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Edito

D comme Défaillance, S comme Solidarité

31 mai 2021 Paru dans le N°442 à la page 3 ( mots)
© Métropole de Lyon

D comme défaillance . Le rapport 2021 de l’American Society of Civil Engineers (ASCE) pour l'infrastructure américaine révèle que des progrès significatifs dans la restauration des infrastructures du pays sont à faire. Pour la première fois en 20 ans, l’infrastructure des Etats-Unis obtient la note D. Aviation, eau potable, énergie, voies navigables intérieures et ports…tous les secteurs sont concernés et logés à la même enseigne.

Sur les 2,2 millions de linéaire de réseaux d’eau potable, environ 6 milliards de gallons d'eau traitée sont perdus chaque jour, soit l’équivalent de 9 000 piscines. En même temps en France, la récente note de synthèse consacrée à l’état des connaissances sur le patrimoine, publiée dans la collection Les mémOs d’eaufrance, rappelle que sur les 850 000 km de linéaire posé, 1 litre sur 5 ne parvient pas à l’usager.

Face à cette situation, le gouvernement américain ne mégote pas. Il mobilise les trois-quarts de l’American Jobs Plan, doté de 2 300 milliards de dollars pour financer les infrastructures et donner la priorité à l’entretien de ses actifs.

Du côté des investissements pour améliorer la gestion de l’eau et les pratiques environnementales aux Etats-Unis, les principaux enjeux recensés en 2020 par l'ASCE concernent : le déficit annuel d'investissement dans l'eau potable et les eaux usées établi à 434 milliards de dollars d'ici 2029 ; les coûts de conformité règlementaire au plomb et au cuivre depuis 2019, estimés entre 130 millions de dollars et 286 millions de dollars ; le déficit en matière de main-d'œuvre évalué à 10,6% du secteur d’ici 2026.

Dans un contexte de prise de conscience croissante de l’urgence écologique, l’adoption du Plan Biden permettra-il en France de contribuer à éveiller les consciences et à faire comprendre aux décideurs et au grand public que le réseau d’eau potable est LE grand sujet des prochaines décennies ?

En septembre 2020, sur les 100 milliards d’euros annoncés, seuls 3,9 milliards d’euros ont été fléchés sur les travaux d’infrastructures. En décembre 2020, ce sont un peu plus de 700 millions d’euros de crédits qui ont été inscrits au budget 2021. Et en mai 2021, ce ne sont plus que quelques dizaines de millions d’euros qui ont été réellement engagées par les collectivités locales via les mécanismes de dotations d’État, explique la FNTP. En cause, le plan de relance qui apparait complexe à mettre en œuvre et loin du terrain.

En tout état de cause, s’il faut bien financer et entretenir régulièrement l’énorme infrastructure constituée en 200 ans pour desservir chaque usager en eau potable, collecter puis traiter ses eaux usées, la pénurie des matières métalliques et thermoplastiques doublée d’une flambée des prix et des coûts de transport qui touche de plein fouet les canalisateurs et les fabricants depuis près de six mois, exprime d’autant plus fortement la nécessité de faire preuve de "solidarité".

Tour à tour, Bruno Cavagné, président de la FNTP, Alain Grizaud, président des Canalisateurs, Jean-Luc Ventura, président de l’Union des Industries et Entreprises de l’Eau (UIE) réclament une adaptation de la commande publique et privée concernant l’extension des délais de chantiers, en plus d’une répercussion des prix des matières premières dans les projets en cours. « Nos TPE/PME sont à nouveau fragilisées par cette pénurie. Si nous voulons les préserver et assurer leur pérennité il faut se mobiliser et de façon très concrète » explique Jean Luc Ventura, président de l’UIE. Et Alain Grizaud d’ajouter. « C’est pourquoi, j’en appelle aux donneurs d’ordre et je leur demande d’utiliser les outils à leur disposition et de faire preuve de souplesse, pour que les entreprises puissantes participer pleinement à la relance sur les territoires ».