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Déshydrater les effluents ou les boues sans apport d’énergie et à moindre coût

17 novembre 2017 Paru dans le N°406 à la page 16 ( mots)

Les solutions rustiques sont souvent les plus efficaces. Vous disposez de place et de temps ? Le procédé Osmofilm®, proposé par Pantek, permet de déshydrater les boues, les effluents ou des émulsions diverses, en bénéficiant des apports gratuits de chaleur et de la capacité d’évaporation d’une membrane spécialement développée pour ce procédé. A la clé, une réduction d’un facteur 3 à 6 des coûts de traitement par rapport à des filières classiques telles que l’incinération.

Le traitement des effluents se résume à trois grandes fonctions : concentrer par précipitation (traitement physico-chimique), filtrer pour séparer des particules solides, détruire par un traitement biologique ou chimique. Le durcissement des normes relatives aux rejets pousse l’ingénierie à utiliser chaque technologie de traitement à son optimum d’efficacité avec bien souvent, des traitements en cascade plus ou moins coûteux.

Bien loin des techniques de déshydratation onéreuses, il existe pourtant un procédé peu connu permettant de sécher les effluents ou les boues, sans apport d’énergie et à moindre coût. Ce procédé, baptisé Osmofilm®, qui a reçu en 2003 le prix ‘Entreprise et Environnement’ du ministère de l’Ecologie et développement durable, repose sur une membrane polymérique conçue pour être perméable à la vapeur d’eau. 

« Si vous stockez un produit aqueux dans un milieu hermétiquement fermé par ce film, deux phénomènes vont se produire, explique Michel Ménard, Gérant de la société Pantek. Sous l’effet des rayonnements solaires naturels, ou de toutes sources de température disponibles aux alentours, un effet de serre va se créer, ce qui va augmenter la température à l’intérieur des sacs Osmofilm®. Ceux-ci étant perméables à la vapeur d’eau, les molécules d’eau vont pouvoir passer à travers la membrane, ce qui va permettre un séchage progressif du produit ». La fin du traitement est matérialisée par une réduction du volume des effluents et des boues permettant d’obtenir quelques kilos de résidus solides à incinérer en lieu et place des 250 litres d’effluents initialement introduits dans le casier.

Le traitement consiste à remplir les saches préalablement disposées dans les casiers de déshydratation.

Au-delà de la membrane elle-même, une gamme d’équipements complémentaires a été développée par Pantek pour répondre au mieux aux différentes problématiques des industriels. Des casiers de déshydratation d’une contenance de 250 litres gerbables sur 2 à 6 niveaux permettent ainsi d’accueillir les saches d’Osmofilm® contenant les effluents à traiter. Des toits de colonne, des stations de remplissage et des clips de fermeture pour les saches forment l’essentiel de ce dont il faut disposer pour démarrer le traitement. Celui-ci consiste à remplir les saches préalablement disposées dans les casiers de déshydratation, ceux-ci étant stockés sur une zone de rétention pouvant contenir la totalité des effluents contenus dans les casiers remplis. 

Le traitement est ensuite affaire de temps, comme le souligne Michel Ménard. « Il est fonction de deux paramètres qui sont la température et l’aération, lesquels contribuent, selon les cas, à accélérer ou réduire les temps de traitement. Il y a un point d’équilibre à trouver ». Attention également à la nature de l’effluent : la membrane résiste à un pH compris entre 3 et 10. Si le pH se situe hors de cette fourchette, il sera nécessaire de le corriger avant de l’introduire dans les saches Osmofilm®.

Quels sont les effluents susceptibles d’être traités via ce procédé ? Au-delà du traitement des effluents phytosanitaires pour lesquels le procédé Osmofilm® a largement fait ses preuves, Michel Ménard cite les eaux de rinçage, les eaux chargées de tensio-actifs, les huiles solubles, les peintures acryliques ou encore les effluents d’imprimeries pour lesquelles les retours d’expériences attestent de l’efficacité du traitement. Mais ce ne sont là que quelques exemples, le procédé n’ayant pour seules limites que celles liées à l’évaporation. « On considère qu’un casier peut traiter entre 750 et 1.500 litres d’effluents par an, explique Michel Ménard, sachant qu’il est possible de multiplier le nombre de casiers en fonction de la surface dont on dispose ». 

Un important laboratoire situé en région parisienne exploite ainsi le procédé Osmofilm® sur une cinquantaine de casiers pour traiter les 50 m3 d’eaux de rinçage produits chaque année par le laboratoire. Pour des volumes plus importants, il faudra recourir à un système de serres si l’on souhaite conserver le même process de traitement, ou bien passer sur d’autres procédés consommateurs d’énergie. En revanche, pour des volumes plus réduits, Pantek a développé un système de casiers plus compacts, d’une contenance de 40 à 50 litres, susceptibles d’être placés en intérieur ou en extérieur.

Parmi les avantages du procédé Osmofilm®, son caractère écologique et sûr, mais aussi son côté économique. « L’achat d’un casier de déshydratation revient à 300 €, indique Michel Ménard. Quant à la sache d’Osmofilm®, elle est facturée autour de 20 € l’unité. Cela signifie que le coût moyen du traitement avoisine les 60 € par m3, bien en deca de procédés plus classiques comme l’incinération qui monte couramment vers les 250 voire 300 € le m3 ». Compte non tenu du transport qui fait souvent grimper les coûts, surtout lorsque la distance est importante… 

Un argument qui justifie d’y regarder à deux fois avant de continuer à dépenser des sommes importantes pour traiter des volumes qui pourraient être largement réduits.  

 

Vincent Johanet

 

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