Dans la dernière campagne nationale de mesures menée par l’Anses dans l'eau destinée à la consommation, 20 PFAS, sur les 35 recherchés, ont été détectés dans au moins un prélèvement d’eau brute et 19 PFAS dans l’eau distribuée.
L’Anses[1] mène régulièrement des campagnes pour mesurer la présence de composés émergents dans l’eau. L’objectif est d’améliorer la connaissance de la contamination des eaux brute et distribuée au robinet en France. Les composés ciblés lors de ces campagnes sont sélectionnés soit parce qu’ils ne font pas partie de la surveillance réglementaire de l’eau, soit parce que les données disponibles sur leur présence sont parcellaires. La campagne (voir encadré) a porté sur des substances du groupe des PFAS (substances per- et polyfluoroalkylés).
Ces dernières années, ces composés ont en effet fait l’objet de nombreux travaux menés notamment par l’Anses pour améliorer leur détection, connaître leur présence dans l’environnement et évaluer leur toxicité potentielle. Mais la présence des PFAS dans l’eau de consommation est encore insuffisamment connue. Seules quelques-unes de ces substances font l’objet d’une surveillance. La directive européenne 2020/2184 du 16 décembre 2020 relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine (EDCH) a fixé une première liste de 20 PFAS à surveiller dans l’eau distribuée en France au plus tard au 12 janvier 2026.
Ainsi, cette campagne de mesures visait à disposer d’un état des lieux de la présence de ces PFAS avant cette échéance et à identifier d’autres substances PFAS susceptibles d’être surveillées en complément. En plus des 20 PFAS listés par la directive, 15 autres PFAS ont également été recherchés lors de cette campagne. Ils ont été sélectionnés selon plusieurs critères tels que leurs propriétés physico-chimiques (notamment, leur affinité pour l’eau) ou l’existence de données mentionnant leur présence dans l’eau, en France ou à l’étranger.
Les résultats de la campagne ont montré que, sur les 35 PFAS recherchés, 20 ont été détectés dans au moins un prélèvement d’eau brute et 19 dans l’eau distribuée. 11 PFAS de la directive européenne font partie de ces PFAS détectés, dont trois sont plus fréquemment retrouvés : le PFHxS (21,7 % des échantillons d’eau distribuée), le PFOS (19,1 %) et le PFHxA (16,1 %). Seule une faible proportion des prélèvements dépasse la valeur limite de qualité de 100 ng/l fixée par la directive pour la somme des concentrations des 20 PFAS. Parmi les autres substances mesurées, quatre dites conventionnelles – composées de chaînes de plus de trois atomes de carbone – , notamment le 6:2 FTSA, ont généralement été détectées dans des échantillons où se trouvait également au moins l’un des PFAS inclus dans la directive. Cela montre que les PFAS inclus dans la directive sont de bons indicateurs de la présence de PFAS conventionnels.
Vers l’intégration du TFA et du 6:2 FTSA ?
Comme ils ne sont pas représentés dans les 20 substances listées par la directive européenne, cinq PFAS à chaîne ultra-courte – constitués d’un à trois atomes de carbone – ont fait l’objet d’une attention particulière. Leur présence semble indépendante de celle des PFAS conventionnels. Trois substances à chaîne ultra-courte sont présentes dans plusieurs prélèvements. Le TFA (acide trifluoroacétique), le plus fréquent, a été retrouvé dans 92 % des échantillons d’eau brute comme distribuée, avec une concentration variant fortement d’un échantillon à l’autre (teneur médiane de 780 ng/l dans l’eau distribuée). L’étude identifie, pour la première fois en France, la présence significative de TFMSA (acide trifluorométhanesulfonique), dans 13 % des échantillons, avec une concentration médiane de 28,5 ng/l dans l’eau distribuée.
Les résultats de cette campagne de mesures complètent l’expertise de l’Anses publiée en octobre 2025, dans laquelle l’agence a formulé des recommandations pour améliorer la surveillance des PFAS dans différents compartiments, dont l’eau. Certains polluants détectés lors de la campagne, à l’instar du TFA et du 6:2 FTSA, pourraient être intégrés dans le plan pérenne de surveillance de l’eau, comme le recommande l’expertise.
Quelques informations sur la campagne
La campagne de prélèvements s’est déroulée de 2023 à 2025 sur tout le territoire français, y compris les outre-mers. Plus de 600 échantillons d’eau brute et autant d’eau distribuée ont été analysés, soit deux fois plus que lors des campagnes précédentes. Les échantillons proviennent de points de captage représentant au total environ 20 % de l’eau distribuée en France. Deux tiers des prélèvements ont été faits au niveau de points pour lesquels un risque potentiel de contamination par les PFAS (substances per- et polyfluoroalkylés) était identifié par les agences régionales de santé (ARS).
[1] Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.

