La 6e édition du salon Cycl’eau Bordeaux Nouvelle-Aquitaine s’est notamment distinguée par la première de l’initiative de coopération Africacoop’. Le salon fut aussi l’occasion pour les visiteurs d’échanger sur les tendances actuelles et les dernières nouveautés des exposants.
La 6e édition du salon Cycl’eau Bordeaux Nouvelle-Aquitaine, qui s’est tenue les 20 et 21 mai 2025 au Palais 2 L’Atlantique – c’est aussi la 25e édition des Cycl’eau – , fut une nouvelle fois l’occasion pour une grande partie des acteurs de l’eau de se retrouver dans la cité bordelaise, même si l’affluence dans les allées n’était pas aussi importante qu’espérée par l’organisateur, l’association Cycl’eau, et les exposants, en tout cas lors de la matinée de la première journée. L’organisateur a tout de même enregistré la venue de plus de 2 300 visiteurs et de 150 exposants.
En ouverture de la manifestation, Claudine Bichet, première Adjointe au Maire de Bordeaux en charge des finances, du défi climatique et de l’égalité entre les femmes et les hommes, a rappelé que « de tout temps, l’eau est la condition première de toute vie. Et, aujourd’hui, c’est une ressource menacée, un bien sous grande tension avec des sécheresses de plus en plus longues, des précipitations plus intenses, des inondations plus fréquentes, etc. Cette situation à l’échelle mondiale affecte tous les territoires et, à horizon 2050, le bassin Adour-Garonne va connaître un déficit annuel de 1,2 milliard de mètres cubes ».
Claudine Bichet précise que « face à cette menace, l’État a mis en place un Plan Eau prévoyant la réduction de 10 % à horizon 2030. Très clairement, cet objectif ne pourra être atteint que si chaque acteur, à son échelle, prend ses responsabilités en mettant en commun son savoir-faire pour favoriser la sobriété et l’économie des ressources. En rassemblant collectivités, opérateurs, entreprises et associations, Cycl’eau favorise ainsi l’intelligence collective, la coopération technique et politique, qui sont des conditions essentielles à notre réussite et à notre résilience ».
La première édition d’Africoop’
A l’image de la lutte contre le réchauffement climatique et du combat pour la préservation des ressources, qui doivent être menés à l’échelle internationale, l’association Cycl’eau a lancé, lors de cette édition 2025, Africacoop’ sur le thème « Thirst for Sharing » (Soif de partage en français). « Cette initiative inédite a pour ambition de devenir le rendez-vous de coopération incontournable des professionnels de la gestion de l’eau en Afrique et en Europe. Les grands thèmes spécifiques à l’eau sur le continent africain ont été abordés, comme le financement des projets et des innovations, l’usage de l’eau dans les villes, la réutilisation des eaux usées traitées (REUT), la sécurité de l’eau et son assainissement, etc. », a expliqué Jean-Claude Lasserre, président de Cycl’eau. Et il était difficile de rater cet espace de 1 500 m2 puisqu’un immense arbre à palabres en bois, résultat d’un projet pédagogique entre Cycl’eau, les Beaux-Arts de Bordeaux et La Planche, et réalisé par les Compagnons du devoir de Nouvelle Aquitaine, trônait au milieu.
Comme tout salon qui se respecte, Cycl’eau Bordeaux Nouvelle-Aquitaine fut l’occasion, pour les visiteurs professionnels, de (re)découvrir des innovations et des nouveautés lancées sur le marché ces derniers mois. À l’instar de la pompe doseuse à membrane beta/ X de ProMinent, lancée officiellement en février 2025 (voir EIN n°479). « Le successeur de la pompe beta, de capacité de dosage de 10 ml/h à 50 l/h, se distingue notamment par sa simplicité au niveau de l’affichage de l’état, des menus, de l’assemblage et du démontage, de la programmation et du transfert des données. Nous sommes par ailleurs le premier fabricant à avoir développé une version de doseur sans PFAS, ce qui relève d’un véritable défi pour conserver les caractéristiques chimiques et mécaniques des membranes en Teflon », a décrit Frédéric Le Metayer, Product Manager Pompes doseuses chez ProMinent France.
La filiale française du groupe indien Electrosteel mettait notamment en avant son projet industriel en cours de réalisation. « Ce projet baptisé Fonderie française de tuyaux décarbonés Electrosteel (F2TDE), qui est lauréat au Plan de relance, s’articule autour de trois étapes. La première est la décarbonation des transports, ce qui se traduit par l’utilisation de barges fluviales pour acheminer les produits – cela représente 6 000 camions en moins sur la route – , puis remonter les produits sur le Rhône vers les clients. La deuxième étape consiste en la décarbonation des chantiers, en réduisant les opérations pour enterrer les tuyaux grâce aux modèles FZMU, avec des gains de temps à la clé. Enfin, nous prévoyons de construire, en France, une usine de production de tuyaux en fonte ductile par recyclage des gisements de ferrailles françaises, en plus des cinq sites indiens », a expliqué Isabelle Demory, responsable de la communication chez Electrosteel France.
ABB renforce sa position sur le marché de l’eau
Comme l’a rappelé Pascal Bernard, responsable du segment Eau chez ABB Motion France, « 45 % du coût du traitement de l’eau potable provient de l’énergie consommée, d’où la recherche de réduction de la consommation énergétique. Pour cette décarbonation, nous proposons des briques technologiques (moteurs, variateurs, outils numériques avancés…) ». Dans de nombreuses régies, des moteurs anciens restent en service pendant plusieurs décennies, bien au-delà des normes actuelles de performance énergétique. « Afin de remplacer les moteurs de classe d’efficacité IE3 par des modèles à plus haut rendement, nous proposons des moteurs synchrones à réluctance SynRM de classe IE4 et IE5 [voir EIN n°470], voire IE6. À chaque changement de classe, les pertes d’énergie diminuent de 20 % », poursuit Pascal Bernard.
ABB propose également le variateur de vitesse ACQ580 dont les fonctions de pompage avancées optimisent les performances et réduisent la consommation énergétique des pompes, ainsi que le variateur de vitesse ACQ80 qui permet, via un algorithme MPPT intégré, à une pompe de fonctionner même par faible ensoleillement. « Dans les secteurs de l’eau et de l’assainissement, améliorer l’efficacité énergétique peut faire progresser le rendement global d’un système moteur-variateur de 2 à 10 % et celui d’un procédé de 30 à 40 % », a souligné Pascal Bernard.
Le salon Cycl’eau Bordeaux Nouvelle-Aquitaine fut également l’occasion pour ABB de réaffirmer son positionnement dans le domaine de d’instrumentation pour l’eau. « Nous proposons déjà une large offre d’instruments d’analyse avec des capteurs et des analyseurs colorimétriques (pH/redox, conductivité, turbidité, oxygène dissous, silice…), des transmetteurs, etc. En 2025, nous ambitionnons de développer nos parts de marché sur le secteur de l’eau », a annoncé Yann Bouvier, nouveau Business Development Manager France chez ABB. À la suite à l’acquisition, en 2024, du fabricant canadien Real Tech, le groupe helvético-suédois avait lancé la famille d’analyseurs basés sur la spectrophotométrie UV/Visible et de fluorescence UviTec pour la surveillance de la qualité de l’eau et des eaux usées (DBO/DCO, nitrates, UV254…).
Des nouveautés sur de nombreux stands
Au fil des stands, les visiteurs ont également pu découvrir d’autres nouveautés (voir aussi encadré). Plasson présentait sa nouvelle machine électro-soudable Polymax pour les chantiers de pose de réseaux sous pression les plus exigeants. Cette machine robuste et compacte (dimensions de 400 x 300 x 260 mm et masse de 12,3 kg) est capable de souder des tubes jusqu’à un diamètre de 1 600 mm, d’une manière fiable et rapide grâce à une lecture du code-barres par douchette, une saisie manuelle ou la reconnaissance automatique des raccords du fabricant via son appli SmartFuse.
Du côté de Müller Water Products, le fabricant mettait en avant le coude orientable verrouillé de Krausz, également appelé Swiveljoint, pour les réseaux d’eau potable sous pression. Ce raccord mécanique permet de réaliser des coudes à angle variable, tout en garantissant une étanchéité et une résistance aux efforts mécaniques très élevées, y compris dans des conditions de pression élevées. Le système de rotation contrôlée et de verrouillage mécanique assure une orientation précise du coude sur site, facilitant le raccordement entre conduites en cas d’alignement difficile. Compatible avec une large gamme de matériaux de conduites (acier, fonte, PEHD, PVC…), le coude orientable de Krausz s’installe rapidement, sans soudure ni outillage spécifique, limitant ainsi la durée des interruptions de service et les coûts d’intervention.
Quant à la société EIE, la filiale du groupe Claire présentait la machine à percer à avance automatique Iron Map. Après un armement simple et rapide, un perçage rapide – l’Iron Map est dix à vingt fois plus rapide qu’une machine manuelle – est assuré par une visseuse électro-portative pour des diamètres de percements en charge de DN20 à DN40, sans interruption d’eau sur le réseau. En plus d’être rapide, la nouvelle machine, qui est entièrement conçue à partir de matériaux recyclables et fabriquée en France, garantit une coupe précise (pas d’effets d’à-coups, évacuation optimisée des copeaux…) préservant ainsi l’intégrité des canalisations et réduisant la fatigue et le risque de troubles musculo-squelettiques (TMS) des opérateurs.
Une place accrue des solutions numériques
Xylem mettait en avant sa plateforme Xylem View dans le cadre de la transformation numérique des acteurs de l’eau. « Après la pose d’instruments pour remonter les données, l’étape suivante est l’exploitation de ces données. C’est ainsi qu’en plus de rassembler toutes les données sur une seule et même plateforme, nous proposons désormais des logiciels dédiés chacun à un métier donné. Il s’agit en fait de “nettoyer” les données pour les rendre pertinentes », rappelle Yann Ezan, Business Developer Manager au sein de l’activité Analyse structurelle et Évaluation des réseaux chez Xylem.
Les visiteurs pouvaient également voir sur son stand plusieurs produits récents du fabricant, tels que le panneau pré-monté personnalisable WTW, la sonde de carbone total WTW CarboVis 705 IQ et la bouée autonome instrumentée YSI DB600. « Le panneau pré-monté personnalisable de la marque WTW [voir EIN n°474] permet de surveiller l’eau potable en mesurant jusqu’à cinq paramètre, à savoir le pH/redox, le chlore libre et total, l’oxygène dissous et la conductivité, ainsi que la turbidité en option. Ce panneau se caractérise aussi par une économie importante de l’eau rejetée car le débit nécessaire n’est que de 15 l/h au lieu de 35 à 40 l/h », décrit Fabrice Ropers, expert commercial pour le marché Instrumentation Process Eau & Énergies marines renouvelables chez Xylem Analytics France.
Au début de l’année 2025, Lacroix et Purecontrol ont annoncé un partenariat portant sur la gestion dynamique des postes de relevage (voir EIN n°479). En associant des postes locaux de télégestion Sofrel S4W et un logiciel de pilotage dynamique et adaptatif, basée sur des algorithmes d’intelligence artificielle (IA), les deux partenaires proposent une solution capable de passer d’un mode « temps sec », avec un objectif de réduction des consommations énergétiques, à un mode « temps de pluie » pour limiter les débordements. Les résultats obtenus sont une économie de 10 % en moyenne sur la facture énergétique et une réduction des débordements de 20 à 70 % selon l’intensité météorologique. « Notre solution logicielle peut intervenir à toutes les étapes du petit cycle de l’eau comme la gestion prédictive de la ressource en termes de quantité et de qualité, l’optimisation de l’aération du traitement des eaux usées, l’aide à la détection de fuites, etc. », précise Pauline Lorin, Marketing Manager – BU Water chez Purecontrol.
Enfin, la jeune pousse française Leakmited, créé en 2019 par Hubert Baya Toda et spécialisée dans la détection de fuites d’eau via l’IA, accélère son développement à l’international et, en particulier, dans les pays du Sud. La société, qui est déjà présente en Angleterre, Brésil, Bulgarie, Italie et Jordanie, a par exemple récemment mené une mission d’export au Maroc. En combinant l’expertise métier de ses équipes de terrain et la puissance des données, les outils Sprint (solution de recherche de fuites rémunérées à la performance) et Twin (jumeau numérique d’optimisation budgétaire) contribuent à la préservation de la ressource des grandes agglomérations comme des territoires ruraux.
« D’ici à la fin de 2025, nous lancerons l’outil de supervision Sentinel, qui réalisera une surveillance continue et une analyse sectorisée des débits. Cet outil permettra d’identifier rapidement les zones critiques, d’ordonnancer efficacement les actions – envoyer une personne dès qu’un problème surgit – et de suivre leur avancement en temps réel », a annoncé Claire Guillou, responsable marketing chez Leakmited. Une fois l’édition bordelaise terminée, l’association Cycl’eau donne rendez-vous les 5 et 6 novembre prochain pour Cycl’eau Clermont-Auvergne 2025 et les 25 et 26 mars pour Cycl’eau Toulouse-Occitanie 2026.
Vus également au fil des allées
· Amiblu France : solution de canalisation en PRV PROX caractérisée par une réduction des émissions de CO2 grâce à l’utilisation de matières premières innovantes, des procédés de fabrication responsables et un mode de transport à faible émission de CO2.
· Aqualabo : le capteur LowTuS (voir EIN n°464) est un turbidimètre optique auto-nettoyant destiné à la mesure des faibles gammes (0-10 NTU et 0-100 NTU) – il utilise méthode néphélométrique à diffusion de lumière à 90° (ISO 7027) – et les appareils portables Neon, désormais monoparamètre, mesurent le pH/redox et la température (sonde PHEHT), l’oxygène dissous (sonde Optod), la conductivité, la salinité de l’eau et la température (sonde C4E), le voile de boue ou la turbidité.
· Dyka : GeoGuard, PE100 pré-enrubanné bas carbone pour réseaux d’adduction d'eau potable et caissons isnpectables d’infiltration/rétention des eaux pluviales Rainbox C+.
· Grundfos : système de dosage numérique Smart S DDA-C, solution de télégestion multi-utilisateurs et prête à l’emploi Grundfos Connect et l’hypervision Grundfos Utility Analytics pou rles réseaux d’eau ou d’eaux usées.
· KSB : pompe haute pression de rendement IE4 ou IE5 MultiTec Plus pour l’eau et l’environnement, pompe submersible, avec détection automatique de bouchage et rendement IE5, AmaRex Pro (voir EIN n°476) pour les eaux usées.
· Lacroix Environment : en associant un enregistreur de données 4G LPWAN, l’application mobile My Sofrel LogUp et la plateforme IoT centralisée LX Connect, le Sofrel LogUp (voir EIN n°477) est une solution globale, optimisée et sécurisée pour la surveillance à distance des réseaux d’eau potable et d’eaux usées, la supervision full web LX Scada (voir EIN n°4652) permet de piloter facilement les réseaux d’eau, de CVC et d’électricité, de suivre en temps réel les données de télégestion et de fournir une visibilité complète des opérations.
· O2D Environnement : dalles végétalisées O2D Moss avec une dalle support TTE de parois d’alvéoles de 14 mm d’épaisseur et un substrat constitué de pouzzolane (un matériau naturel provenant du centre de la France) ou de tuiles concassées issues du recyclage, géotextile dépolluant d’Amter, qui retient et biodégrade les hydrocarbures des eaux.