Les collectivités en charge des services publics d’eau et d’assainissement s’inquiètent d’un manque d’ambition et de moyens pour résoudre la protection des captages prioritaires et sensibles. Le risque est une exposition des populations à un risque sanitaire majeur et la fermeture de nombreux captages d’eau potable d’ici dix ans.
La France compte 33 000 captages d’eau potable, dont environ un tiers est aujourd’hui affecté par des pollutions. Depuis 2013, 1 150 captages ont été déclarés « prioritaires », à savoir qu’ils rencontrent des dépassements répétés des valeurs limites sur certaines pollutions d’origine agricoles. Entre les coûts exorbitants du traitement et, surtout, la multiplication des sources de pollution (pesticides et métabolites, polluants d’origine industrielle…), le nombre de captages « prioritaires » est resté stable au fil du temps, ce qui témoigne du manque de moyens portés aux mesures préventives pour réduire la présence de ces pollutions dans nos ressources, affirme l’association Amorce.
Les négociations dans le cadre du groupe national captage, lancé par le gouvernement dans le cadre de la Feuille de route nationale sur la protection des captages face aux pollutions, qui sont en cours depuis mars 2025, restent au point mort. Les collectivités en charge des services publics d’eau et d’assainissement tirent donc la sonnette d’alarme face au risque, désormais bien réel, d’exposition des populations à un risque sanitaire majeur et de fermeture de nombreux captages d’eau potable d’ici dix ans, en l’absence d’un plan d’ampleur de résorption des captages menacés.
L’association appelle donc à la mise en œuvre d’un plan de résorption des captages menacés, s’articulant autour de plusieurs axes. Il s’agit d’abord de la définition d’un objectif national ambitieux de résorption des captages, dont les valeurs limites de pollution dépassent les normes de potabilité, objectif décliné par région sous la responsabilité des préfets et intégré aux documents de planification de la politique de l’eau, en visant une réduction de moitié d’ici dix ans. Un deuxième axe réside dans la détermination de critères minimum, pour toutes les pollutions, de qualification d’un captage comme « sensible » et « prioritaire », déclenchant ainsi la définition d’une aire d’alimentation de captage par arrêté préfectoral.
Coût annuel de plus de 2,5 milliards d’euros
Dans les territoires concernés, Amorce souhaite la mise en place obligatoire d’une instance multi-acteurs (troisième axe) chargée d’établir un plan d’action volontaire pouvant aller jusqu’à la contrainte réglementaire pour les captages dits « prioritaires », plan validé par le préfet et animé par les collectivités en charge de la distribution d’eau. Le quatrième axe consiste à définir, en concertation avec les acteurs concernés, un plan d’urgence pour le financement de la lutte contre ces pollutions, incluant des mesures préventives et curatives.
Enfin, Amorce estime que le coût annuel de la gestion des pollutions en captage s’élève à plus de 2,5 milliards d’euros qui se répartissent pour 400 millions d’euros (gestion curative des non-conformités liées aux pesticides), 1,13 milliard d’euros (traitement de l’eau potable polluées par les PFAS) et 1,1 milliard d’euros (accompagnement des changements de pratiques agricoles autour des captages sensibles).
Au-delà de l’appel à la mobilisation générale des acteurs concernés et à un dialogue renforcé, en particulier avec le monde agricole, Amorce veut que les multinationales à l’origine des process ou produits polluants, et dont les résultats financiers permettent largement l’application du principe pollueur-payeur, financent ce plan d’urgence, plutôt que cette charge ne repose uniquement sur les populations.

