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Actualités France

« Grâce au consensus, l’Astee a fourni un premier livrable d’une symbologie commune pour la standardisation des SIG »

15 septembre 2025 Paru dans le N°484 ( mots)
© Astee

À la suite du 104e congrès de l’Astee, qui s’est déroulé du 15 au 18 juin 2025 à Toulouse (Haute-Garonne), la directrice générale de l’Association scientifique et technique pour l’eau et l’environnement, Anne-Laure Makinsky, revient, pour la revue L’Eau, L’Industrie, Les Nuisances, sur cet événement de référence dans le domaine de l’eau et sur l’actualité de l’association.

L’Eau, L’Industrie, Les Nuisances : En cette année 2025 où l’Association scientifique et technique pour l’eau et l’environnement (Astee) fête son 120e anniversaire, quel bilan retenez-vous de ce 104e congrès ?

Anne-Laure Makinsky : En termes de participants, nous avons eu 716 inscrits – dont 31,4 % de personnes locales – , ce qui est un record depuis l’existence de l’événement, et un peu plus d’une centaine de présentations, pour 350 propositions de communication. En termes de contenu, la plénière d’ouverture a abordé le thème très intéressant « Adaptation, désorientation, incertitudes », avec notamment les témoignages du nageur paralympique Ugo Didier et de François Mattens, sociétaire et membre du conseil d’administration de la Société des explorateurs français, ainsi que directeur des affaires publiques de XXII. Pour la première fois, le congrès s’est terminé par une session de clôture, dont le sujet « Eau & déchets, médias et experts. Comment collaborer pour une meilleure compréhension de chacun des enjeux scientifiques et techniques ? » a suscité beaucoup d’engouements. Lors de la session Innovation, le comité de la recherche de l’Astee a récompensé, cette année, trois thèses, dont un prix spécial du jury, sur des thèmes variés (voir encadré). Ce fut d’ailleurs un moment d’échange très intéressant entre le monde de la recherche et la communauté des experts, en plus d’apporter un éclairage sur les sujets de recherche actuels, la façon d’exploiter les résultats, etc.

L’Eau, L’Industrie, Les Nuisances : Quels thèmes retenez-vous en particulier ?

Anne-Laure Makinsky : L’un des sujets, important pour l’Astee, est la standardisation des systèmes d’information géographique. Nous avons en effet présenté les travaux d’un de nos groupes de travail, qui planche sur ce sujet depuis 2017 afin de faciliter l’usage des informations à partir d’un système d’information géographique (SIG) aussi bien pour les gestionnaires de réseaux d’eau que de réseaux d’assainissement. Jusqu’à présent, il n’y avait pas de symbologie commune, c’est-à-dire que chaque acteur disposait de son SIG, alors que l’on a besoin aujourd’hui d’une vision globale de l’état du patrimoine français en termes de réseaux d’eau et d’assainissement. Le consensus scientifique et technologique – c’est l’ADN de l’Astee – issu des réunions du groupe de travail a amené à un premier livrable d’une symbologie commune. Dans le contexte de la loi NOTRe, du transfert de compétences, de réglementations qui évoluent, nous nous sommes finalement rendu compte que le flux de données échangés via les SIG était de plus en plus important, et qu’il fallait le standardiser pour permettre à des organismes comme le ministère de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche, l’Office français de la biodiversité (OFB) d’avoir une vision d’ensemble et de pouvoir restituer l’état patrimonial de la façon la plus fiable possible. Début 2025, le travail de notre groupe de travail, mené en collaboration avec l’OFB, a abouti à un modèle de données standard (StaR-Eau) afin d’assurer l’interopérabilité entre les outils du marché et de faciliter le calcul d’indicateurs. La Commission nationale sur l’information géographique (Cnig) a d’ailleurs « adoubé » ce travail. Contrairement à ce que d’aucuns pourraient croire, les éditeurs de logiciels – certains ont participé au groupe de travail – sont très enthousiasmes, ce « géo-standard » étant un argument commercial supplémentaire. Les prochaines étapes sont maintenant de favoriser l’appropriation de ce modèle par les collectivités et de l’associer à des outils d’intelligence artificielle (IA) pour développer davantage la connaissance au niveau des réseaux, des canalisations, etc. Il s’agira de faire en sorte que le standard s’enrichisse avec toutes les données à sa disposition et que les logiciels deviennent de véritables outils d’aide à la décision (investissements prioritaires, rythme de renouvellement « idéal », ou priorisation selon le budget, la criticité des infrastructures…).

L’Eau, L’Industrie, Les Nuisances : Cette année, l’Astee a lancé sa commission Eaux pluviales et Aménagement. Pouvez-vous revenir sur cette dernière ?

Anne-Laure Makinsky : Les eaux pluviales sont un sujet dont on entend beaucoup parler actuellement, avec la désimperméabilisation des villes, la surchauffe urbaine, etc. La création d’une commission était donc une évidence. Nous étions toutefois convaincus qu’il ne suffit pas de ne mettre que des acteurs de l’eau autour de la table mais qu’il faut aussi travailler de façon plus ouverte. C’est ainsi que nous avons accueilli des urbanistes, des aménageurs, des architectes et des paysagistes au sein des différents groupes de travail de la commission. Cela nous permet d’avoir une vision plus complète, plus stratégique sur les enjeux de l’eau, de pouvoir appréhender les solutions et les sujets d’une façon décloisonnée (et non plus par silos). En 2024, la charte de qualité Eaux pluviales avait été signée, venant compléter les chartes de qualité Eau potable et Assainissement. Aujourd’hui, cinq des six agences de l’eau conditionnent l’octroi d’aides aux collectivités dans le cadre de leurs dossiers de demande d’aides au respect de ces chartres de qualité. Les travaux concernant les chartes de qualité ont été initiés en 1982 et elles sont enrichies, modernisées au fil des évolutions technologiques et réglementaires. Les prochaines révisions des chartes Eau potable et Assainissement devraient être prêtes pour le congrès de Nancy en 2026.

L’Eau, L’Industrie, Les Nuisances : Justement, que pouvez-vous déjà dire sur la prochaine édition du congrès ?

Anne-Laure Makinsky : Après Toulouse, la 105e édition du congrès de l’Astee aura lieu à Nancy (Meurthe-et-Moselle), du 15 au 18 juin 2026. Le thème de la prochaine édition – « Inventons ensemble les services Eau et Déchets de demain » – sera prospectif afin d’embrasser un maximum de propositions de communications puisqu’il y a mille façons de répondre à cette thématique. L’édition 2026 aura également un focus territorial sur les enjeux transfrontaliers. Ce qui fait la grande force du congrès de l’Astee et qui en a fait un événement de référence dans le domaine de l’eau, c’est que les participants sont heureux de se retrouver ou de se rencontrer. Le congrès est un très bel endroit pour réseauter – une grande partie de nos 4 000 experts sont présents – et pour identifier des réponses à un projet grâce à la valorisation de l’innovation, la présentation de retours d’expérience, aux visites de sites, etc. Les gens repartent ainsi restimulés.


Les trois Prix de l’Astee 2025
· Noémie Etienne Pernin, DEEP Insa Lyon, pour « Transferts et processus associés aux résidus de médicaments humains et vétérinaires et aux biocides des boues urbaines et des lisiers utilisés comme fertilisants » (domaine Déchets)
· Mathis Messager, Inrae – Université Claude Bernard Lyon 1 et Université McGill, pour « Vers l’intégration des cours d’eau non pérennes dans la gestion durable des écosystèmes d’eau douce » (domaine Ressources en eau et milieux aquatiques)
· Suzanne Catteau, UMR CNRS Passages 5319, pour « Bulles de dialogue et cellules raster. Spatialiser les fonctions et le fonctionnement des zones humides par SIG dans le bassin Rhône-Méditerranée Corse » (prix spécial du jury)