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Maîtriser l'impact odorant des ouvrages de traitement

30 mai 2014 Paru dans le N°372 à la page 51 ( mots)
Rédigé par : Jean GUILHEM

Jadis considérées comme une fatalité, les nuisances odorantes sont de moins en moins bien tolérées. Sur les nouveaux projets de stations d'épuration, ce sujet est désormais pris en compte dès le stade des études. En revanche, pour les ouvrages de traitement existants, le problème reste complexe et requiert de la part des exploitants une combinaison d'actions préventives et curatives. Les solutions existent, elles sont nombreuses et efficaces pour autant qu'elles soient adaptées au cas considéré.

Les odeurs constituent une pollution atmosphérique si elles provoquent des nuisances olfactives excessives, suivant l'article L. 220-2 du Code de l'Environnement. Elles sont dues aux composés chimiques odorants, individuels ou en mélange complexe. Ces composés sont classés en trois familles : les soufrés (sulfure d’hydrogène, mercaptans, ...), les azotés (ammoniac, amines, ...) et les composés oxygénés (acides organiques, alcools, éthers, ...).

Bien souvent, notre système olfactif ne suffit pas pour caractériser une odeur, car le

[Photo : Une bonne gestion des odeurs en stations d'épuration passe par une parfaite maîtrise des eaux usées dans leur cheminement et leur traitement.]

psychologique et la mémoire jouent un rôle prépondérant. C’est ce que l'on appelle le caractère hédonique d'une odeur.

En effet, bien qu'une odeur soit, dans une certaine mesure, liée à une concentration de substances odorantes dans l'air respiré, la qualité (assimilation à une odeur connue), l’acceptabilité (caractère agréable ou désagréable) et l’intensité des odeurs rendent inégales les perceptions de leur hédonisme par chaque individu rendant difficile toute évaluation d’une gêne olfactive.

Mieux exploiter pour éviter de générer des odeurs

Une bonne gestion des équipements permet d’éviter bien des désagréments. L’oxygénation via des aérateurs de surface tels que ceux proposés par Isma, Faivre ou Aquago peut par exemple permettre d’éviter les odeurs dégagées par les bassins d’eaux résiduaires chargées en matière organique. La méthode ne nécessite aucun réactif chimique et ne forme pas de sous-produits nocifs pour l'environnement. Faivre l’a par exemple mise en œuvre sur deux bassins de la sucrerie Saint Louis Sucre de Cagny (14). La charge organique des eaux résiduaires a été diminuée de 98 % et les nuisances odorantes ont disparu (voir EIN n° 368).

[Photo : Alpha MOS propose un réel système d'alerte odeur dès qu’un dépassement de concentration est observé à la source ou à l’environnement. Couplé à l’outil de modélisation atmosphérique Plume Air de Nemotech, il offre un outil de supervision complet utile sur des sites comme le Centre de Valorisation de la Communauté Urbaine de Lille Métropole.]

Aquago, avec son aérateur solaire Sungo® l’a aussi mise en œuvre sur des bassins d’évaporation d’effluents viticoles dans l'Hérault, ainsi que sur du lixiviat de compostage et des lagunages naturels (Audresselles (62) ou industriels (usine Stora à Corbehem), avec des résultats immédiats sur l’abattement des odeurs.

[Photo : Des aérateurs solaires Sungo® développés par Aquago ont permis de contrôler les odeurs émanant d’un bassin d’évaporation pour effluents viticoles dans l'Hérault. Une solution intéressante pour des sites qui ne sont pas électrifiés.]

Tous les ouvrages sont concernés. En réseaux d’assainissement, certaines sociétés comme Atheo Solutions réalisent des contrôles indépendants permettant de connaître le niveau d’efficacité des unités de traitement anti-H2S et les optimisations possibles. « La problématique de l’H2S et des odeurs est maintenant bien connue des acteurs de l'eau et ne peut plus être ignorée lorsqu'elle se manifeste, souligne Vincent Charbau chez Atheo Solutions. Les techniques de traitement ont évolué et se sont multipliées. Les procédés peuvent être préventifs, inhibiteurs ou curatifs, traiter les eaux usées ou filtrer l’air vicié. Leur coût de fonctionne-

[Publicité : ATHEO SOLUTIONS]
[Photo : La solution Coverzig de Cifa Systèmes est une couverture flottante composée d’une mousse polypropylène semi-rigide assurant une excellente flottabilité et d’une membrane armée étanche à base de polypropylène. Elle est conçue pour suivre le marnage de la lagune. Des évents dotés de charbon actif évitent les surpressions.]

ment et leur simplicité de mise en œuvre varient et leur efficience dépend de la situation. Des aménagements d’ouvrages et des optimisations de fonctionnement peuvent également être efficaces. Afin de mettre en œuvre des solutions efficaces et adaptées, il est indispensable d’identifier et maîtriser au préalable la problématique existante. Atheo Solutions, bureau d’études et d’analyses indépendant spécialisé dans l’H₂S, accompagne les collectivités, exploitants et industriels dans les démarches de lutte contre l’H₂S et les nuisances olfactives. Son expertise, son savoir-faire analytique et ses connaissances techniques permettent d’identifier précisément chaque problématique et d’opter pour des solutions répondant scrupuleusement aux besoins.

Ainsi, les études diagnostiques permettent aux maîtres d’ouvrage et exploitants d’identifier précisément les dysfonctionnements et d’opter pour un scénario d’aménagement adapté. « Nous proposons parallèlement des formations professionnelles destinées à améliorer les conditions de sécurité du personnel intervenant et intégrer la problématique H₂S dans l’exploitation et les projets d’assainissement », souligne Vincent Charbau. Toujours en réseaux d’assainissement, Yara propose le procédé Nutriox® incluant les contrôleurs de dosage et l’accompagnement technique et analytique permettant de doser la quantité strictement nécessaire de réactif permettant d’atteindre les objectifs d’abattement des odeurs fixés par les clients. Klearios propose de son côté la ThioBox, un système communicant et ouvert permettant d’optimiser au mieux la consommation de réactifs anti-H₂S permettant de faire chuter les consommations de plus de 30 % par rapport aux systèmes de dosage actuellement sur le marché tout en garantissant plus de 90 % d’abattement.

Purostar, spécialisé dans le traitement des eaux usées, propose un produit qui détruit les mauvaises odeurs. L’investissement est quasiment nul puisqu’un simple poste de dosage suffit. L’efficacité du réactif est telle, poursuit-il, qu’il parvient à désodoriser totalement les effluents fermentés de caves vinicoles ce qui rend l’épandage possible, sans aucune nuisance olfactive.

[Encart : Disperser naturellement les odeurs et les rejets gazeux Comment assainir l’air ambiant en expulsant les odeurs à l’extérieur et à grande hauteur, évitant ainsi toute gêne du voisinage ? Le procédé Eolage® développé par Delamet Environnement, permet d’accélérer la dispersion atmosphérique à plus de 100 mètres de hauteur sans cheminée, via un puissant système d’aspiration qui va propulser verticalement les odeurs à 30 m/s avec un débit de 300 000 m³/h. Cette solution, relativement simple, épargne les riverains des émanations d’odeurs parasites. « Complémentaire à d’autres systèmes, le dispositif comprend une tuyère incorporant une hélice entraînée par un moteur de 45 kW » précise Michel Marty, Directeur général chez Delamet Environnement. Efficace sur tout type d’odeurs ou de rejets gazeux, le procédé peut être asservi au process pour optimiser les consommations énergétiques et minorer le niveau sonore. Rapide à mettre en place, il bénéficie de plus d’une centaine de références en France, mais aussi en Espagne, Argentine, Belgique, Brésil, etc.]
[Photo : Purostar, spécialistes des eaux usées, propose un produit qui détruit les mauvaises odeurs. L’investissement est quasiment nul puisqu’un simple poste de dosage suffit. L’efficacité du réactif est telle puisqu’il parvient à désodoriser totalement les effluents fermentés de caves vinicoles ce qui rend l’épandage possible, sans aucune nuisance olfactive.]
[Publicité : AQUAGO]
[Photo : Cifa Systèmes a assuré à Tunis le confinement intégral d'une lagune de stockage des lixiviats d'une surface de 2 400 m² à l'aide d'une couverture en polypropylène de type Covergaï. Un chemin d'accès sécurisé aux équipements a été créé, de même qu'un système de traitement des gaz sur charbon actif (vents).]

tif est réelle puisqu’il parvient à désodoriser totalement des effluents fermentés de caves vinicoles, ce qui rend l’épandage possible sans aucune nuisance olfactive. Une période d’essai peut même être proposée.

« Avant de lutter contre les odeurs dégagées par les ouvrages de traitement, il faut mieux gérer les eaux usées dans leur cheminement car ce qui se passe en amont d’une unité de traitement est fondamental. Un bon entretien des réseaux peut éviter en grande partie la génération d’odeurs en éradiquant les zones de stagnation tout en oxygénant les effluents et en y associant des nitrates de calcium ou en injectant du chlorure ferrique », explique Lionel Pourtier, spécialiste reconnu du secteur et directeur d’Environnement Air.

« De plus, ces traitements doivent être adaptés aux flux massiques dans la mesure où les émissions fluctuent en fonction des saisons, des heures et des conditions climatiques. Des valeurs à ne pas dépasser doivent être prédéfinies pour une absence totale de gêne vis-à-vis des riverains et la possibilité pour le personnel de travailler dans de bonnes conditions. Ces précautions préventives sont importantes car captation et traitement en continu des émanations coûtent

[Photo : CMI Europe Environnement conçoit et met en œuvre des solutions sur mesure de traitement des rejets gazeux corrosifs, nocifs et odorants par différentes technologies telles que le lavage de gaz, l’adsorption sur charbon actif ou la biofiltration.]
[Publicité : Guide de l'eau]
[Publicité : Rincent Cap Air]
[Publicité : Editions Johanet – Le filtre planté de roseaux]
[Photo : Airepur Industries est spécialisée dans la conception et la réalisation d’installations de ventilation, de dépollution des odeurs, de l’air et de traitement de COV. Procédés proposés : laveur gaz, filtre biologique minéral, organique et filtre charbon actif.]

Avant de couvrir des installations et de traiter l'atmosphère, il s’agit avant tout de caractériser les sources par des mesures d’olfactométrie avec méthodologie car on n’a pas besoin de tout traiter » poursuit Lionel Pourtier.

Installé à Nogent-sur-Marne (94), Cap Air, bureau d'études spécialisé en environnement atmosphérique, met en œuvre des campagnes de mesures servant à relever des états initiaux avant toute opération industrielle ou pour évaluer certains impacts sur la qualité de l'air. « Le domaine de l’olfactométrie est complexe comme en témoignent les différentes définitions du mot “odeur” variant selon que l'on en considère la cause et les composés émis ou l'effet, à savoir, sa perception », explique François Cape, Directeur Technique chez Cap Air. « Afin de constater les nuisances olfactives, nous faisons appel à des moyens à la fois humains et techniques, de manière à déterminer si l'odeur est fugace ou persistante, à mesurer son seuil de détection et son débit ou encore à évaluer sa dispersion » poursuit-il.

Un Jury de nez formé et certifié suivant les intensités selon la norme NFX 43-103 se déplace selon un parcours défini afin d’évaluer l'intensité des odeurs sur la base d’une échelle de référence puis établit des cartographies d’odeurs dans l’environnement immédiat d'un site. Airpoll, Egis Environnement, Aroma Consult (Groupe Odour-

[Encart : Analyser les COV en traces Pour mesurer des polluants organiques de manière fine, on effectue le plus souvent un prélèvement qui est analysé en laboratoire par des techniques séparatives GC-MS ou LC-MS. Ce sont les techniques de référence pour la mesure de composés chimiques mais elles sont lentes et ne permettent pas toujours d'avoir une vision en continu du processus. Par ailleurs, venir prélever toutes les deux ou trois heures pour suivre un problème d’odeur ou de rejet industriel, est extrêmement contraignant et coûteux. BTrap est une solution développée par Alyxan qui permet de placer l'instrument au plus près du besoin pour des mesures en continu. Elle associe spectrométrie de masse haute résolution (FTICR à bas champ) et ionisation chimique. La haute résolution permet d'une part d’identifier les composés par une mesure très précise de leur masse et d’autre part de séparer des composés isobares (même masse nominale) ce que les spectromètres de masse quadrupolaires ne peuvent pas faire. L’ionisation chimique qui est basée sur l'utilisation d'une réaction ion molécule permet d'ioniser sélectivement les composés d’intérêt. Ainsi la PTRMS (Proton Transfer Reaction Mass Spectrometry) qui utilise l’ion H3O+ comme précurseur d’ionisation est parfaitement adaptée à la mesure des Composés Organiques Volatils (aromatiques, alcènes, aldéhydes, alcools…). En effet, l’ion H3O+ ne réagit pas sur les composés majoritaires de l'air (N2, O2, Ar…) ; en revanche il réagit rapidement sans les fragmenter avec les COV. D’autres précurseurs comme les ions négatifs seront plus adaptés pour la mesure d'autres classes de composés comme par exemple les fréons. Le point fort de la technique est qu'elle permet une analyse quantitative, sans a priori et simultanée d'un très grand nombre de composés. La sensibilité de la technique est de 200 ppb pour un temps de mesure d'une seconde et de la ppb pour un temps de mesure de la minute. Plusieurs voies de prélèvement peuvent être analysées successivement grâce à un système de multiplexage piloté par ordinateur. L'instrument, robuste, peut être embarqué dans un véhicule ou placé dans un shelter sur un site industriel. Alyxan]
[Photo : Le système OdoWatch d’Odotech, mis en œuvre sur la step de Marquette-Lez-Lille, comprend un ou plusieurs nez électroniques (NE) déployés sur un site, à proximité des sources d’odeurs, de façon à caractériser (identifier et quantifier) les émissions.]
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[Publicité : Purostar Traitement d’Eau]

net) ou IAP-Sentic développent également une expertise particulière dans le domaine de l'olfactométrie.

Détecter très tôt les nuisances odorantes

Les capteurs physico-chimiques comme les nez électroniques permettent également de détecter très tôt les nuisances odorantes. Alpha MOS propose la solution RQ BOX, intégrant notamment des nez électroniques postés à l'émission pour assurer le suivi continu 24 h/24 des variations de process et de l'intensité odorante des installations. L'ensemble des données est géolocalisé et l'historique d’enregistrement est consultable à tout moment pour identifier, confirmer ou infirmer un événement olfactif. Pour assurer un suivi continu à l'environnement, ces nez sont couplés à un outil de modélisation 2D ou 3D en fonction de la typologie du site, permettant d’apprécier immédiatement le ressenti au voisinage.

Ainsi, Alpha MOS s'est associé avec Numtech, société experte en modélisation, pour proposer la première plate-forme logicielle PLUMAIR intégrant données d’émissions continues des nez électroniques et station météo, données sensorielles (olfactométrie) et relevés automatisés des riverains (outil Airpoll). Sur fond de carte interactif Google Earth, cet outil de surveillance déployé notamment au CVO de Lille Sequedin (Communauté Urbaine de Lille Métropole) alerte l’exploitant en cas de dérive process. Des points de couleurs géolocalisés représentant émissions et zones d’habitations informent simplement les exploitants ou riverains dès qu'un dépassement de seuil est observé. Des mails d’alerte sont envoyés si besoin. « Cette solution a été d’un grand appui pour valider avec les riverains l’action des traitements curatifs mis en place sur le site. Aujourd’hui, il est possible d’anticiper jusqu’à 72 h avec l’option de prévision, les émissions et leurs impacts (H2S, NH3, Odeur, COV ou Mercaptans) », souligne Louis Vivola chez Alpha MOS.

Démarche similaire chez Odotech qui assure suivi et gestion des odeurs sur site en utilisant des réseaux de nez électroniques, outils qui assurent un suivi des émissions d'odeurs environnementales en temps réel. Odeur, qualité de l’air, météorologie et climatologie sont intimement liés. Le système OdoWatch®, mis en œuvre sur la station d’épuration de Marquette-Lez-Lille, comprend un ou plusieurs nez électroniques (NE) déployés sur un site, à proximité des sources d’odeurs, de façon à caractériser (identifier et quantifier) les émissions. En fusionnant les données météorologiques reçues de la station météo avec celles recueillies par les nez électroniques, le système modélise la dispersion atmosphérique des odeurs et affiche le panache odeur (codé couleur selon la concentration) en superposition à la carte aérienne du site. Les mesures sont effectuées à la norme européenne EN 13725.

Moins coûteux, les capteurs physico-chimiques se concentrent sur une

[Encart : Un olfactomètre ultra-portable pour mesurer les odeurs sur le terrain Autonome, l’olfactomètre portable SM 110C d’Alpha MOS quantifie les niveaux d’odeur. Facile à utiliser, il améliore les appréciations sensorielles et constitue un complément utile aux mesures de laboratoire, pas toujours indispensables. Polyvalent, il intervient sur diverses émanations de gaz et d'ambiances par analyse sur le terrain. Son fonctionnement est simple puisque l'appareil aspire l'air à analyser par effet venturi et le dilue avec l'air inodore issu d'une petite bouteille d’air comprimé intégrée au sac à dos de l'opérateur. L'utilisateur ajuste la vanne à coulisse pour maîtriser le rapport de dilution. Lorsque l’odeur devient détectable, l'utilisateur déduit le niveau d’odeur de l’échantillon en observant la position de la vanne. « De design conforme aux spécifications mentionnées dans la norme EN 13725, précis et autonome, son spectre de détection s’étend de 2 à 30 000 UO (unités d'odeur) », souligne Louis Vivola chez Alpha MOS. « C'est un outil complémentaire à l‘olfactométrie pour l'apprentissage des nez électroniques ou de tout autre équipement ne nécessitant pas d'utiliser un référentiel normatif ».]

seule famille de gaz (soufrés, ammoniaqués...) mais sont capables de fonctionner en réseau pour surveiller la qualité de l’air au sein ou à proximité d'un site. Cairpol a par exemple développé des capteurs miniaturisés permettant de surveiller en temps réel des polluants à faible concentration. Cette technologie ouvre ainsi le champ de la surveillance industrielle des gaz odorants ou polluants spécifiques par des réseaux de capteurs autonomes permettant, de par la finesse du maillage, de contrôler les émissions diffuses, de la mesure de l’exposition chronique des travailleurs, et de manière plus large du contrôle de la qualité de l'air ambiant (en intérieur ou extérieur) sur n’importe quel site, et à des coûts avantageux. « En se basant sur les avantages de nos capteurs (pas de recalibration ni maintenance pendant 1 an, coût économique, facilité d’utilisation, miniature), nous avons développé une solution de suivi en temps réel des gaz odorants, puissante mais simple d'utilisation : elle consiste en un maillage du site par de nombreux points de mesure, permettant aux exploitants

[Publicité : CIFFA SYSTÈMES]
[Publicité : Yara France]
[Encart : Les CairNet de Cairpol permettent de réaliser un réseau communicant (sans fil) et autonome (panneau solaire et batterie), afin de surveiller les émissions diffuses de gaz et de visualiser en temps réel la dynamique des variations de concentration du/des polluants étudiés (H2S, CH4S, NH3, SO2, COVnm, etc.), explique Brice Hellio, International Sales Manager chez Cairpol. En complément des nez électroniques qui permettent de qualifier les composants d’une odeur, nous nous focalisons sur le suivi de ces composants, ou “traceurs”, tels que le H2S, le CH4S, le NH3, etc. Les avantages pour un exploitant sont nombreux : possibilité de comparer les occurrences d’un événement (zone avec pic de concentration récurrent tous les matins à 8 h 30, ou lié à l’heure de pause du personnel du site, au passage d’un camion, etc.), d’agir de manière générale sur le procédé grâce au suivi en temps réel, de prévenir le voisinage d’épisodes odorants à venir, de déterminer si un épisode odorant perçu est bien lié à son site, etc.]

« La problématique des odeurs est des plus actuelles et cela fait appel à plusieurs technologies de l’amont à l’aval, que ce soit au niveau de la gestion des réseaux d’acheminement, de l’optimisation des procédés et gestion des fuites sur site ou encore du traitement des sources », précise Brice Hellio. « Cairpol se positionne avec sa solution comme un outil permettant aux exploitants de suivre l’impact de ses différentes actions et de communiquer en connaissance de cause. Parmi nos clients, nous avons effectivement de nombreuses STEP, que ce soit en France ou à l’étranger (USA, Moyen-Orient, Corée, Chili... etc.). »

Gérer les flux pour mieux traiter les odeurs

Un lieu commun qu’il n’est toutefois pas inutile de rappeler : les odeurs susceptibles d’être traitées sont celles qui sont acheminées vers les différents dispositifs de traitement.

Couvrir, capter et collecter constituent donc le préalable indispensable de tout traitement. Les couvertures de certains ouvrages odorants comme par exemple les bassins se sont banalisées ces dernières années. Ciffa Systèmes, Prat, Trioplast, Domafos ou Apro Industrie proposent des systèmes de couvertures flottantes ou non, souples ou rigides, résistantes au ciel gazeux, permettant de confiner et collecter les odeurs en vue de leur traitement. Les possibilités sont quasi illimitées. Ciffa Systèmes a ainsi récemment assuré à Tunis le confinement intégral d’une lagune de stockage des lixiviats d’une surface de 2 400 m² à l’aide d’une couverture en polypropylène de type Covergaz (voir EIN n° 361). « Bien que tous les ouvrages ne sentent pas systématiquement mauvais, lorsqu’un volume est fermé, l’organisation d’une bonne ventilation devient prépondérante avec filtration des rejets », explique Frédéric Vacheron, directeur commercial d’Airepur Industries. L’aéraulique de chaque bâtiment abritant des process odorants devra faire l’objet d’une attention particulière en fonction de la filière de traitement choisie qui dépend elle-même de nombreux paramètres : nature des polluants à éliminer, débit et concentration des flux à traiter sans oublier le bilan carbone et le coût global du traitement mis en œuvre. Les techniques de traitement les plus courantes permettent d’atteindre des niveaux satisfaisants sur les quatre polluants que sont l’hydrogène sulfuré, les mercaptans, l’ammoniaque et les amines et, sous certaines réserves, les organo-volatils. Airepur Industries comme Veolia Environnement, Degrémont, CMI Europe Environnement, Klearios ou Algotec International développent des laveurs physico-chimiques, des biofiltres et des process de filtration par charbon actif susceptibles de neutraliser ces familles de polluants.

Le lavage physico-chimique repose sur la captation d’un polluant gazeux par une solution neutralisante. Appliquée dans de nombreux cas de figure, cette technique est éprouvée. Efficace, elle nécessite cependant un savoir-faire spécifique pour déterminer le nombre et le type de laveurs et la nature des solutions de lavage.

Les filtres biologiques à partir de biomasse présentent des performances techniques et économiques intéressantes. Modulaires, extensibles, économiques en maintenance, ils ont gagné en compacité ces dernières années et sont complémentaires des laveurs physico-chimiques. En revanche, le processus est plus lent et demande un volume important. Les filtres biologiques sont effectivement intéressants techniquement et économiquement, mais leur bon

[Photo : Cairpol]
[Publicité : Odo-Ram]

Un outil collaboratif de gestion des nuisances olfactives

La gestion des incidents requiert de plus en plus de transparence, de réactivité et de responsabilités. Dans une société connectée, mobile, les citoyens s’attendent à pouvoir transmettre leurs plaintes ou leurs observations instantanément « online ». Ils veulent aussi pouvoir suivre leur plainte et disposer rapidement d'un retour. D’où l'intérêt d'Odourmap créée par Aroma Consult (Groupe Odournet) qui permet à l'ensemble des participants d’une communauté de passer d’une ancienne forme de communication unilatérale à un mode de communication bilatéral et multilatéral. Cela transforme le mode de transmission de plaintes à sens unique en un mode d’échange avec le citoyen qui l'implique dans la protection de l'environnement grâce au mode collaboratif « crowdsourcing ».

Odourmap est une application internet qui montre les informations importantes pour la bonne gestion des relations entre membres d'une communauté, confrontés à une problématique d'impacts olfactifs ou sonores. Odourmap collecte, archive, montre, établit des rapports et communique différents types de données selon une carte.

Une de ses caractéristiques essentielles est sa barre chronologique configurable qui permet un affichage de la situation présente, passée et future quand il y a un risque d’impact. Les utilisateurs peuvent voyager dans le temps et voir comment les situations évoluent. Elle permet également de voir et d’analyser la progression d'un incident et la façon dont il évolue avec les conditions météorologiques. Enfin, elle permet de disposer de vues statistiques des paramètres renseignés par les citoyens, sur les sources d'odeur, leur niveau d'intensité, leur nature, leur fréquence d’apparition, mais aussi sur les données météo, les données issues des grilles d’inspections. Ces données statistiques sont générées de façon automatique, selon une version standardisée. Les utilisateurs peuvent aussi recevoir des notifications, des alertes sur des événements, des incidents selon des seuils préalablement définis.

Le fonctionnement dépend de très nombreux critères : humidité, température, bonne identification des polluants et de leur variabilité. « Pour cela l'expérience des fournisseurs est primordiale », insiste Cédric Debuchy, directeur commercial de CMI Europe Environnement. « Cette expérience s'acquiert avec le temps : nos 200 installations de traitement biologique en service et notre laboratoire de recherche et mesure sur les odeurs, unique dans la profession, nous permettent de développer une expertise particulière en ce domaine ».

[Photo : Le garnissage minéral spécifique du biofiltre Trio+ d’Algotec International assure le traitement efficace des odeurs, des COV et plus particulièrement de H2S. Avec une durée de vie du massif filtrant supérieure à 15 ans, les coûts d’exploitation sont notablement réduits.]

Adaptés aux faibles concentrations, l'adsorption sur charbon actif est une solution simple, fiable, efficace et sûre pour de longues durées. Dans bien des cas, les principes de traitement du type synergique associent lavage physico-chimique, biofiltration, et filtres à charbon actif pour un traitement optimal.

Pour Christian Coste, expert odeur chez Egis, « Au final, et afin de répondre de façon globale à la problématique du traitement des odeurs émises et de leurs impacts environnementaux, il est important de mettre en place une démarche intégrée, adaptée au site, à ses problématiques, à ses obligations, tout en impliquant les riverains. Cette démarche est indispensable pour pouvoir proposer un protocole de mesures et d’améliorations visant à diminuer le plus possible voire supprimer les nuisances olfactives dans l’environnement ». Pour ce faire, le recours à des bureaux d’études disposant à la fois des compétences humaines reconnues, et de l'ensemble des matériels de mesures, de calculs et de communications est indispensable. C’est le cas du pôle odeurs d’Egis, qui propose une démarche intégrant l’ensemble des techniques disponibles (nez électroniques à l’émission, capteurs dans l'environnement, modèles de dispersions 2D et 3D évolués, laboratoire d'olfactométrie accrédité Cofrac, olfactomètres portables, laboratoire mobile, stations météorologiques, jurys de nez, plateforme d'information WebSIG...) dans une analyse adaptable et globale où le dialogue avec le public est renforcé par une expertise dans le diagnostic, la métrologie et dans le choix/dimensionnement des solutions de réduction des émissions olfactives afin d’aboutir à des solutions optimales satisfaisant les attentes de l'ensemble des parties prenantes : l’exploitant, l’administration, les collectivités locales, les riverains.

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