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Actualités France

Les gisements de croissance des éco-industries se diversifient

31 decembre 2008 Paru dans le N°317 ( mots)

En 2006, les éco-entreprises ont réalisé 42 milliards d'euros de chiffre d'affaires dont 4,5 milliards à l'exportation selon une enquête publiée par l'IFEN au mois de décembre. Ces indicateurs, contrastés, traduisent d'importantes évolutions : l'eau et l'assainissement qui tiraient auparavant le secteur sont en perte de vitesse au profit des énergies renouvelables et de l'isolation, dopés par la réglementation.

Portées par les mesures du Grenelle de l'environnement privilégiant les énergies renouvelables et les travaux de rénovation et d'isolation du bâtiment, les éco-industries appartenant à ce segment de marché devraient apporter un second souffle à la croissance globale d'un secteur qui en bien besoin. « Historiquement, la réglementation environnementale française et communautaire a visé en priorité les domaines de l'eau et des déchets, explique l'IFEN dans son « 4 pages ». Elle a ainsi constitué un levier favorable aux entreprises spécialisées dans ces domaines. Depuis une dizaine d'années, pour répondre aux défis du changement climatique et de la raréfaction des matières premières, la réglementation aux niveaux mondial, européen et national s'est étendue aux domaines des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique. Ceci, avec la hausse des prix de l'énergie, crée un contexte propice à la croissance des éco-entreprises ». C?est donc aujourd'hui la demande pour les biens énergétiquement efficaces qui soutient la croissance. Même si le secteur de l'eau et de l'assainissement, qui représentait encore 37% du total de la production des éco-entreprises en 2006, reste largement prioritaire en matière d'investissements, il pourrait enregistrer un net ralentissement dans les années à venir sous le double effet de la dégradation des comptes des collectivités locales et de la diminution de la demande induite par les ménages. « Dans un passé récent, les ménages ont soutenu la demande intérieure notamment par le biais de leur investissement en logement neuf. En effet, cet investissement, un des déterminants pour la demande en adduction d'eau et d'assainissement, a augmenté de 7,1 % entre 2005 et 2006. Cette tendance s'essouffle en 2007 (+ 3 %) pour devenir négative en 2008 » souligne ainsi l'IFEN. Du côté des industriels, la tendance semble être la même : « en 2006, les investissements des entreprises pour protéger l'environnement dans les domaines traditionnels sont en hausse de 2 %, mais les résultats provisoires de 2007 annoncent une diminution du même ordre » indique l'IFEN. Ce constat recoupe largement les conclusions d'une étude réalisée par le Boston Consulting Group et publiée par le comité stratégique des éco-industries (COSEI) le 2 décembre dernier. « La filière eau et assainissement est mature en France et dans les pays développés, avec une croissance annuelle de 2-3%, tirée par la mise aux normes des installations de production et de distribution d'eau potable et d'assainissement, dans le cadre des directives européennes de 1991 et 1998 » peut-on lire dans ce rapport. « En dehors de ces investissements, l'activité croît même moins vite que l'inflation (?). Pour le Boston Consulting Group, il existe deux grands axes de croissance pour le secteur de l'eau. Le premier est lié à la directive cadre sur l'eau qui fait émerger un nouveau métier : la préservation des milieux naturels et de la biodiversité. Le second est lié à l'international, notamment Chine et Moyen-Orient (+10% par an), dans la construction de stations de traitement (classique ou dessalement d'eau de mer) et sur les contrats d'exploitation municipale et industrielle. L?institut recense cependant certains segments de niche en forte croissance (>6% par an) dans les équipements et l'ingénierie. A court terme, les technologies de traitement poussé (UV/Ozone, ultra/nanofiltration), les systèmes permettant des économies d'eau et les équipements et produits chimiques adaptés aux installations décentralisées. A plus long terme, le dessalement à faible coût énergétique qui ouvrira le dessalement de nouvelles zones côtières, l'utilisation des nanotechnologies dans le traitement de l'eau, les solutions de diagnostic environnemental, la récupération de l'aluminium, du fer, de l'azote et du phosphore présents dans les eaux usées, la recharge des nappes phréatiques et la phytorémédiation. « Mais en dehors du marché émergent de la préservation des milieux naturels et de la biodiversité, le marché français ne devrait pas croître (hors inflation) ni générer d'emplois nouveaux d'ici 2020. L?enjeu pour l'industrie française est donc de garder ses parts de marché en France et de tirer partie de la croissance à l'international, en se positionnant sur les technologies en croissance » conclut le Boston Consulting Group.