La transition énergétique passe par le déploiement de compteurs intelligents. C?est vrai dans le secteur de l'électricité, du gaz mais aussi de l'eau, domaine dans lequel les compteurs ont beaucoup progressé ces dernières années. Plus fiables, plus précis et désormais communicants, ils ouvrent la voie à ces fameux réseaux dits ?intelligents' qui sont au centre de nombreux enjeux et placent le traitement des données au c'ur de nouveaux services et de nouvelles opportunités de business.
2,5 milliards de dollars par an. C'est le montant que les distributeurs d’eau, régies et délégataires, pourraient économiser chaque année en exploitant des réseaux d’eau dits “intelligents” (Smart Water Networks). Ce chiffre, extrait d'une enquête publiée par Sensus, spécialiste des solutions de comptage d’eau, de gaz et d’électricité, est peu ou prou confirmé par de nombreuses autres études prospectives.
Mais qu’est-ce qu'un réseau d’eau intelligent ?
On peut le définir comme un ensemble intégré d’équipements, de solutions et de systèmes qui permet au distributeur d’exploiter son réseau en temps réel et en continu, c’est-à-dire modéliser les flux, diagnostiquer les dysfonctionnements, prioriser et gérer les opérations de maintenance et finalement exploiter
les données collectées pour optimiser le fonctionnement de l'ensemble des infrastructures composant le réseau tout en proposant de nouveaux services aux abonnés.
Même s’ils tardent à se déployer sur le terrain, les réseaux intelligents, au moins dans leur principe, existent depuis une bonne quinzaine d’années. Le déploiement des outils de télégestion, de systèmes d’informations industriels avancés, l’essor de la sectorisation, de moyens de communication performants et bon marché et d’équipements autonomes en énergie, le développement des systèmes de télérelève, ont ouvert la voie au concept de « smart water network » qui présente un triple avantage : il permet d’économiser les ressources, notamment l’eau et l’énergie, il permet aux distributeurs de réaliser de grosses économies, jusqu’à 5 % du budget des distributeurs selon l’enquête Sensus, et il ouvre la voie à de nouveaux services en direction de l’abonné.
Chaque collectivité propriétaire d’un réseau, quelle que soit sa taille et où qu’il se situe dans le monde, est directement concernée par ce concept. Et chacun devra, aujourd’hui ou demain, intégrer ce concept aux principes de gestion courante de ses réseaux. Autant dire que le marché est colossal.
Mais si ce concept a pu se développer et trouver des traductions concrètes sur le terrain, c'est aussi grâce à un équipement bien particulier : le compteur. Peu d’équipements dans le secteur de l’eau ont vu leur statut évoluer aussi rapidement que le compteur d’eau ces dix dernières années. Pendant longtemps, les distributeurs ont vendu l’eau au forfait, sur la base du nombre de robinets installés ou du nombre de ménages habitant l’immeuble. Le compteur n’est apparu que peu à peu, pour limiter le gaspillage inhérent à cette pratique. Aussi parce que les exploitants l’ont jugé utile pour dimensionner les équipements, contrôler les pertes d’eau et répartir plus justement les coûts de production. Durant plusieurs décennies, il a donc été posé pour remplir ces fonctions sans autre exigence particulière. Jusqu’à ce que l’eau devienne plus rare, l’énergie plus chère et que l’augmentation des coûts liés à la potabilisation des eaux brutes n’impose de poser de plus en plus de compteurs, toujours plus précis et finalement communicants, la collecte des index s’avérant fastidieuse et coûteuse.
Le développement des solutions de télérelève permettant d’accéder à distance et en temps réel au compteur ont contribué à en faire l’organe central du réseau, le point d’entrée de ces fameux réseaux intelligents.
Le nouveau statut du compteur au sein du réseau et l’attente croissante des exploitants à l’égard de cet équipement invisible mais essentiel ont incité les fabricants à revoir complètement ses principes de fonctionnement pour améliorer sa fiabilité et sa précision métrologique.
Améliorer la fiabilité et la précision métrologique des compteurs
Longtemps, les performances métrologiques des compteurs mécaniques ont répondu aux exigences des distributeurs. Leur fiabilité et leur précision répondaient aux attentes d’alors qui s’accommodaient facilement d’une dérive insensible mais régulière dans le temps. Des dérives de comptage dues à un mauvais positionnement sur la conduite mais surtout au vieillissement du compteur lui-même, soumis au passage d’une eau parfois chargée en calcaire ou en particules solides. « Sur des compteurs mécaniques, une dérive métrologique de l’ordre de 1 % par an à partir de la deuxième année n’est pas rare », indique Sébastien Vermorel chez Kamstrup, société danoise implantée en France depuis 2003. « On a pu observer dans certains cas des sous-comptages de… »
5 à 15 voire 20 % sur des compteurs anciens », renchérit Loic Charron chez Smarteo Water, représentant en France du fabricant israélien Arad. Au-delà de cette dérive, le vieillissement des compteurs mécaniques entraîne parfois, dans certains cas exceptionnels, une non-comptabilisation des très petits débits, voire un défaut total de fonctionnement, générant pour la collectivité des pertes sèches non négligeables.
Les fabricants se sont donc attachés à améliorer la fiabilité et la précision de ces équipements. Les compteurs Aquadis+ d’Itron représentent bien cette nouvelle génération de compteurs volumétriques de classe C toutes positions pour le comptage de l’eau froide en habitat individuel. Leur conception innovante, robuste et compacte, combinée à de bonnes performances en termes de précision, permet d’obtenir un débit de démarrage inférieur à 1 L/h en DN15 et 2 L/h en DN20 et de conserver des qualités hydrodynamiques jusqu’aux plus hauts débits. Une autre solution a consisté à développer de nouveaux compteurs dépourvus de pièces mobiles, par définition sujettes à usure. Objectif : obtenir une mesure précise et constante dans le temps.
« L’introduction sur le marché du compteur de nouvelles techniques de mesure comme par exemple les ultrasons répond directement à cet objectif, souligne Loic Charron chez Smarteo Water. Par rapport aux compteurs mécaniques traditionnels, cette technique permet de gagner en précision dans les faibles débits. Mais elle garantit surtout une mesure constante dans le temps, exempte de toute dérive ». Au-delà des principes qui régissent la mesure par ultrasons, Loic Charron insiste sur la façon dont elle est mise en œuvre et plus particulièrement sur la fréquence de mesure, garante d’une meilleure précision. « Notre compteur Octave® a été développé pour effectuer 100 cycles de mesure chaque seconde. Cet échantillonnage est à
Gamme Wireless M-Bus AMR
Spécialiste dans le domaine de la transmission de données sans-fil, ADEUNIS RF est devenu un acteur incontournable dans le domaine de la télé-relève de compteurs, du smart metering et de l'efficacité énergétique, en proposant, sur ce marché, des produits à intégrer ou prêts à l'emploi.
En effet, dès 2012, ADEUNIS RF commercialise les premiers modules radio au protocole Wireless M-Bus, éléments constitutifs de sa future gamme de modems AMR, permettant de transmettre les données de comptage provenant des compteurs d'eau, de gaz, d'électricité et d'énergie thermique.
En janvier 2013, elle élargit son offre en lançant sur le marché trois produits « plug and play » :
- • Son récepteur Wireless M-Bus AMR qui permet de récupérer les données de comptage (index) provenant d'émetteurs ou de répéteurs.
- • Son répéteur AMR, système permettant de répéter les données de comptage provenant d’émetteurs Wireless M-Bus.
- • Son émetteur Wireless M-Bus AMR TEMP qui permet d'acquérir des mesures de température et de les transmettre par voie radio.
En novembre 2013, ADEUNIS RF étoffe sa gamme en annonçant la commercialisation de :
- • Son Dongle USB Wireless M-Bus, sorte de mini émetteur/récepteur, qui permet d'acquérir des trames Wireless M-Bus et de les faire transiter vers tout appareil de collecte et/ou d'exploitation des données équipé d'un port USB (particulièrement utilisé pour la radio-relève « Walk by »).
- • Sa passerelle Wireless M-Bus GPRS, concentrateur autonome, qui permet de recevoir les données provenant des compteurs (protocole Wireless M-Bus) et de les transmettre vers un serveur via un réseau GPRS.
Cette gamme, disponible en 868 MHz W-M-Bus, le sera en 169 MHz W-M-Bus courant 2014.
L'association des produits de la gamme AMR d'ADEUNIS RF permet au final de créer un écosystème indépendant permettant à ses clients d’assurer l'émission, le transport et la collecte d'index de consommation au format Wireless M-Bus.
En travaillant sur la facilité de mise en œuvre d'une solution globale, ADEUNIS RF permet à ses clients de réduire de manière significative leurs coûts de mise en œuvre et de déploiement d'applications de télé-relève.
Les avantages de l'offre globale d'ADEUNIS RF sont nombreux :
- • Les émetteurs Wireless M-Bus d'ADEUNIS RF rendent les compteurs dits « d'ancienne génération » communicants, ce qui ouvre la voie au « smart metering ».
- • Les produits de la gamme AMR assurent une compatibilité totale avec la norme européenne EN13757-4 (protocole Wireless M-Bus), garantissant ainsi une complète interopérabilité avec les autres systèmes présents sur le marché de l'AMR.
- • Les répéteurs d'ADEUNIS RF répètent des trames en provenance des produits de la gamme AMR d'ADEUNIS RF mais également celles provenant des autres produits utilisant ce protocole.
- • Les produits de la gamme AMR fonctionnent sur batteries assurant une autonomie jusqu'à 12 ans.
- • La portée exceptionnelle du module Wireless M-Bus intégré dans les modems radio AMR permet de réaliser une liaison numérique bidirectionnelle sur une portée jusqu'à 1 km.
Dans le domaine de la télé-relève, l'expertise d'ADEUNIS RF est assurée par :
- • Sa maîtrise de tous les aspects et modes de fonctionnement du protocole Wireless M-Bus (EN13757)
- • Sa participation au comité E172 de l'AFNOR (Compteurs intelligents et distribution d’énergie)
- • Sa participation au groupe de travail OMS (Open Metering System) en Allemagne
ADEUNIS RF Parc Technologique Nord 38240 Meylan – France Tél. : +33 (0)4 76 92 07 77 www.adeunis-rf.com
Kerlink propose la première chaîne de télérelève évolutive, conforme aux standards Afnor.
Au carrefour de l'électronique et des télécoms, Kerlink développe des solutions horizontales dédiées au transport de datas incluant les données liées à la collecte d’index de compteurs d'eau.
Sur ce créneau, l'entreprise propose des chaînes communicantes allant de l'émetteur radio positionné sur le compteur jusqu’à la plateforme de maintien en conditions opérationnelles du réseau, en passant par l'indispensable concentrateur. Kerlink commercialise ses technologies auprès des intégrateurs qui proposent des solutions complètes aux gestionnaires de réseaux.
« Les solutions radio sur lesquelles nous travaillons aujourd'hui sont celles qui sont en cours de normalisation au niveau de l'Afnor dans le cadre du groupe de travail E172 auquel nous participons. Ce groupe définit les normes que l’on utilise ainsi que la façon dont on les utilise », explique Yannick Delibie, directeur technique et stratégique chez Kerlink.
Pour la partie radio, ces normes sont issues des groupes de travail européens centrés sur la norme EN13757, à savoir le Wireless M-Bus en mode N2, c'est-à-dire en 169 MHz bidirectionnel. « Bidirectionnel, cela signifie que les émetteurs qui sont sur les compteurs sont configurables à distance et sont évolutifs puisque l’on peut faire de la mise à jour de logiciel à distance », explique Yannick Delibie. Ces technologies sont aujourd'hui déportées car il n’existe pas encore de solutions industrielles permettant de les intégrer au sein du compteur mais Kerlink travaille avec certains fabricants de compteurs pour remédier à cette situation.
L'expertise développée par l'entreprise lui permet de proposer une chaîne de télérelève interopérable, évolutive et performante. « Nous proposons la première chaîne de télérelève qui soit conforme aux standards définis par l'Afnor, alors que les autres solutions proposées aujourd’hui sont toutes propriétaires ou spécifiques, souligne Yannick Delibie. Notre chaîne, véritablement interopérable, est complètement évolutive, c'est-à-dire que l’on peut remettre à jour l’intégralité du logiciel sur l'ensemble de la chaîne, y compris sur les compteurs, ce qui nous permettra de l’adapter aux évolutions futures des standards Afnor. »
Le travail effectué en matière d'intégration radio et le positionnement sur des gammes de basses fréquences (VHF) permet à Kerlink de proposer des solutions performantes qui se traduisent, par exemple, par une portée de transmission plus longue. « Aujourd’hui, en milieu semi-urbain, nous pouvons faire de la relève à plus de 3 km sur des compteurs enterrés », souligne Yannick Delibie. Plus performantes, ces solutions sont aussi moins coûteuses. « Grâce aux technologies que nous développons, les systèmes de télérelève nécessitent des investissements bien moins élevés qu'auparavant. Nous estimons que le coût global des infrastructures fixes sera, à court terme, inférieur à 3 % du coût global d'une solution de télérelève », précise-t-il.
Relier le matériel aux exploitants et aux abonnés
Depuis plusieurs années, Aqua Consulting édite des solutions informatiques dédiées à la gestion des abonnés, la relève des compteurs – visuelle, radio WalkBy, DriveBy ou télérelève. Elle complète ses solutions de gestion par des outils de communication avec les abonnés, par internet et appli Smartphones.
« Très tôt, nous avons compris que nos applicatifs devaient être multiprotocoles et devenir le centre d’échanges entre les acteurs à l'intérieur des structures exploitantes et à l’extérieur avec les abonnés, souligne Olivier Paillargue, directeur général d’Aqua Consulting. Dès 2005, nous avons travaillé avec les principaux constructeurs du marché pour élaborer un outil capable de traiter différents protocoles radio à l’intérieur d'une même tournée. En effet, une certaine mixité de matériels (radio-communicants ou non) tient souvent au fait que la phase de renouvellement d'un parc se déroule habituellement sur plusieurs années pour tenir compte du prix, de la durée de vie du compteur et de celle du contrat d’affermage, par exemple. Nous avons permis aux techniciens de relever les index des compteurs par différents moyens : relève visuelle, radio WalkBy et DriveBy. Notre bonne connaissance des protocoles et l’excellent niveau de partenariat avec les constructeurs nous permettent d’annoncer des temps de relève DriveBy de près de 250 compteurs à la minute ; ainsi, un territoire à forte concentration de 2 500 compteurs peut être relevé en près de 10 minutes. »
Au-delà de la seule performance technique, Aqua Consulting met en œuvre une convergence des différents métiers : « Souvent, les systèmes de télérelève ou radio-relève ne sont que des éléments technologiques, dénués de sens et à seule vocation technique, explique Olivier Paillargue. Nous avons peu à peu construit des systèmes d’informations de type datawarehouse et des outils logiciels qui rapprochent la technique et la gestion : superviser un patrimoine technique avec les données de gestion accessibles et, inversement, surveiller le bon fonctionnement des éléments communicants – indispensable pour obtenir des relevés constants et pertinents. Mettre à disposition de l’abonné un ensemble d’outils (site internet ou application Smartphone) afin qu’il devienne acteur dans le suivi de ses consommations (surconsommation et alerte fuite). »
Ont également été développés sur le principe d'une mesure statique à ultrasons l’Intelis® d'Itron comme l'Hydrus® de Sappel-Diehl Metering. Dépourvus de pièces en mouvement, ils assurent une mesure précise et durable, même en cas de présence d’air ou de particules. En plus des volumes consommés, l’Intelis d'Itron mesure et transmet les données de débit, de température et de présence d’air dans les canalisations. Il dispose aussi de capacités de datalogging lui permettant d’enregistrer la consommation sur des périodes configurables. Éco-conçu, il peut être installé pratiquement dans n'importe quel environnement, y compris dans un lieu exposé en plein soleil ou une zone inondée. Même chose pour l'Hydrus® de Sappel-Diehl Metering qui ne nécessite pas de longueur droite et peut être monté dans n'importe quelle position.
De son côté, Kamstrup a développé le Multical® 21, qui repose également sur la technologie de mesure statique à ultrasons. « Contrairement aux compteurs classiques, ce compteur électronique à ultrasons fonctionne avec un faible débit de démarrage, à partir de 2 litres/heure, et conserve la même précision durant toute sa durée de vie, explique Sébastien Vermorel chez Kamstrup. Il ne comporte aucune pièce mobile, d’où sa résistance à l'usure et aux impuretés. »
retés contenues dans l’eau potable ». Sa conception permet de l’installer à l’horizontale comme à la verticale, indépendamment de la configuration des canalisations et des conditions d’installation. L’étanchéité du boîtier est effectuée sous vide afin de protéger l’électronique de toute pénétration d’humidité. « On évite ainsi toute condensation entre le verre et l’afficheur de grande taille de conception spécial », explique Sébastien Vermorel. Étanche IP68, le Multical® 21 est parfaitement adapté à une installation dans les regards.
Comme le Q4000 d’Elster, l’iPERL de Sensus, fruit de plusieurs années de développements, repose sur un principe différent. Exempt de toute pièce en mouvement, son principe de mesure, très protégé, repose sur une mesure statique électromagnétique qui garantit une précision constante dans le temps mais encore plus précise à bas débit. Testé sur les bancs d’essais accrédités Cofrac de 5 à 20 000 litres de son laboratoire de Neyron (01), l’iPERL affiche de bonnes performances, même à très bas débit : à partir de 5 litres/heure, seuil à partir duquel la mesure d’un compteur volumétrique devient incertaine, jusqu’à 0,2 litre/heure, l’iPERL assure une mesure fiable, validée sur bancs.
Cette précision à très bas débit peut paraître secondaire. Elle est en réalité essentielle pour le compte d’exploitation du distributeur comme pour le tarif de l’eau des abonnés. « Un volume non compté de 3 litres par heure, 24 heures sur 24 et 365 jours sur 365, entraîne un manque à gagner de 70 € par an pour l’exploitant sur la base d’un mètre cube à 2,60 € », souligne ainsi Michel Jacquet, Directeur Commercial chez Sensus France. Multipliée par plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de compteurs, l’enjeu est loin d’être anecdotique. À haut, voire très haut débit, l’iPERL conserve sa précision métrologiques et reste à ±2 % de précision à Q4, c’est-à-dire au-delà du débit maximum du compteur. Il s’autocontrôle une fois par minute pour vérifier ses performances métrologiques et prévenir ainsi toute dérive de sa métrologie quelle qu’en soit la cause : fraude, perturbations, fuites, retours d’eau, etc.
Ultrasons ou électromagnétique, ces principes de mesure adaptés au compteur garantissent donc la précision et la constance de la mesure dans le temps, avec un avantage dans les très bas débits pour l’électromagnétique. Pour l’exploitant, le gain par rapport au compteur traditionnel peut, dans certains cas, être important. « Sur la durée de vie totale d’un compteur, une mesure constante peut permettre de mesurer et donc de facturer de 5 à 10 % de volume en plus par rapport à un compteur mécanique sujet au sous-comptage »
souligne Loic Charron.
Au-delà de ces avancées métrologiques, l’autonomie en énergie de cette nouvelle génération de compteurs doit également être prise en compte avec un avantage, cette fois, aux technologies à ultrasons qui consomment moins d’énergie. « Sur notre compteur Octave®, la durée de vie de la batterie est supérieure à 12 ans » souligne Loic Charron, Smarteo Water. Sappel - Diehl Metering revendique de son côté une autonomie de 12, voire 16 ans, selon que son compteur Hydrus® est équipé d’une ou de deux piles au lithium. De même pour l’Intelis d’Itron qui a une durée de vie de 15, voire 20 ans avec deux piles.
Les fabricants de compteurs ne se sont pas contentés d’améliorer la fiabilité et la précision métrologique des compteurs. Ils ont également beaucoup travaillé pour adapter leurs produits aux exigences liées à la télérelève en sécurisant notamment la collecte et le transfert des données.
Sécuriser la collecte et le transfert des données
Walk-by, Drive-by ou réseau fixe, les avantages respectifs de chacun de ces trois modes de relève ne sont plus à démontrer, pour l’abonné comme pour le service de l'eau. Encore faut-il que le mode de relève choisi corresponde aux besoins et aux contraintes de la collectivité concernée et que les compteurs déployés se prêtent à cette évolution.
Les fabricants tels que Itron, Sensus, Sappel - Diehl Metering ou Elster ont donc commencé par adapter leurs gammes de compteurs de façon à ce qu’elles puissent recevoir un module de communication, une tête émettrice (Cyble chez Itron, Izar chez Sappel - Diehl Metering, Sensus (S)cout chez Sensus, PR6, PR7 et TPR11 chez Elster…) susceptible de répondre aux besoins de la télérelève, terme générique communément utilisé pour désigner l’ensemble des techniques permettant de relever à distance un index de compteur. Ce développement s'est accompagné d’offres étendues, de packages, permettant de maîtriser la chaîne complète de l'information, de l’acquisition de la donnée jusqu’à son traitement.
Mais l’offre a rapidement évolué. Les compteurs comme l’Intelis, l’iPERL, l’Hydrus® ou le Multical 21 intègrent désormais en standard leur propre module de communication susceptible d’être opérable indifféremment en Walk-by, Drive-by ou en réseau fixe. « L’IPERL est équipé en natif de la technologie radio intégrée basse fréquence de Sensus, 433 MHz ou 868 MHz, qui permet de bénéficier d’une architecture mono et bidirectionnelle, précise Michel Jacquet chez Sensus. Mais au-delà de ce système propriétaire, il intègre également en natif une plateforme Wireless M-Bus, interopérable ». Il est donc possible d’exploiter les qualités du compteur en combinant systèmes ouverts et systèmes propriétaires, les premiers étant interopérables et les seconds permettant d’accéder à des fonctions avancées.
Parallèlement, de nombreux acteurs comme Adeunis RF, Jidélec, Dioptase, eWON, Ixel ou Nogema ont développé des systèmes de relève multi-protocoles permettant aux exploitants de compléter ou de s’affranchir des systèmes propriétaires. Adeunis RF, par exemple, propose une gamme complète de produits répondant à la norme EN13757 qui permettent de créer un écosystème indépendant assurant l’émission, le transport et la collecte d’index de consommation au format Wireless M-Bus.
Nogema propose de son côté un système de télérelève mobile depuis un Smartphone Android. L’applicatif, compatible avec une dizaine de protocoles radio parmi les plus répandus, est capable de décoder en temps réel.
réel les trames à rythme très rapide : plus de 1000 trames en une dizaine de minutes. Autre exemple, Mios a développé une solution baptisée MiosMeter réalisant la télérelève multi-énergie par l'utilisation d’un seul boîtier de communication. MiosMeter collecte les différentes données de comptage eau, électricité, gaz et fuel d'un ou plusieurs bâtiments avec la même infrastructure matérielle. Le module de communication relié au serveur central de données est conçu pour communiquer avec tous les types de compteurs. Kerlink propose également aux gestionnaires-exploitants une gamme de solutions performantes dédiées aux applications de télérelève dans le domaine du comptage et celui, connexe, de l'internet des objets (cf. encadré). Hydrus® de Sappel - Diehl Metering intègre le protocole de communication Prios, Real Data ou 868 ou 434 MHz, M-Bus en Open Metering.
Smarteo Water mise pleinement sur l’interopérabilité, préalable indispensable au concept de ville intelligente (Smart cities). « Le maître mot sur le marché aujourd'hui c'est l’interopérabilité, explique Loïc Charron. N’importe quel acteur, fabricant de compteur ou intégrateur d’objets communicants qui souhaite se connecter à notre système peut le faire, souligne-t-il. Nous sommes aujourd'hui les seuls à proposer une architecture totalement ouverte. Nos compteurs peuvent par exemple communiquer avec le réseau Sigfox et ainsi communiquer avec d'autres objets pour mutualiser et abaisser le coût des infrastructures nécessaires ». La solution est en cours de déploiement au sein de la Communauté de communes du pays de Gex (30 000 compteurs sur trois ans). Smarteo Water valorise les données issues de la télérelève à travers son logiciel de supervision et d’exploitation. Les équipements développés par Connit permettent de virtualiser les compteurs. Quant au réseau Sigfox, il permet aux collectivités de connecter tout type d’équipement comme les containers à déchets, les places de stationnement ou encore les lampadaires pour l’éclairage public. Il pourrait constituer, à court terme, une brique précieuse pour développer le concept de villes intelligentes.
Côté sécurité des données, Loïc Charron souligne la bonne maîtrise des solutions proposées. « Pour protéger l’informa-
Ce que permettent les compteurs intelligents
Une diminution de 40 % en moyenne des consommations relevées par immeuble, 54 000 m³ d'eau économisés soit l'équivalent de 190 000 € et des occupants récompensés pour la maîtrise de leurs charges. Tel est le bilan du dispositif mis en place par ista et Territoire habitat, à logeur du Territoire de Belfort, à équiper son parc de logements sociaux en compteurs dits intelligents. Avec 18 000 compteurs remplacés dans près de 9 000 logements, Territoire habitat mise sur la télérelève à grande échelle. Rencontre avec Christophe Conquy, Directeur marketing et commercial d'ista.
Revue L'Eau, L’Industrie, Les Nuisances : Quels sont les enjeux du comptage intelligent dans le domaine de l'eau en habitat collectif ?
Christophe Conquy : Dans ce contexte économique tendu, l'eau et le chauffage sont deux importants postes de dépenses. À eux deux, ils représentent 53 % des dépenses énergétiques totales des ménages. Au-delà de l'enjeu financier, le comptage intelligent apporte une réponse au défi que représente la préservation de nos ressources. Il est indispensable d’agir aujourd'hui pour mieux maîtriser nos consommations énergétiques.
E.LN. : Quelles sont les solutions proposées par ista dans ce domaine ?
C.C. : ista propose des services permettant de piloter et maîtriser ses consommations d'eau et de chauffage dans l’habitat collectif. Différents outils sont mis à la disposition des consommateurs :
- Les compteurs intelligents : grâce à la télérelève, les factures sont désormais individualisées et mensualisées, les locataires paient ainsi chaque mois leur consommation réelle.
- Les alertes anomalies : les consommateurs sont alertés en cas de consommation anormale afin de lutter contre les fuites et la surconsommation.
- Le portail Web'conso : cet outil en ligne permet aux consommateurs d’évaluer leurs consommations d'eau et de chauffage, en quelques clics et de façon ludique. Ils bénéficient également d'un simulateur de consommation d'eau à partager en famille et d'écogestes pratiques.
E.LN. : Quels bénéfices, en termes financiers comme en termes de nouveaux services, peut-on en attendre ?
C.C. : Ces solutions innovantes permettent d’économiser 15 % sur sa facture annuelle, soit en moyenne 130 €. Dans le cas du chauffage, si ces mêmes solutions sont complétées par des outils simples tels que des robinets thermostatiques, les économies réalisées atteignent alors les 25 %. Dans le cas de l'eau on estime que 5 % de la consommation d'eau est gaspillée en habitat collectif par des fuites. Grâce aux systèmes d'alertes fuites développés par ista, le propriétaire ou le locataire d'un logement peut économiser de 105 € (fuite en goutte à goutte) à 640 € (fuite de WC). Outre l’aspect financier, il y a une réelle prise de conscience de la part des consommateurs sur les coûts d'une consommation excessive. La télérelève permet également d’atteindre les 100 % de taux de pénétration, les locataires n’ayant plus à se trouver à leurs domiciles lors du relevé de compteurs.
E.LN. : Comment, au plan technique, ces solutions sont-elles architecturées ? Quel rôle joue le compteur dit « intelligent » dans cette architecture ?
C.C. : Les compteurs intelligents sont à la base de cette architecture. Le concentrateur installé dans les parties communes de l'immeuble récolte quotidiennement les informations envoyées par les compteurs intelligents d'eau et de chauffage placés dans les logements. Toutes ces informations sont ensuite transmises à travers des passerelles de communication, compilées puis disponibles sur le portail Web'conso d’ista.
E.LN. : Quels enseignements tirez-vous des premiers déploiements d’envergure réalisés sur le terrain, notamment Belfort ?
C.C. : La collaboration avec Territoire habitat a porté ses fruits. Plusieurs études de cas menées sur les logements de Territoire habitat équipés avec les compteurs ista montrent que les locataires ont pu économiser en moyenne une quarantaine d’euros par an. Les relevés sont désormais traités en deux heures (contre deux jours auparavant), les données sont totalement fiables et l’occupant n’a plus besoin de se rendre disponible pour la relève. Par ailleurs, ces solutions ont l'avantage pour Territoire habitat de supprimer les acomptes estimés et les régularisations qui donnaient lieu à des réclamations.
Jean Lacoste, directeur général adjoint d’Ondeo Systems :
« La France est leader sur le marché de la télérelève »
Ondeo Systems, filiale de Suez Environnement, développe des solutions avancées dans le domaine de l'ingénierie des systèmes d'information sur différents marchés, dont celui de l'eau et de l'assainissement. En matière de télérelève, l'entreprise s'est forgée une solide notoriété en assurant très tôt la promotion de la télérelève longue portée 169 MHz en Europe. Avec plus de 1,8 million de compteurs télérelevés vendus, elle occupe de solides positions en France mais aussi à l'international. Rencontre avec Jean Lacoste, directeur général adjoint d’Ondeo Systems.
Revue L'Eau, L'Industrie Les Nuisances : Comment se porte le marché de la télérelève en France et en Europe ?
Jean Lacoste : Contrairement à d'autres infrastructures comme les stations d'épuration ou les usines de production d'eau potable, les réseaux ont longtemps été dépourvus d'outils permettant d'optimiser leur exploitation. L'arrivée des compteurs dits intelligents et plus généralement le développement des systèmes de télérelève avec les systèmes d'informations associés constituent une réponse pertinente à ce manque. Assez logiquement, ce marché est en forte expansion. À ce jour, nous avons vendu 4,8 millions de compteurs télérelevés en Europe et, sur ce chiffre, 1,2 million sont opérationnels. En France, nous approchons le million. L'expertise que nous avons acquise dans ce domaine nous a permis de multiplier le nombre de compteurs déployés par 12 en 10 ans.
ELN. : Qu'est-ce qui fait l'originalité des solutions que vous proposez ?
J. L. : L'essor d'Ondeo Systems est le fruit d'une rupture technologique. En 2005, face aux solutions de télérelève courte portée qui consistaient à répéter le signal de point en point jusqu’au réseau central, nous avons opté pour la longue portée qui permet de minimiser le nombre d'équipements déployés en récupérant une fréquence qui venait de se libérer, la fameuse fréquence 169 MHz. Nous avons réussi à convaincre puis entraîner plusieurs partenaires parmi lesquels GrDF qui a procédé dans les années 2010-2011 à différents tests avant d'investir sur cette technologie. À la suite d'un appel d'offres, nous sommes devenus l'intégrateur de la chaîne communicante de GrDF qui doit répondre aux exigences particulières du domaine du gaz et prochainement de l'eau. Les avantages de cette technologie sont aujourd'hui reconnus : elle est fiable, interopérable et ne nécessite que peu d'équipements : un compteur communicant et un concentrateur. Elle peut, par conséquent, être déployée très rapidement. À Hyères ou Biarritz, les déploiements se sont faits en moins d'un an.
ELN. : Où en sommes-nous en matière d'interopérabilité ?
J. L. : Comme vous le savez, nous faisons partie du groupe Ad-Hoc « Guide d'application » de la commission de normalisation E17z qui réfléchit au sein de l'AFNOR à l'élaboration d'un référentiel visant à renforcer l'interopérabilité des solutions de télérelève. Les choses avancent. Une deuxième version du guide d'application de la norme EN13757 est en cours de préparation. Il s'agit maintenant d'élaborer un référentiel commun préparant l'avenir et les convergences. Et tout ceci sans que la normalisation interdise ou bride l'innovation, tout en prenant en compte les acquis existants. Car il faut savoir que la France est leader en Europe en matière de télérelève. La filière française s'est développée grâce à son excellence en matière de radio et au rôle qu'elle a joué dans l'élaboration de la norme GSM. Nous disposons d'un extraordinaire réservoir de savoirs et il faut veiller à ne pas brider l'innovation au motif de privilégier l'interopérabilité.
ELN. : Les bénéfices d'un système de télérelève sont-ils réservés aux seules grandes collectivités ?
J. L. : Non pas du tout. Nous comptons parmi nos clients de grandes agglomérations comme Malte, Paris rive gauche, Biarritz, Mulhouse... mais aussi beaucoup de syndicats de taille plus modeste, situés en milieu rural ou semi-urbain. La télérelève profite au service de l'eau comme à l’abonné. Au premier, elle permet d'optimiser la gestion de ses réseaux tout en dimensionnant ses investissements au plus près des besoins. Mais le gain n’est pas uniquement technique. Dans un contexte de baisse constante des consommations, elle permet aussi d’élaborer un budget sur des bases réelles et non plus estimatives. Elle permet également de mettre en place un tarif saisonnier ou encore une tarification progressive comme cela a été le cas à Hyères. Pour l'abonné, qui ne souhaite plus être facturé sur des bases estimatives, elle garantit la maîtrise de sa consommation et ouvre la voie à une multitude de services.
Enfin, et c'est peut-être le plus important, la télérelève renouvelle la relation entre le service de l'eau et l'abonné en l'améliorant considérablement.
Tous ces avantages poussent à son développement. En France, le modèle privilégié qui émerge actuellement repose sur un modèle dit « serviciel » : l'opérateur gère le réseau de communication tandis que la collectivité garde le plus souvent la propriété des compteurs.
Propos recueillis par Vincent Johanet
Destination des exploitants, mais aussi des abonnés désireux de maîtriser leur consommation, voire de configurer leurs alertes.
Itron développe des systèmes offrant des solutions bout en bout, incluant un outil de diagnostic et une aide à la décision qui permet au service de l'eau de protéger ses recettes, de développer la relation à l'abonné et finalement d'optimiser son efficacité opérationnelle.
Chez Kamstrup, le pack READY™ est une solution Wireless M-Bus qui permet une lecture simple et rapide de compteurs d’eau. Avec un smartphone Android, une interface radio pour voiture et un logiciel PC, il est possible de lire des compteurs d'eau à distance directement à partir d'un véhicule. La lecture s'effectue automatiquement sans qu'il soit nécessaire de suivre une tournée dans un ordre particulier.
Le développement de ces outils entraîne paradoxalement une évolution dans la place occupée par le compteur, au moins au plan commercial. Malgré – ou à cause – des nombreux progrès effectués ces dernières années, il est condamné à s’effacer peu à peu au profit de solutions globales et packagées de relations avec l'abonné.