Cette étude basée sur l’analyse de la commande publique entre 2019 et 2024 révèle notamment des investissements à la fois fragmentés et stables des collectivités locales.
Alors que la gestion de l’eau se complexifie en raison notamment des activités humaines et du dérèglement climatique, la Banque des territoires a publié une étude[1] inédite basée sur l’analyse de la commande publique de 2019 à 2024 afin de comprendre la dynamique d’investissement des collectivités locales dans le secteur de l’eau. « Nous sommes devenus un acteur clé dans le secteur de l’eau grâce à notre programme aquagir. Face à l’ampleur des défis liés à la gestion de la ressource en eau, notre ambition est de faire effet levier sur ces investissements publics et de constater une tendance à la hausse dans les éditions futures de l’étude », explique Solène Le Fur, directrice du programme aquagir de la Banque des territoires.
Cette étude, réalisée à partir de l’ensemble des consultations publiques liées aux investissements en faveur du cycle de l’eau, dresse plusieurs grandes tendances. Le niveau d’investissement a été stable entre 2019 et 2024 avec environ 5,3 milliards d’euros par an pour les marchés publics, alors même que le déficit d’investissement annuel est évalué à 13 milliards d’euros par le Cercle français de l’eau[2]. Si les consultations liées au petit cycle de l’eau (eau potable et assainissement) restent majoritaires – environ 80 % du montant global des consultations sur la période – , l’étude révèle que le secteur demeure très fragmenté : 85 % des marchés publics sont inférieurs à un montant de 500 000 euros.
Une autre tendance réside dans la polarisation géographique des consultations. Celles du petit cycle de l’eau émanent principalement de territoires où les communes ont largement transféré leurs compétences « eau et assainissement » aux établissements publics de coopération intercommunale (EPCI), aux syndicats mixtes et aux grandes régies urbaines, c’est-à-dire majoritairement dans les départements à plus forte capacité d’investissement (bassins de population, départements dotés de gros syndicats mixtes et d’intercommunalités). En revanche, les consultations du grand cycle de l’eau se concentrent dans les zones les plus exposées aux risques de sécheresse, d’inondations ou du recul de trait de côte, en particulier les territoires littoraux et les vallées fluviales.
Hausse des marchés publics de prestations
L’étude dresse encore le constat d’une hausse des marchés publics de prestations d’ingénierie et de maîtrise d’œuvre. Cette tendance traduit en fait le besoin d’accompagnement croissant des acteurs pour initier leurs projets qui verront le jour dans les prochaines années, selon l’effet d’entraînement entre la « montée en connaissance » et le passage à l’action constaté dans cette étude. Cette hypothèse de « gestation des projets » liés à l’eau est d’ailleurs confirmée par l’Observatoire de la transformation écologique de la Banque des territoires[3], qui identifie une hausse des intentions d’investissements sur l’eau chez les collectivités locales interrogées.
C’est précisément le rôle des dispositifs comme le programme aquagir que d’accompagner les collectivités dans leurs projets de préservation de la ressource en eau en quantité et en qualité. Pour accroître encore son impact, le programme lancera dès la fin d’année 2025 un dispositif d’animation des collectivités adhérentes au programme, qui viendra compléter les ressources déjà à disposition sur la plateforme aquagir.fr (kits de sensibilisation sur les enjeux de l’eau, les responsabilités des élus, les coûts et financement, les idées reçues) et AquaRepère.
[1]
https://www.banquedesterritoires.fr/etude-investissements-publics-eau-france-tendances-enjeux-et-perspectives
[2]
Étude Panorama du
financement global de la politique de l’eau en France métropolitaine, Cercle français
de l’eau, 2024
[3] « Les collectivités sur le chemin de l’engagement », Observatoire de la transformation écologique, Banque des territoires, mars 2025.

