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L'entretien, une question clé en ANC

21 juin 2016 Paru dans le N°392 à la page 27 ( mots)
Rédigé par : Frédéric HENIN

Concevoir, installer et exploiter un système d'assainissement non collectif relève trop souvent du parcours de combattant. En neuf ou en rénovation, c'est un investissement souvent contraint. Les propriétaires ignorent trop souvent qu'une des clés de la réussite en la matière repose sur l'entretien. Mais cet entretien coûte : sur quinze ans, il peut doubler, voire tripler, le montant de l'investissement initial.

« L’assainissement non collectif (ANC) n'est pas l’assainissement du pauvre, c’est une technologie à part entière qui repose sur un vrai savoir-faire. Elle est la seule alternative pour mettre aux normes des résidences en zones rurales dépourvues de stations d’épuration », explique Anthony Borel, directeur technique d’Eloy Water France. « Il n’y a pas deux assainissements, abonde Christian Vignoles, directeur d’Assainissement Vignoles Consulting, le collectif, qui serait moderne et de progrès, géré par la collectivité, et le non collectif qui ne serait en fait qu’un assainissement par défaut, qui serait instauré pour faire patienter jusqu’à l’arrivée du collectif et géré par le particulier ».

Tous les professionnels sont d’accord : l’assainissement non collectif reste « la » solution de traitement des eaux usées domestiques issues d'une maison individuelle isolée. À la condition d’être correctement réalisé sans négliger l'entretien. Et à condition de suivre les installations dans le temps. Les mentalités évoluent, notamment en

Systèmes d'ANC en fin de vie :

une question pas encore d’actualité

« Les manuels d'utilisation des filières d'assainissement publiés par le ministère du développement durable ne mentionnent pas le coût du recyclage car les estimations sont faites sur quinze ans, conformément à l'arrêté de 2009 », rappelle François Le Lan chez Tricel.

Mais surtout, l'assainissement non collectif est le meilleur outil de protection de l'environnement car les déchets sont diffus et les boues ne sont pas particulièrement dangereuses. Les médias filtrants peuvent même être compostés. Reste que selon le guide d'information générale sur les installations du ministère du développement durable, « les installations d'assainissement non collectif en fin de vie sont des déchets qui doivent être traités suivant la réglementation en vigueur... il convient donc de recourir selon cet ordre à la réutilisation, au recyclage ainsi qu’aux autres modes de valorisation et, en dernier recours, à une élimination sans risque et compatible avec l'environnement ».

En matière de mise aux normes. À Jeantes, dans l'Aisne, une exploitation agricole de 37 hectares mise en vente en 2015, comprenait un corps de ferme fortifié construit en 1633. En application de l'article L 271-4 du code de la construction et de l'habitation, le vendeur a fourni, dans le dossier de diagnostic immobilier joint à la promesse de vente, un document délivré par le Service public d’assainissement non collectif (Spanc), informant l'acquéreur de l'état du système d'épuration des effluents du corps de ferme. Le nouveau propriétaire a dû réaliser les travaux de mise aux normes dans l'année qui a suivi l’acquisition du bien, conformément à la loi. Il a opté pour une filière agréée. Présent à la mise en service, le constructeur de cet assainissement a remis au propriétaire un guide d'entretien de quelques pages, bien plus facile à comprendre que le manuel d'utilisation disponible sur le site du ministère du développement durable de près de 50 pages ! Le propriétaire a souscrit un contrat prévoyant une visite par an (150 € HT) pour contrôler les paramètres de fonctionnement de la microstation. La cuve de 4500 litres, prévue pour 7 équivalents habitants, sera vidangée tous les 4 ans (250 € HT). Au total, l'entretien sur quinze ans double le montant de l'investissement initial de 5000 € HT, ce qui est tout à fait raisonnable.

Replacer le propriétaire

au cœur de l’ANC

La mise aux normes de cette ferme picarde n'est pas un cas isolé. Elle ne doit pas, évidemment, sa non-conformité à la date de sa construction. « La France représente 50 % du parc européen des stations d'assainissement non collectif à renouveler, avec 5,3 millions de dispositifs installés. Et dans les communes françaises de moins de 400 habitants, 70 % des installations sont non "conformes" », rappelle Eric Renard chez Obio Environnement.

Le marché est donc important. Pour doter leur résidence d’un système d’ANC, les particuliers ont le choix. Les filières traditionnelles (fosses toutes eaux classiques, réseau d'épandage avec filtre à sable), bien qu’en régression, représentent encore de 75 à 80 % des 100 000 à 110 000 installations neuves (chiffres 2013). Autre possibilité, les filtres compacts proposés par Ouest Environnement, Premier Tech Aqua, L'Assainissement autonome, Simop, Eparco, Eloy Water, Stradal, Stoc Environnement, Biorock, Sotralentz, Tricel ou encore Biotec Environnement qui représentent environ 20 % des nouvelles installations. Ou bien encore, les filtres plantés proposés par Aquatiris, IFB Environnement, BlueSET®, Sinbio ou Stoc Environnement et les microstations d’épuration proposées par ATB, Tricel, Graf, Sebico, Sotralentz, Hydrheco, Stradal, NDG Eau, Bionest, Eauclin, Epur, SMVE, Obio, ou Adis Exhen.

Reste à faire un choix, ce qui est loin d'être simple. « En 2016, celui qui décide, pour être en règle, de s’équiper d'un ANC, entreprend une démarche où beaucoup de courage et de conscience environnementale vont lui être nécessaires, souligne Christian Vignoles, chez AVC. L’investissement à faire demande une lourde dépense immédiate et les perspectives de ce que coûte l'exploitation sont floues. L'assistance réglementaire n’existe pas, puisque les textes lui laissent supposer qu'il pourra exploiter lui-même, mais il reste sceptique. Sur Internet, il trouve des produits avec agréments, mais extraire de cette masse d'informations celles qui lui sont indispensables est un exercice pour lequel il n'est pas préparé. Le SPANC assurera un contrôle de conformité au projet, mais sur un chantier de deux jours, un contrôle de dernière heure n'est pas une réception de travaux pour laquelle le SPANC n'a, de toute façon, pas autorité. En 2016, le propriétaire assume tous les risques, doit prendre toutes les responsabilités, choisir sans vraiment avoir les clés de ses choix ». Cette situation pèse sur le marché de l’ANC. En Belgique ou en Allemagne, les prescriptions sur les installations d’assainissement sont intégrées depuis longtemps.

[Photo : Les filtres compacts Ecoflo de Premier Tech Aqua présentent la particularité de reposer sur l'utilisation de fragments de coco plutôt que sur des matières minérales ou synthétiques telles que des laines minérales, des plastiques ou des mousses polyuréthanes.]
[Publicité : STOC Environnement]
[Photo : Le média filtrant du nouveau filtre compact Seta de Tricel repose sur de la fibre de coco, riche en lignine, ce qui lui confère une grande rigidité, une bonne imperméabilité à l’eau et une excellente résistance à la décomposition et donc une appréciable longévité. Le tout dans les mêmes cuves en PRV que les microstations Tricel.]

Dans les normes de construction des maisons et leur entretien est obligatoire. Elles sont mêmes incluses dans l’offre commerciale du constructeur. Une telle surveillance permet un lissage des vidanges et un meilleur fonctionnement des équipements et de leurs composants électromécaniques, lorsqu’elles en sont dotées.

En France, « la souscription d’un contrat d’entretien n’est pas obligatoire, même si afin de garantir un bon fonctionnement général, un bon écoulement, une accumulation normale des boues et des flottants, explique Aline Sanson, Chef Produits Assainissement chez Simop. Les fabricants stipulent les consignes à respecter, et se doivent d’établir un guide lorsqu’il s’agit de filières agréées. Les installations ne doivent pas porter atteinte à la salubrité publique, à la qualité du milieu récepteur, d’après l’article 2 de l’arrêté, il paraîtrait donc évident qu’une installation d’ANC soit suivie et entretenue. Cette notion doit être prise en compte lors du choix d’une installation ».

[Encart : Une nouvelle norme pour l’entretien des installations d’ANC La norme NF P16 808 : Entretien des installations d’ANC, publiée le 16 janvier 2016, définit les principales prestations relatives à l’entretien des installations d’assainissement non collectif. Elle couvre le diagnostic des installations en vue de la contractualisation de leur entretien et accompagne le prestataire dans la définition de son offre de services et des méthodes mises en œuvre sur le terrain. Elle permet au client et au prestataire d’identifier les prestations susceptibles d’être contractualisées, et de caractériser le niveau de la qualité des prestations au moyen d’indicateurs de performances. La description des opérations d’entretien faite par la norme concerne toutes les installations d’ANC, quelle que soit leur taille. La première partie de la norme décrit le type d’installations effectivement réalisées avec une sous-partie relative aux éléments communs à toutes les installations d’ANC et une sous-partie relative aux éléments propres à chaque famille de filières (installations à boues, installations à massif filtrant et installations à boues activées). La norme opère ensuite chronologiquement : de la collecte des informations sur l’installation à la mise en œuvre effective de l’entretien. Elle se compose de quatre grandes parties : • Connaissance de l’installation (Chapitre 4) ; • Entretien et maintenance : préconisations d’intervention et identification des opérations (Chapitre 5) ; • Mise en œuvre de l’entretien (Chapitre 6) ; • Qualité de service et entretien (Chapitre 7). Les annexes regroupent des tableaux descriptifs listant les opérations de surveillance, d’entretien et de maintenance à réaliser selon chaque composant de chaque filière. Y figure également un modèle de contrat de suivi d’une installation.]

Des guides d’utilisation pas toujours fiables

Des guides d’utilisation réalisés par les constructeurs de station d’assainissement et publiés sur le site internet du ministère du Développement durable sont librement téléchargeables. Ils fournissent, pour chacun des systèmes en vente, les informations nécessaires pour assurer régulièrement leur bon fonctionnement.

Toutefois, les coûts d’entretien mentionnés découlent des tests réalisés durant la période d’essais d’agrémentation en laboratoire de huit mois. Et leurs estimations ne reflètent pas toujours la réalité observée sur le terrain, selon la plupart des industriels consultés.

Pour Hubert Willig, Président de l’IFAA, « Les livrets d’utilisation sont le résultat d’une mauvaise gestion des règles édictées lors de leur rédaction par les ministères en 2008. Aucun cahier des charges n’avait été prévu. On récolte toujours ce que l’on sème. Et surtout, on n’apprend pas des erreurs du passé, lorsque le marché de l’ANC compact a été réduit à néant à la fin des années 80 par manque d’entretien ».

Mais au-delà même du fond, qui lit un guide de 50 pages ? Et surtout, quel propriétaire est, à l’aide de ces guides, en mesure de comparer les coûts d’exploitation des équipements disponibles avant de choisir la filière la plus appropriée tant l’offre et la diversité des systèmes proposés est importante ?

Certains professionnels s’efforcent d’y remédier. « L’essentiel de ce qu’il faut retenir du fonctionnement de chacune de nos filières est dilué dans le détail », déplore Gérald Nissen de Biotec Environnement.

[Photo : Le filtre compact X’Perco® C-90 d’Eloy Water se compose d’une cuve en béton garantie 15 ans, d’un nouveau média filtrant composé de fibres naturelles de bois, le Xylit, et d’un système breveté de distribution de l’effluent permettant de contrôler et d’ajuster à tout moment son niveau.]
[Publicité : eloy water]
[Photo : Les filtres Compact'O® de l'Assainissement autonome sont constitués de deux étages de média filtrant, d'un étage de réaération et d'un indicateur visuel de perte de charge. Le principe épuratoire repose sur le procédé de filtration aérobie sur laine de roche et assure le traitement sans électricité ni équipements électromécaniques. Un indicateur visuel de perte de charge permet un entretien préventif du filtre.]

C'est pourquoi nous distribuons des petits guides de 8-10 pages qui contiennent l’essentiel de ce qu’il faut retenir. Mais cette initiative n’a été reprise que par quelques fabricants.

Les constructeurs de dispositifs d’ANC, tout comme les revendeurs et les installateurs, ont naturellement tendance à minimiser les frais que représente l’entretien des systèmes d’ANC dont ils n’ont pas la charge. Ils savent bien que la concurrence très vive entre les systèmes porte parfois sur des différences de prix minimes (quelques dizaines d’euros) à l’achat et non sur les économies potentiellement réalisables en entretien. Dans ces conditions, sensibiliser le particulier sur l’importance à accorder à l’entretien de leur assainissement s’avère ardu. « Bien que cela relève pourtant du simple bon sens », comme le déplore Gwenaël Le Viol chez Premier Tech Aqua.

Opter pour une approche globale et transparente

« Des systèmes d’ANC qui ne nécessitent aucun entretien, ça n’existe pas ! Sinon, on ment au propriétaire », ajoute de son côté Anthony Borel chez Eloy Water. « En 2016, à quelques exceptions près, le fonctionnement d’une unité de type “microstation” sans surveillance en continu – entre 6 mois voire un an – revient à accepter sa déficience, assène Christian Vignoles, AVC. Pour un filtre compact, ce délai passe à environ 2 ans et demi ».

L’entretien dépend de la nature des systèmes mis en place. Mais dans tous les cas de figure, il comprend un entretien minimal qui consiste à nettoyer le préfiltre, à mesurer les boues, à brasser les media filtrants (fibres de coco, xylit, coquilles de noisettes) pour émulsifier la couche de graisse qui se dépose et à maintenir en état de fonctionnement les équipements électroniques.

Il faut réaliser la fameuse vidange, dont la fréquence dépend de nombreux paramètres parmi lesquels la dimension de la cuve et plus précisément du volume de stockage des boues. C’est un coût déterminant dans le budget de fonctionnement d’un système d’ANC. À ceci, il faut ajouter la visite du Spanc, une fois tous les huit ans environ pour un coût moyen de 167 € HT, très variable d’un Spanc à l’autre, lui aussi. Ces frais s’ajoutent au montant de l’investissement initial réalisé : étude du sol, dossier et contrôle du Spanc payants, connexion en amont et en aval et, pour les micro-stations, l’électricité consommée. « Attaché à la performance épuratoire de nos filières compactes, nous informons toujours nos clients que l’entretien de leur système d’assainissement est essentiel », explique Gwenaël Le Viol de Premier Tech Aqua. « Nous, nous n’hésitons pas à leur affirmer que les préfiltres doivent être nettoyés tous les ans et le matériau filtrant du filtre est à renouveler tous les 12/15 ans. Mais nos arguments ne sont pas toujours les plus appropriés face à des concurrents qui axent leur stratégie de vente sur les prix ».

Certains constructeurs et installateurs de systèmes d’ANC optent pour une approche globale du projet. L’objectif est de faire en sorte que la question de l’entretien des installations

[Photo : Pour éviter toute mauvaise surprise, le niveau de boues peut être suivi sur Smartphone avec les nouveaux systèmes Bioxperco.]
[Photo : De conception monobloc, la filière compacte Stratapur’ Maxi de Straadal comprend un compartiment de prétraitement des eaux avec préfiltre intégré et un compartiment avec filtre compact coco Premier Tech.]
[Publicité : Fournilabo]
[Publicité : Bionut / SIMOP]
[Encart : texte : Coûts d’exploitation : un bilan difficile à réaliser Un entretien correct garantit une durée de vie plus longue des équipements d’assainissement non collectif. Son coût devrait être systématiquement intégré au montant de l'investissement de chaque projet. Les guides d'utilisation mentionnent, par matériau, les coûts d'entretien sur 15 ans, mais ils n'ont pas été estimés en conditions réelles. Résultat, les fréquences de vidange des fosses de grandes dimensions sont surestimées et celles de petite taille, sous-estimées. Or, ce poste pèse lourdement sur le bilan économique des filières. Par ailleurs, la structure des coûts d’entretien de chaque filière n'est pas identique. Pour les filtres compacts, un contrôle préventif annuel doit être opéré sur la cuve pour éviter les dysfonctionnements, notamment nettoyer le préfiltre et la boîte de répartition (130 €/an). Il faut ensuite suivre la mesure de boues, déterminer la date de vidange et la réaliser (de 150 à 300 €, fréquence selon la taille de la cuve). Le changement du média filtrant : 1 500 €. Soit un total d’environ 3 000 € sur 15 ans. Pour les micro-stations, il faut prévoir la vidange (150 € à 300 € HT, fréquence selon la taille de la cuve), ainsi qu'un contrôle tous les ans (de 130 à 150 € par an) avec une vérification des différents composants (compresseur, etc.). Anthony Borel, chez Eloy Water, qui commercialise les deux technologies (filtre compact et micro-station à culture fixée), estime que l'entretien de ses micro-stations n’est pas plus onéreux que celui de sa filière compacte. La différence réside dans la répartition du coût d'exploitation hors vidange. La micro-station engendre un coût annuel (électricité, lissage du remplacement des pièces d’usure) de l'ordre de 80 à 90 € alors que le filtre compact XPerco est dispensé de cette dépense annuelle mais nécessite le changement du média filtrant au bout de 15 ans s'élevant à 1 400 €. Sur 45 ans, le coût est donc identique. ]

…équipements électromécaniques en particulier) ne soit plus aussi souvent sous-estimée. Car le client final a trop rarement conscience que l’entretien sur quinze ans, double, voire triple le montant de l’investissement initial de leur installation d’assainissement (cf. encadré). Même si les constructeurs d’ANC s’efforcent d’alléger autant que possible le poste entretien.

La mise en service : une étape charnière

L'entretien des systèmes d’ANC met en jeu l'image et la crédibilité des industriels et de leur filière. Beaucoup redoutent une cascade d'incidents avec comme conséquences, des équipements hors d’état de fonctionnement et des clients mécontents, prêts à se lancer dans des batailles judiciaires, soutenus par les associations de consommateurs très virulentes sur le sujet, promptes à s’enflammer et à monter au créneau contre les industriels de la filière d’assainissement non collectif.

Quoi qu'il en soit, et chacun en convient, la question de l’entretien des systèmes d’assainissement se joue dès le moment de la mise en service chez le client final. Raison pour laquelle de plus en plus de constructeurs souhaitent être présents et y être associés. Certains le font systématiquement, comme Tricel et Sotralentz. Mais quelle que soit l’approche retenue, la mise en service des dispositifs d’assainissement est l'occasion, pour ces constructeurs, de reprendre la main sur des projets jusque-là confiés à des installateurs, souvent des terrassiers, qui ont été tout au long du projet, les seuls interlocuteurs de leurs clients. Lors de la mise en service, les industriels entrent ainsi en contact avec ces derniers auxquels ils leur proposent de souscrire un contrat d’entretien. Mais seule une petite fraction d’entre eux (8 à 10 % selon Eloy Water) optent pour cette solution. Pourtant, les constructeurs ne manquent pas d’idées pour tenter de convaincre leurs clients d’en souscrire un. Eloy Water offre le premier entretien gratuit pour rassurer le propriétaire du système et lui montrer le contenu de la prestation. « L’ensemble des partenaires-distributeurs exclusifs de Tricel ont pour obligation contractuelle de proposer des contrats d’entretien, souligne de son côté François Le Lan, directeur général, mais ils sont libres de leur approche ».

Certains offrent la première visite annuelle (laquelle aboutit souvent à la signature d'un contrat d’entretien pour les années suivantes), d’autres proposent le contrat d’entretien au moment de la commande de la filière ou encore ont établi un système de relance automatique. Le client reçoit alors une proposition de visite d’entretien douze mois après la mise en service de sa microstation, etc.

C'est aussi le cas de Sotralentz qui offre également le premier entretien gratuitement et relance annuellement ses clients pour rappeler leur obligation d’entretien. De même, et pour sécuriser le particulier, Graf a inclus son “pack service” à l'ensemble de ses microstations. Il comprend la validation de la bonne mise en œuvre, la mise en service et le premier entretien annuel.

« Lors de la mise en service d'une installation, nous remettons systématiquement à notre client le certificat de garantie de l’installation et un carnet d’entretien », explique de son côté Alain Gaillard, directeur de Stoc Environnement. L'Assainiste de Stoc Environnement effectue la mise en service, souvent en présence du SPANC. « Ce rendez-vous est très important pour la tranquillité d'esprit du propriétaire. C’est l'occasion de refaire le…

[Photo : La microstation à cultures fixées Aquameris AQ2 de Sebico regroupe l'ensemble des fonctions du traitement dans une même cuve compartimentée : prétraitement, réacteur biologique et clarificateur.]
[Publicité : EPUR BIOFRANCE]

point avec lui sur les conditions d'entretien de l'installation et de rappeler qu'il est indispensable au bon fonctionnement du système d'assainissement, et pas uniquement en cas de dysfonctionnement. Les dispositifs complémentaires (ventilation, dégrillage, dégraissage...) sont à surveiller, ainsi que le bon écoulement des effluents dans les ouvrages et regards, qui doivent rester accessibles pour les opérations d'entretien et de contrôle.

Pour la maintenance, les Assainistes de Stoc Environnement recommandent à leurs clients le réseau AMI Assainissement, l'une des premières sociétés de services en France à mettre en œuvre la nouvelle norme entretien NF P 16-008 (janvier 2016) lors de ses interventions d'entretien et dépannage de dispositifs ANC, auprès des particuliers, industriels et collectivités.

Epur a également développé sur le territoire un réseau de dépositaires régionaux en charge des services de proximité, en ce compris la maintenance. « Mais si un fabricant ne dispose pas d'un service de proximité – et il y en a de nombreux –, qui assurera cette prestation ? » s’interroge Marcel Hartenstein. La qualification des personnels de maintenance est un autre problème. Selon les textes, la maintenance est un marché ouvert. Le SPANC peut en prendre compétence s’il le souhaite, l’usager peut en assurer lui-même la prestation, à l’exception de la vidange qui devra être assurée par un vidangeur agréé.

Au-delà de la seule maintenance, s’ajoute également le dépannage, peu évoqué. Ici, la prestation nécessitera de l’opérateur une connaissance technique approfondie, générale et spécifique à chaque modèle et marque. La multitude de filières disponibles sur le marché (plusieurs centaines) interdit quasiment à une société de services de disposer localement des spécialistes dans toutes les matières. Epur a donc créé un Centre de Formation Maintenance ouvert à tous les opérateurs qui le souhaitent. « Plusieurs personnels de SPANC ont déjà suivi ces cycles de formations qui se sanctionnent par une accréditation Epur et la signature de notre Charte Qualité Maintenance, souligne Marcel Hartenstein. Tous nos dépositaires régionaux ou leur personnel dédié ont suivi et suivent nos cycles de formation ».

Rendre les contrats obligatoires?

« A défaut de contrat de maintenance,

[Encart : ATB propose deux types de microstations : la microstation Puroo PE 1-5 EH et la Puroo PEA 1-5 EH. La différence principale réside dans la capacité du décanteur, plus importante dans la Puroo PE AD 1-5 EH (5 m³ au lieu de 1,80 m³). Conséquence : cette dernière pourra être vidangée tous les 4 ans (voire au-delà) alors que la Puroo PE 1-5 EH devra être vidangée tous les 2 ans (retour d’expérience sur près de 80 000 installations).]
[Photo : Les microstations d’épuration Picobells de Hydrecho présentent la particularité d’un traitement à cultures fixées libres. La technologie repose sur un média de même densité que l’eau ce qui assure de bons rendements. Exemple d’une station d’épuration Picobells de 24 EH dans un corps de ferme vaste gîte dans le Maine-et-Loire.]
[Photo : Oxyfiltre de Stoc Environnement est agréée jusqu’à 17 EH y compris pour un fonctionnement intermittent.]
[Publicité : Hydrheco]
[Publicité : Éditions Johanet]
[Publicité : Ouest Environnement]
[Photo : Le filtre à sable amélioré Enviro))Septic est une filière extensive, n’utilisant pas d’énergie, pas de pièces mécaniques, ni de changement de média. Seule la vidange de la fosse toutes eaux est à prévoir à 50 % de hauteur de boue selon la réglementation.]

Cette mise en service est au moins, pour les constructeurs, l’opportunité de référencer et de tracer les matériels installés pour assurer un minimum de suivi, explique Laurent Jeanne, directeur de l’Assainissement autonome. Mais dans tous les cas de figure, les propriétaires ne pourront faire valoir la garantie de leur filière auprès des constructeurs, en cas de dysfonctionnement, que s’ils l’ont entretenue ou s’ils en ont confié sa maintenance à un professionnel. Reste que contrat ou pas, les propriétaires ne sont pas à l’abri d’un contrôle du Spanc, payant, à qui il revient de vérifier périodiquement l’absence de risque sanitaire et environnemental et de non-conformité. Et le cas échéant, de blâmer le propriétaire de la filière défectueuse.

Selon José Parga de SMVE, le problème de l’entretien ne se poserait plus si les contrats d’entretien étaient rendus obligatoires. Un point de vue partagé par Philippe Reymond, chef de marché ANC chez Stradal. Stéphane Bavaveas, Eparco, se montre plus prudent en faisant valoir une approche pragmatique. « S’il est vrai que l’entretien d’une installation est indispensable, la souscription de contrats auprès de professionnels de l’ANC ne devrait devenir obligatoire que pour les équipements qui le nécessitent ; ceux comportant par exemple des éléments électromécaniques. Rendre obligatoire un contrat pour un système traditionnel qui nécessite une vidange de fosse toutes les 4 à 5 ans n’aurait pas de sens. Cela doit rester une prestation à commander au coup par coup ».

« En fait, une partie des problèmes de maintenance rencontrés est liée à l’ouverture du marché français de l’assainissement sans avoir imposé de volume minimum de stockage des boues dans le décanteur primaire. D’autre part, il n’a été instauré aucune obligation de contrat d’entretien comme cela se fait en Belgique, Allemagne, etc. », explique Philippe Reymond, chez Stradal.

Pour beaucoup des acteurs de la filière, des industriels étrangers se sont lancés à la conquête du marché français avec des filières d’assainissement dotées de technologies qui ne font pas partie de la culture française.

Par ailleurs, de nombreux agréments ont été accordés sans avoir pris en compte, par exemple, la nécessité d’entretenir les appareils électriques qui équipent certaines filières et sans prendre en compte la dimension des cuves et le coût de leur vidange, des critères pourtant déterminants.

Or peut-on demander à un particulier de contrôler sa cuve tous les six mois ?

« Les agréments nationaux, par leurs exigences minimalistes, tirent vers le bas la qualité des produits mis sur le marché, estime Christian Vignoles. Le meilleur des produits agréés n’a, de fait, que la valeur du plus mauvais. Cet aspect va devenir d’ici quelques années très préoccupant pour les professionnels, puisqu’il va alimenter tous les détracteurs des filières compactes, un mauvais exemple de produit faisant plus le “buzz” que des milliers qui fonctionnent sans histoire ».

Il aurait fallu tenir compte des spécificités du marché français. Les systèmes d’assainissement auraient dû être pensés avec l’idée de favoriser des équipements ne demandant pas plus d’entretien qu’une fosse septique. Les fabricants en sont conscients et travaillent à simplifier leurs produits.

« Le taux de fréquence de vidange est directement lié au volume de stockage des boues, généralement dans la fosse toutes… »

[Photo : La filière de Ouest Environnement adapte le volume de la fosse toutes eaux en fonction du nombre d’équivalent-habitants. Exemple ci-dessus avec une filière de 35 EH comprenant une fosse toutes eaux de 16 000 l suivie de 3 bacs de 3 m³.]
[Photo : Le média filtrant de la filière compacte Bionut de Simop, 100 % française, provient d'une coopérative agricole du sud de la France]

eaux pour les filières classiques, dans la cuve ou la chambre de prétraitement pour les filières compactes, explique Marcel Hartenstein chez Epur. L’arrêté du 7 septembre 2009 prescrit dans son annexe 1 que « Le volume utile des fosses toutes eaux, volume offert au liquide et à l'accumulation des boues, mesuré entre le fond du dispositif et le niveau inférieur de l'orifice de sortie du liquide, doit être au moins égal à 3 mètres cubes pour des immeubles à usage d'habitation comprenant jusqu’à cinq pièces principales. Pour des logements plus importants, il doit être augmenté d’au moins un mètre cube par pièce supplémentaire ». Malheureusement, aucune prescription n'est donnée pour les filières agréées dites compactes, de telle sorte que l'on voit se multiplier sur le marché des dispositifs avec des volumes de prétraitement très faibles, réduisant certes le coût à l'achat, mais conduisant l'utilisateur à une charge financière importante et durable due à un taux de fréquence de vidange anormalement important. Epur s'est attachée à maintenir dans ses filières Biofrance les mêmes critères de volumes que ceux prescrits pour les filières classiques. Une étude récente sur un spectre statistique de près de 200 stations de marque Epur a démontré une nécessité de vidange tous les 4 ans pour ses dispositifs de 5 EH, ce qui correspond là encore aux prescrits réglementaires des filières classiques.

L'intérêt de l'usager est préservé ». Eloy Water s'efforce également de « rendre la vidange moins contraignante en proposant des installations dotées de gros volumes de stockage de boues pour les espacer », comme l’assure Anthony Borel. ATB joue la transparence en proposant deux types de microstations : la microstation Puroo PE 1-5 EH et la Puroo PE AD 1-5 EH. La différence principale réside dans la capacité du décanteur, plus importante dans la Puroo PE AD 1-5 EH (5 m³ au lieu de 1,80 m³). Conséquence, cette dernière pourra être vidangée tous les 4 ans voire au-delà, alors que la Puroo PE 1-5 EH devra être vidangée tous les 2 ans (retour d'expérience sur près de 80 000 installations).

[Photo : La nouvelle microstation « easyOne » de Graf, disponible de 5 à 60 EH (stations agréées de 5 à 15 EH), a été conçue pour réduire autant que possible le coût de l'entretien.]

« Chez Premier Tech Aqua, nous privilégions des installations faciles d'emploi avec, par exemple, de larges trappes pour faciliter l'accès au système de distribution », assure Gwenaël Le Viol. Fruit de cette politique, pour le nouvel Ecoflo qui sera présenté en juin prochain, l’entretien se fera tous les 2 ans et non plus tous les ans comme c’était le cas jusqu’à présent. Eparco privilégie également des équipements susceptibles d’apporter à leur propriétaire autant de tranquillité que leur ancienne fosse septique. Les dispositifs zéolithe d’Eparco ne nécessitent qu'une surveillance minimale et les media filtrants ne doivent être changés que tous les 25 ans.

[Photo : La filière Biofrance® Passive d’Epur ne consomme pas d’énergie. Elle se distingue par l’utilisation d’un brûle d’argile comme support de biomasse, imputrescible, mécaniquement résistant, inerte et donc pérenne.]
[Photo : Compacte, monocoque, la microstation Aquatec AT 6 EH de Biotec Environnement intègre une oxygénation dans tous les compartiments y compris dans le décanteur primaire.]

ans. Mais comme elles sont connectées à une fosse toutes eaux de 5 m³, une vidange au-delà de 10 ans peut suffire. Et pour éviter toute mauvaise surprise, le niveau de boues est détecté automatiquement sur un boîtier placé par exemple dans le garage. Sur les nouveaux systèmes Boxeparco, il peut même être suivi sur Smartphone. Un équipement connecté en quelque sorte.

De leur côté, pour minimiser l’entretien et gagner en fiabilité, Tricel et l'Assainissement autonome proposent de leur côté des micro-stations dépourvues d’équipements électroniques.

C'est également le cas chez Graf, dont la nouvelle microstation “easyOne”, disponible de 5 à 60 EH (stations agréées de 5 à 15 EH), a été conçue pour réduire autant que possible le coût de maintenance : pas de moteur, de pompe, d’électricité ou de pièce d’usure dans la cuve, consommation d’électricité réduite... De même, Graf a développé pour ses microstations un logiciel de maintenance et de surveillance à distance nommé WebMonitor et conçu pour augmenter la réactivité et la résolution d’éventuels problèmes rapidement et à moindre coût.

Epur présente de son côté sur le marché une gamme complémentaire baptisée Biofrance® Passive. Cette filière épuratoire, qui ne consomme pas d’énergie, se distingue par l'utilisation d'un brûlé d’argile comme support de biomasse, imputrescible, mécaniquement résistant, inerte et donc pérenne. La conception des dispositifs permet une gamme de produits monocuve jusque 8 EH en cuve béton et 7 EH en cuve plastique, les volumes de prétraitement étant de 3 m³, comme pour la gamme Biofrance® standard. « Ceci conduit à une maintenance ultra légère et à un taux moyen de fréquence de vidange de 4 ans », souligne Marcel Hartenstein chez Epur.

Pour certains constructeurs, la certification serait un gage de qualité puisqu’elles seraient davantage homogènes en termes de performance. Mais sur une base volontaire, elle ne constituerait pas, en soi, une solution universelle. « Et surtout, après avoir dépensé des dizaines de milliers d’euros pour faire agréer leurs systèmes, les constructeurs seront-ils tous prêts à payer encore des tests pour être certifiés ? », s'interroge légitimement François Le Lan chez Tricel.

Pour l'heure, la filière mise sur une réécriture en 2017 de l'arrêté de 2009 où seraient stipulées des procédures d’agrément qui ne promettraient pas, aux clients, des technologies et des performances qui ne seraient pas tenues. Est-ce que ça suffira à remettre sur rail la filière ANC ? Pas sûr. Pour Christian Vignoles, AVC, ce sont les acteurs de la filière qui disposent de la clé. « Il faut distinguer les produits qui assurent un traitement performant, fiable et pérenne, assurer des réceptions d’installations qui éliminent les non spécialistes qui ne voient l’ANC que comme “une poire pour la soif”, exploiter par des professionnels les installations d’ANC (visite annuelle systématique, lien avec un central d’alarmes, réalisation de la maintenance programmée, faire les vidanges seulement lorsque c'est utile pour le fonctionnement de l’ouvrage). Et gérer l’ANC dans un seul service public d’assainissement avec une égalité de redevance pour tous les citoyens et un suivi strict des produits, des installations et de leur exploitation ».

Mais cette solution ne fait pas l’unanimité chez les professionnels dont beaucoup craignent qu'elle ne place le secteur de l’ANC dans les mains de grosses sociétés qui seraient à la fois juge et partie. Pour Philippe Reymond, Stradal, « On réglerait déjà de nombreux problèmes en imposant des contrats d’entretien réalisés par des sociétés spécialisées avec une responsabilité de suivi par les fabricants ». ■

[Photo : Renosa s’est équipé d’une unité de recherche dotée de son propre laboratoire d’essais pour développer différents projets tels que le recyclage des eaux grises par MBR utilisant des membranes à fibres tissées et planes, le recyclage des eaux grises, des systèmes SBR avec contrôle de l’oxygène et du redox, systèmes MBBR (type Necor) avec réduction des phosphates par précipitation au moyen de l’aluminate… etc. Ces essais, à échelle réelle, permettent d’optimiser la forme et la capacité des équipements, améliorant de manière importante les performances épuratoires et la facilité des opérations d’entretien.]
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