de 2% par an ».