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Actualités internationales

Les zones humides disparaissent trois fois plus vite que les forêts

22 decembre 2021 Paru dans le N°448 à la page 4 ( mots)
© ise.unige.ch

Publiées le 15 décembre, les nouvelles Perspectives mondiales des zones humides : Édition spéciale 2021 de la Convention sur les zones humides montrent que les zones humides offrent des possibilités sans égales de réduire les émissions, de s’adapter aux effets du dérèglement climatique et d’inverser la perte de biodiversité. Malgré cela, elles restent l’écosystème le plus menacé du monde : ayant perdu 35 % de leur superficie, à l’échelon mondial, depuis 1970, elles disparaissent trois fois plus vite que les forêts et plus d’un quart des espèces qu’elles abritent sont menacées d’extinction.

Cette édition spéciale actualise les premières Perspectives mondiales des zones humides, publiées en 2018, et se fonde sur plus de 30 études mondiales et régionales pour décrire les dernières tendances et les impacts pour les zones humides, ainsi que les possibilités qu’elles offrent d’atteindre les objectifs mondiaux pour le climat et le développement durable.
La dégradation des zones humides met les vies humaines et les moyens d’existence en péril. Le rapport montre qu’une mauvaise gestion des zones humides aggrave la rareté de l’eau, le mauvais assainissement et les maladies liées à l’eau, contribuant à des millions de décès chaque année. Sachant qu’elles fournissent presque toute l’eau douce du monde, il est clair que la protection des zones humides et leur utilisation rationnelle sont d’importance critique pour le développement durable.
Depuis 1970, les changements dans l’utilisation des terres sont la principale cause de dégradation et d’appauvrissement de la biodiversité des zones humides intérieures. Les travaux de recherche montrent que le rendement agricole a entraîné la dégradation de plus de la moitié des zones humides d’importance internationale, notamment par la pollution ou l’asséchement. La planète devrait compter 9,7 milliards d’habitants d’ici à 2050 de sorte qu’il est urgent de transformer l’agriculture pour réduire la dégradation des zones humides.
Les changements climatiques touchent les zones humides plus vite qu’on ne l’avait prévu. L’élévation du niveau de la mer, l’érosion côtière et le blanchiment des coraux causé par l’augmentation des températures de surface de la mer ont de graves conséquences pour la biodiversité des zones humides et les services écosystémiques qu’elles procurent, tels que la production alimentaire, les moyens de subsistance et la protection du littoral.
Le rapport conclut que le risque climatique est considérable pour les zones humides méditerranéennes. Dans cette région, les effets du réchauffement climatique sont 20 % plus élevés que dans le reste du monde et se traduisent par une plus grande fréquence des vagues de chaleur, des tempêtes et des sécheresses. Selon les projections, d’ici à 2040, 250 millions de personnes pourraient vivre dans des conditions de stress hydrique et d’ici à 2100, le niveau de la mer, dans la région, montera de plus d’un mètre, menaçant un tiers de la population méditerranéenne.
Malgré leur disparition généralisée, les zones humides restent notre écosystème le plus précieux. Les services qu’elles rendent sont sans égal en matière d’atténuation des effets climatiques et d’adaptation ainsi que de santé humaine et de la biodiversité, et ont été chiffrés à plus de 47 400 milliards de dollars par an.
S’agissant de piéger le carbone, les zones humides sont notre écosystème terrestre le plus efficace. Les zones humides côtières telles que les mangroves piègent le carbone à une vitesse 55 fois supérieure à celle des forêts tropicales humides. Les tourbières ne couvrent que 3 % de la superficie émergée de la Terre mais stockent 30 % de tout le carbone terrestre. Pour atteindre l’objectif de 1,5 °C de l’Accord de Paris sur le climat, nous devons, avant 2030, mettre un terme à toute nouvelle transformation ou à tout nouveau drainage des tourbières encore intactes et restaurer 50 % de toutes les tourbières perdues.
« Les zones humides offrent la solution encore inexploitée de lutte contre les crises du climat et de la biodiversité ayant le meilleur rendement. Il reste moins d’une année avant le renouvellement des Contributions déterminées au niveau national et l’adoption d’un nouveau cadre mondial de restauration de la biodiversité : il est vital, par le biais de ces deux programmes, de canaliser les objectifs, l’investissement et l’attention vers les zones humides » rappelle Martha Rojas Urrego, Secrétaire générale de la Convention sur les zones humides.
Les Parties à la Convention sur les zones humides se sont engagées à conserver toutes les zones humides et à les utiliser de façon rationnelle. À ce jour, près de 2500 sites sont inscrits sur la Liste des zones humides d’importance internationale et la Convention détient l’un des plus grands réseaux mondiaux d’aires protégées. Mais inscrire des sites à protéger ne suffit pas.
Le rapport propose de bonnes pratiques pour garantir l’utilisation rationnelle des zones humides aux niveaux national, régional et mondial, fondamentales pour empêcher toute nouvelle perte et dégradation. Il souligne l’importance d’assurer une meilleure intégration entre les secteurs de l’agriculture, du développement urbain et de la gestion des zones humides pour préserver les zones humides et leurs services vitaux pour la santé de l’humanité et de la planète.
« La sensibilisation mondiale aux zones humides progresse : avec plus de programmes de protection et de restauration des sites, les dividendes sont triples – pour l’humanité, la nature et le climat. Mais la route à parcourir est encore longue. Nous avons besoin d’agir collectivement, de manière plus déterminée, à l’échelle de la société pour protéger, restaurer et utiliser de manière rationnelle les zones humides, notre écosystème le plus précieux » affirme Mme Rojas Urrego.
Téléchargement : https://www.global-wetland-outlook.ramsar.org/report-1