Les raisons de stocker l'eau, et par conséquent les besoins des collectivités locales ou des industriels en la matière, sont variés mais évoluent assez peu. Les fabricants de solutions de stockage utilisent donc en général les mêmes technologies depuis plusieurs années. Ils adaptent cependant leurs offres à des conditions économiques devenues plus tendues en jouant notamment sur la modularité et la fourniture de solutions complètes en lieu et place de réservoirs ?nus' prêts à être appareillés. La rapidité de mise en ?uvre gagne en importance.
Par , Technoscope
Les raisons de stocker l’eau, et par conséquent les besoins des collectivités locales ou des industriels en la matière, sont variés mais évoluent assez peu. Les fabricants de solutions de stockage utilisent donc en général les mêmes technologies depuis plusieurs années. Ils adaptent cependant leurs offres à des conditions économiques devenues plus tendues en jouant notamment sur la modularité et la fourniture de solutions complètes en lieu et place de réservoirs “nus” prêts à être appareillés. La rapidité de mise en œuvre gagne en importance.
Stocker de l'eau pour répondre à une demande ultérieure (pic de consommation d'eau potable, constitution d'une réserve d'incendie ou d'irrigation), pour réguler les débits d’eaux pluviales ou pour confiner des effluents avant traitement : les besoins en termes de stockage n’ont guère évolué ces dernières
années. Fort logiquement, les constructeurs de réservoirs s'appuient sur des technologies éprouvées. Ils adaptent toutefois leurs offres aux fluctuations du marché, insistant aujourd’hui sur la modularité – des installations variées créées par assemblage d’éléments fabriqués en usine – et sur la proposition de solutions complètes comprenant le réservoir et tous ses accessoires. Inspection, entretien, traitement primaire, filtrage, gestion des entrées-sorties, trop-plein, trappes d’accès, échelles, détecteurs de niveaux... toutes ces fonctionnalités sont désormais prévues et parfois même intégrées par les producteurs de réservoirs eux-mêmes. La capacité totale de stockage se détermine toujours sur la base des différentes fonctions à assurer par le réservoir. Elle conditionne également bien souvent les matériaux employés et donc la forme et le mode de construction du réservoir.
Le béton toujours...
Le stockage de grande capacité est traditionnellement dominé par le béton, implanté au sol, semi-enterré ou enterré. Ses avantages ? Sa durée de vie bien entendu mais aussi sa capacité à répondre très exactement aux besoins et aux fonctionnalités requises : capacité, forme, implantation, intégration… etc. Ce qui n'empêche pas les spécialistes de ce matériau comme Bonna Sabla, Stradal, Chapsol ou encore Cimentub, de proposer aujourd'hui des solutions modulaires. Si la technique de base n'a pas évolué, la tendance est maintenant d’intégrer le plus possible de fonctions, une carte que Cimentub, spécialisé dans la gestion des eaux pluviales, joue déjà depuis plusieurs années. Le béton bénéficie également des qualités qui lui sont propres.
Autre solution qui se démarque par sa longévité, la fonte semble marquer le pas du fait d'un contexte économiquement difficile. Le matériau, qui a fait ses preuves en réservoirs de défense incendie ou ouvrages de régulation des eaux pluviales, doit être évalué au regard d'un coût global intégrant la fourniture mais aussi la durabilité et la fiabilité dans le temps. Saint-Gobain PAM propose des tuyaux en fonte ductile (jusqu’à 2000 mm) revêtus à l'intérieur de mortier de ciment et à l'extérieur d'une couche de zinc plus peinture bitumeuse ou époxy, tous matériaux possédant une attestation de conformité sanitaire (ACS). « Le marché du stockage se caractérise par une certaine atonie, précise Bruno Morelle, qui représente Saint-Gobain PAM en région parisienne. Malgré les qualités évidentes de la fonte ductile, ce type d’applications
… ne représente qu'une part relativement modeste de nos activités comparée aux réseaux d'eau potable, d'eau brute, comme à Paris, ou d'effluents domestiques. »
À l'autre extrémité du spectre, les citernes souples autoportantes ou automontantes, constituées de tissus techniques variés, profitent des avantages qui leur sont propres : adaptabilité à tous les liquides en fonction du revêtement interne, rapidité de mise en place (précieuse pour les situations d'urgence sanitaire), étanchéité, protection du liquide.
Il faut toutefois distinguer les citernes souples autoportantes, fermées, des citernes automontantes qui sont ouvertes. Si les premières ressemblent à de gros oreillers (d'où leur appellation de "pillow tanks" en anglais), les secondes ressemblent plutôt à des piscines hors-sol. Les deux systèmes de stockage présentent des caractéristiques et des atouts bien différents. Le groupe Citerneo propose un choix particulièrement fourni de citernes souples autoportantes sur mesure (dimensions, nombre, position et type de piquages et de vannes) pour le stockage d'eau, d'effluents (boues liquides, eaux usées, lixiviats, digestat des usines de méthanisation…), les réserves incendie, d'eau potable, d'engrais liquide, d'hydrocarbures… À noter que Citerneo propose des citernes souples autoportantes dont le volume maximal de stockage est actuellement de 1 700 m³, un volume record pour ce type de stockage.
Pronal, Citerneo, Sodevaux font également concurrence à Labaronne-Citaf, pionnier du domaine, qui propose aujourd'hui des unités allant jusqu'à 7 000 m³. L'offre est très large et dépasse le simple stockage. Labaronne-Citaf propose par exemple des bassins de décantation, les Clarify, destinés à être intégrés sur des unités de potabilisation. Ils se présentent sous la forme de bassins ouverts avec une armature galvanisée facile à monter. L'étanchéité est réalisée en tissu PES enduit PVC de 1 100 g/m², assemblée par soudure haute fréquence. Les volumes vont de 10 à 60 m³.
De son côté, Flexirub a innové en proposant des citernes souples de 250 à 60 000 litres en EPDM (caoutchouc) et non pas en PVC. Résultat : une durée de vie importante (l'EPDM ayant une durée de vie de plus de 50 ans) et une forte élasticité (permettant un effet anti-poinçonnant maximal). Bourgoin développe, quant à lui, des poches pour une gamme d'usages étendue, allant du stockage de l'eau, potable ou non, à celui des hydrocarbures ou de liquides agricoles comme le lisier ou les engrais.
La montée en puissance des canalisations
En matière de stockage souterrain, les matériaux classiques ont tendance à céder du terrain vis-à-vis de matériaux comme le polyester renforcé de verre (PRV), proposé par HOBAS ou Amiantit, prisé pour ses atouts en termes d'étanchéité, de légèreté et d'insensibilité à toute forme de corrosion. « Depuis un an, nous voyons une nette augmentation de la demande de stockage capacitif pour les eaux pluviales ou usées. La baisse des investissements publics incite les décideurs à quitter le béton pour aller vers des solutions plus diversifiées » souligne ainsi Alexandre Lapeyre d'Amiantit.
Résultat : Amiantit réalise de plus en plus d'installations en tubes de gros diamètre (jusqu'à 4 000 mm), livrant des solutions complètes avec accès, grilles, dérivations, fosses étanches pour
pompes, débitmètres, etc. « Nous intégrons à l’usine, le client n’a plus qu’à assembler une sorte de Meccano », souligne Alexandre Lapeyre. La société vient par exemple d’achever un réservoir pluvial de 3 200 m³ sous une plateforme commerciale des environs de Bayonne. Il est constitué de six tronçons parallèles de 100 m (diamètre 2 800 mm) connectés à une extrémité par une nourrice transversale. Sur cette même zone commerciale, l’installation d’un deuxième réservoir en PRV Flowtite de 4 300 m³ va bientôt démarrer.
Ce type de réalisations se multiplie et confirme la montée en puissance des réservoirs constitués d’éléments de canalisation, qu’ils soient intacts pour le stockage ou percés pour l’infiltration. Sotra Seperef, avec sa gamme Ultra Kyma® en polypropylène (PP), ou Polieco France et Polypipe (Hydrotub®), qui utilisent le polyéthylène haute densité (PEHD), vendent ainsi des solutions légères à base de tubes annelés.
Pour de gros volumes mis en œuvre rapidement, des sociétés comme Auzou citernes ou Tubosider proposent des installations en tubes d’acier galvanisé, ondulé et spiralé. Leur durée de service est estimée à soixante-dix ans au moins. Avec sa gamme Tubao® (jusqu’à 3 600 mm), Auzou assemble des stockages (rétention des eaux de pluie, bassins d’orage, réserves incendie) ou des puits et bassins d’infiltration totalement équipés. Clapets de confinement, filtres, équipements pompiers, assainissement par UV ou relevage ne sont que des exemples des accessoires disponibles. Avec le même matériau, Tubosider…
propose Aquatubo® pour le stockage et Tubodrain® pour l'infiltration, et ce jusqu’à 2 900 mm de diamètre. Parmi les options possibles, on note l'intégration d'un séparateur d'hydrocarbures directement soudé au bassin d'orage et installé dans une section sèche séparée par une cloison. Tubosider vient d’équiper le nouveau Grand Stade de Lyon de bassins d'infiltration pour les eaux d'orage ainsi que d'une réserve pluviale de toiture pour l'arrosage de la pelouse. On le voit, le spectre des applications est large et parfois très éloigné du champ d'application traditionnel des canalisations.
Stockage temporaire des eaux pluviales : les SAUL s’installent
Gestion des eaux de ruissellement oblige, le stockage temporaire fait partie des applications qui montent. Pour les dispositifs d'infiltration, l'alternative aux tubes percés sont les SAUL, les « structures alvéolaires ultralégères ».
Il s'agit d’assemblages d’éléments en polymères dont la géométrie est telle qu'ils comprennent plus de 90 % de vide tout en conservant une structure rigide. Selon les gammes, ils s'installent sous des espaces verts (passage exclusif de piétons) ou supportent la circulation de véhicules.
Apparues assez récemment en France en provenance d’Allemagne, les SAUL sont maintenant des solutions établies au point que, en plus des purs spécialistes, des fabricants de tubes, voire de dispositifs en polymères pour la construction, se mettent à en proposer.
Nicoll (Waterloc®), Rehau, Wavin (Q-Bic®), Fränkische (Rigofill®), Nidaplast (AZbox®), Funke, Simop, Permavoid, ACO (Strombrixx®), Polypipe (Polystorm®) ou Sotra Seperef (Rainbox®), entre autres, interviennent aujourd'hui sur ce marché avec des systèmes inspectables et hydrocurables (voir EIN n° 378).
Les cinq premiers se sont groupés dès 2010 en un syndicat, le STORM, pour garantir la qualité de leurs procédés (certification ISO) et de produits (normes NF, avis technique du CSTB...).
Là encore, la tendance est à la fourniture de solutions complètes. Rehau propose ainsi Hydromaxx®, un système de prétraitement de l'eau positionné en amont de l'installation et destiné autant à prolonger la durée de vie de cette dernière qu’à protéger l'environnement.
Sotra Seperef intègre de son côté des accessoires (filtres inox, limiteurs et régulateurs de débit, vannes) destinés au prétraitement en amont ou au contrôle des débits en aval des ouvrages de stockage.
Le dernier à avoir obtenu un avis technique, délivré par le CSTB, certifiant la bonne conception du produit, sa durabilité et sa conformité aux exigences de chaque chantier, est le module ACO Stormbrixx caractérisé par un procédé breveté d'emboîtement permettant de verrouiller les demi-modules par paire.
L'acier : de l'industrie au stockage de l'eau potable
Plutôt demandés par le marché industriel, les réservoirs en acier boulonnés présentent cette particularité d’aller jusqu’à des volumes importants (25 000 m³), et s'adaptent à toutes sortes de fluides selon le revêtement interne dont ils sont équipés. Sodeveaux utilise par exemple les toiles de ses citernes souples comme liners internes pour des réservoirs acier. Alors pourquoi pas de l'eau ? La Société Française des réservoirs, Aquatank, les Autrichiens de GLS Tanks (qui se concentrent sur l'acier
Plutôt destinés au marché industriel, les réservoirs en acier boulonnés, présentent cette particularité d’aller jusqu’à des volumes importants (25 000 m³), et s’adaptent à toutes sortes de fluides selon leur revêtement interne dont ils sont équipés.
vitrifié) construisent et installent de telles unités. Le leader français, Apro Industrie, propose un très large choix de revêtements internes : acier époxy, acier vitrifié, aluminium, inox... Apro Industrie utilise le Magnelis, un alliage de revêtements breveté par Arcelor Mittal, en remplacement des aciers galvanisés utilisés auparavant. « De par sa résistance à la corrosion, cet acier revêtu d’un alliage de zinc, magnésium, aluminium a une durée de vie très supérieure à l’acier galvanisé », affirme Vincent Midy, directeur commercial de l’entreprise. Cette évolution a de plus constitué l'occasion de rapatrier près de Lyon une fabrication jusqu’alors assurée en Angleterre, grâce à des coûts de production devenus plus compétitifs.
« Dans le domaine industriel, un marché porteur actuellement est celui des unités de méthanisation pour lesquels nos réservoirs sont utilisés à la fois pour du stockage (digestats, intrants, eau,...) et pour le process (hydrolyse, digesteurs anaérobies, post-digesteurs...) », explique Vincent Midy.
Apro Industrie vient par exemple de réaliser une unité complète de méthanisation près d’Hénin-Beaumont pour le compte du Symevad (SYndicat Mixte d’Elimination et de VAlorisation des Déchets qui regroupe les Communautés d’Agglomération du Douaisis, d’Hénin-Carvin et la Communauté de Communes OSARTIS). « Réalisée entièrement en acier époxy, y compris la toiture, cette unité est une première en
Europe continentale », souligne Vincent Midy. Signe de l'expansion de ce marché, Labaronne Citaf vient d'ailleurs d'élargir sa gamme de réservoirs souples avec un nouveau type de couverture adapté au stockage sécurisé du biogaz.
Apro Industrie exporte largement à l'étranger ses réservoirs acier. « C'est notre principal axe de développement actuellement. Nous avons des contrats en Russie, Afrique du Nord, Caraïbes, Amérique latine... » Les réservoirs sont proposés en différents matériaux en fonction des contraintes d'exploitation propres à chaque procédé industriel ou de traitement et aux caractéristiques des stockages recherchées par les clients industriels ou institutionnels publics : acier époxy ou acier vitrifié avec un joint mastic, ou encore acier galvanisé ou aluminium associés à une membrane d'étanchéité qualité eau potable.
Flexirub fabrique par exemple des membranes en EPDM et en trois dimensions, vulcanisées en usine, reprenant la forme précise de la citerne, permettant ainsi d'être positionnée précisément pour en assurer l'étanchéité. Apro Industrie vient par exemple d'installer deux réservoirs d'eau potable de 3000 m³ chacun, en acier vitrifié, à Trinidad-et-Tobago. Vincent Midy précise que sa société a récemment construit un certain nombre de réserves d'eau potable en France, alors que le béton détenait auparavant un monopole sur ce marché.