Your browser does not support JavaScript!

Actualités France

Organica FBR : une station d'épuration écologique sous serre tropicale

30 decembre 2010 Paru dans le N°337 ( mots)

MSE, filiale de Veolia Eau Solutions & Technologies, vient d'inaugurer l'installation d'Organica FBR? dans la ville du Lude (Sarthe). Une première en France pour cette station d'épuration à procédé de boues activées dans des bassins recouverts d'une serre tropicale. Le dispositif qui associe flore et faune est complété par une deuxième serre affectée au séchage solaire des boues pour une siccité de 75% et plus.

« L'histoire d'Organica, déclare Alain Rousse le président de MSEa commencé il y a 15 ans en Hongrie. Un architecte travaillait sur le concept d'une station d'épuration qui ne nuirait pas à l'esthétique et intégrée à l'environnement d'une zone pavillonnaire ». D'où l'idée de la serre tropicale opérationnelle depuis 10 ans dans plusieurs municipalités hongroises, en Autriche, en Pologne et en Chine avec deux unités à ce jour. Le système Organica FBR est mis en oeuvre depuis décembre 2009 dans la ville du Lude pour une capacité de traitement de 6 000 équivalent habitants. La municipalité a choisi cette solution en 2003 plutôt que de rénover l'ancienne station d'épuration (18 000 équivalent habitants) partagée avec un industriel de l'agroalimentaire auquel elle a cédé l'équipement pour 1 € symbolique. 

Pour Monique Thermeau, maire du Lude, « les atouts de cette technologie (économie d'énergie, réduction de la consommation de produits chimiques, diminution de l'impact collectif du traitement, insertion paysagère de qualité, emprise au sol réduite) nous ont très rapidement convaincus ». Un employé communal suffit pour l'exploitation du site, 2 autres ont été formés pour le remplacer si besoin. Les deux installations qui se font face à la sortie de la ville symbolisent le passage d'une ère technologique à l'autre : difficile de savoir que cette serre construite sur une butée -nous sommes en zone inondable- abrite un dispositif de traitement d'eau. 

3 constructions émergent du site : un réservoir tampon de 1 400 m3 et deux serres, l'une de 235 m² pour le traitement des boues et l'autre de 680 m² pour leur séchage. Après une première étape de prétraitement avec tamisage et dessablage, les eaux usées traversent le bassin tampon à un débit maximum de 100 m3/h. Pascal Pluyaud, directeur régional MSE pour le Centre-Ouest, commente : « on peut recevoir des pluies importantes de 1 300 m3/h, d'où ce bassin qui peut stocker 1 400 à 1 500 m3 d'eaux pluviales, plus d'autres eaux, tout est tamponné ». La capacité de traitement est prévue pour un débit allant jusqu'à 2 100 m3 par jour. 

Les eaux suivent deux files parallèles sur 3 bassins, 6 au total. Le premier, un bassin de dégazage d'une profondeur de 5 mètres, recueille les mousses et flottants qui sont évacués gravitairement. Ensuite, les effluents passent dans un réacteur anoxie/anaérobie pour procéder à l'élimination du phosphore et la dénitrification, puis dans un réacteur aérobie avec insufflation d'air via des surpresseurs pour éliminer la pollution carbonée et la nitrification. C?est là, « dans cet échange, que se situe le coeur du système » explique Pascal Pluyaud. A un débit maximum de 100 m3 /h, « l'eau est envoyée à un moment donné et elle ressort propre suivant un cycle de plusieurs heures ». 

Ces deux bassins d'une file qui sont à des niveaux différents sont surmontés de grilles supportant des casiers à billes d'argile qui contiennent les plantes à racines très développées. La température ambiante ne doit pas descendre en dessous de 6°, un chauffage d'appoint permet de la conserver en cas de froid persistant. 

Les plantes (25 espèces différentes de plantes locales et exotiques commercialisées dans n?importe quelle jardinerie) se nourrissent des effluents à dépolluer comme les micro-organismes (bactéries, vers, moules, poissons crevettes d'eau douce, écrevisses, petits crabes et escargots) vivant dans cet écosystème. Bien plus qu'un traitement classique cette interaction permet de réduire la production de boues ainsi que l'utilisation de chlorure ferrique. Organica FBR garantit par ailleurs des concentrations en DBO5, MES, DCO (34 mg/l), phosphore et azote (moins d'un mg/l) et nitrates (teneur proche de zéro) inférieures aux normes de rejet. 

Pour le directeur régional de MSE « Cela crée une minéralisation de la boue avec une valorisation plus intéressante et une réduction de volume de 5 à 10%. Ce qui nous intéresse ce sont les racines comme supports fixés au lieu de billes de plastique, par exemple. Pour 1 m3 de supports plastique, 1m3 de racines représente 3 fois plus de surface pour les bactéries ». Autres chiffres : « par rapport à une station d'épuration classique à boues activées, la surface d'Organica est divisée par 5 ou 6 ». 

A l'issue du cycle de réaction, et de décantation de 1 à 2 heures, les boues de tête sont ramenées à la surface, celles de fond sont aspirées, avant rejet des eaux propres, vers un épaississeur puis une centrifugeuse pour déshydratation. La dernière étape consiste à sécher les boues par le système de séchage solaire Solia®. Les boues sont réparties et retournées par un robot sous la serre désodorisée de façon biologique par un autre procédé -Alizair®- avant d'être utilisées pour valorisation agricole.

D'ici novembre 2011, 5 autres stations Organica FBR vont être installées en France, la plus importante pour 12 000 équivalent habitants dans les Bouches-du-Rhône.