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Entreprises

Nuisances olfactives : quand le nez électronique s'invite au c'ur du process

30 juillet 2008 Paru dans le N°313 ( mots)

Spécialiste de la numérisation de l'odorat et du goût, Alpha MOS est leader mondial de la fabrication de nez et langues électroniques à usage industriel avec près d'un demi-millier d'instruments vendus dans le monde autour d'une dizaine de métiers. Créée en 1993 par Jean-Christophe Mifsud, cette société française réalise déjà 20% de son chiffre d'affaires dans le domaine de l'environnement. La rapidité de ses développements et le potentiel du marché pourraient bien conduirent à accroître encore ce pourcentage?

Autrefois perçues comme une fatalité, au moins par les riverains de sites industriels, de décharges, ou de stations d'épuration, les nuisances olfactives apparaissent aujourd'hui comme le deuxième motif de plainte après le bruit. Même si elles n?induisent aucun risque direct, même si elles sont parfois associées à tort à une notion de toxicité, plus question de les ignorer. Comme les industriels, les exploitants de stations d'épuration, de décharges ou de sites de compostage se doivent de prendre en compte ces gênes et de les maitriser par le choix d'un traitement approprié. Problème : pour anticiper les émissions d'odeurs, les réduire puis les traiter, il faut préalablement les détecter, les mesurer puis les caractériser. C?est là qu'intervient l'expertise d'Alpha MOS : détecter, mesurer et caractériser. Alors que l'olfactométrie relève de la méthode sensorielle, le nez électronique se rattache à la physico-chimie. Les nez et langues électroniques sont utilisés depuis plusieurs années dans de nombreux secteurs, comme l'agro-alimentaire, les cosmétiques et parfums, la pharmacie ou encore la chimie et la pétrochimie. Ils ont pour mission de générer une mesure organoleptique obtenue par comparaison avec un panel sensoriel préalablement constitué. « Les nez et les langues électroniques passent toujours par une phase d'apprentissage » souligne Jean-Christophe Mifsud, P.D-G fondateur d'Alpha MOS. Avantages : les résultats sont disponibles en quelques secondes et les capacités d'analyses sont illimitées puisqu'ils peuvent fonctionner en continu sans préparation préalable des échantillons. Répandus de longue date dans certaines industries comme l'agroalimentaire, leur utilisation dans le domaine de l'environnement est plus récente. Ainsi, dans le domaine de l'eau la langue électronique commence à soulever un certain intérêt pour le contrôle de l'eau potable, où les qualités organoleptiques de l'eau, dont l'odeur et le goût, sont primordiales.. « Le rôle du nez et/ou de la langue électronique consistera à analyser la variabilité entre l'échantillon analysé et l'échantillon de référence » indique Jean-Christophe Mifsud. Les nez et langues électroniques sont aussi des analyseurs de variations. « Et avec une très grande sensibilité, de l'ordre du ppb, voire même du ppt pour certains composants » précise Jean-Christophe Mifsud. Dans le domaine de l'air, le nez électronique RQ Box, est quant à lui positionné sur le suivi continu des émissions gazeuses sur le terrain. Avec cette solution adaptée, l'objectif est d'aider les exploitants à mesurer et maîtriser les émissions d'odeurs mais aussi à optimiser leur process sur la base de données objectives et continues. Dans ce secteur, le potentiel est considérable : « L?ADEME a identifié 10.000 sites susceptibles de générer des nuisances olfactives en France » indique Jean-Christophe Mifsud pour qui le marché de l'environnement pourrait très prochainement prendre le pas sur celui de l'agroalimentaire. De la mesure de l'odeur à l'optimisation des process RQ Box, le nez électronique développé par Alpha Mos, permet de caractériser les odeurs à partir de l'analyse des composés organiques volatils. Des capteurs à oxyde métallique MOS sont capables de réagir à un éventail de composés organiques volatils donné sans affinité particulière vis-à-vis d'un gaz et avec une sensibilité de quelques ppb. Parallèlement, des cellules électrochimiques sont en mesure d'assurer un suivi moléculaire particulier : H2S, NH3, RSH? L?association de ces différentes familles de détecteurs avec un détecteur PID pour le suivi des COV va permettre d'assurer une mesure globale des odeurs ainsi qu'un suivi de gaz cibles significatifs pour l'exploitant du site. T Un système de communication sans fil assure le transfert des données recueillies sur le terrain par un ou plusieurs modules à un PC central équipé d'un logiciel qui traite les données collectées par les détecteurs. Les avantages de ce type de dispositif sont nombreux. La mesure est continue, ce que ne permet évidemment pas un jury de nez humain, et peut donc faire l'objet d'un suivi dans le temps. Elle est adaptée aux spécificités du site en fonction du nombre et de la disposition des modules constituant le maillage choisi par l'exploitant pour surveiller la globalité ou les points les plus stratégiques de son exploitation. Elle peut être couplée à un système de modélisation de dispersion pour cartographier les panaches et/ou de prévisions météorologiques pour évaluer au mieux l'incidence de l'émission détectée. Tout ceci permet à l'exploitant de disposer d'un état exact de la situation et de prendre en conséquence les mesures qui s'imposent sur la base de résultats compréhensibles de tous. Mais plus intéressant encore, la mesure va pouvoir, dans un proche avenir, être adaptée à la nature de l'ouvrage que le nez devra surveiller. « L?idée, explique Jean-Christophe Mifsud, est de substituer à l'étape intermédiaire de l'olfactométrie, des banques de données prêtes à l'emploi et rattachées à certains types d'ouvrages, par exemple des biofiltres, des bassins de décantation ou encore des clarificateurs». Des banques de données construites en fonction de la nature et du mode de fonctionnement des ouvrages à suivre et des molécules à surveiller. Premier axe de travail, les bassins de décantation pour lesquels Alpha MOS pourrait fournir ses premières banques de données dès janvier 2009. Du coup, c'est tout un monde qui s'ouvre aux nez électroniques, celui de l'optimisation des process. « Dédié à un ouvrage spécifique et équipé d'un logiciel adapté, le nez électronique dépasse la simple fonction de mesure pour venir impacter directement le process en vue d'optimiser son fonctionnement et de minimiser les émissions indésirables » explique Jean-Christophe Mifsud. Sur l'unité de compostage de Lur Bizia exploitée par Suez Environnement, RQ Box permet déjà d'optimiser le fonctionnement des tours de lavage oxydo-basique et fournir ainsi une mesure utile (Voir E.I.N. N° 306). Mais bientôt, il sera possible d'aller bien plus loin encore en intégrant le nez électronique au c'ur même de la supervision de nombreux process en matière de gestion de l'eau qu'il s'agisse d'eau potable, d'eaux usées ou d'eaux industrielles. Pour l'heure, seuls une quinzaine de sites sont équipés en France de nez électroniques beaucoup d'autres ayant choisi la voie de l'olfactométrie dynamique. En cause, le contexte normatif, encore qu'embryonnaire en France, qui pourrait cependant évoluer en 2009 ou 2010, mais surtout le niveau des prix : les nez électroniques restent chers pour de petites exploitations. Reste qu'une évolution réglementaire et normative ouvrant la voie à une production de masse pourrait permettre d'abaisser notablement les prix rendant ainsi la technologie accessible à un bien plus grand nombre d'exploitations. « Nous pourrions alors fournir aux exploitants de stations d'épuration de petite taille des applications clés en mains correspondant exactement à leur besoin » estime Jean-Christophe Mifsud.