Réduire la consommation en énergie des procédés de brassage et d'agitation est activement promue dans le cadre de la loi de programmation de la politique énergétique (POPE), et les constructeurs s'y emploient. Cependant, les machines ayant les meilleurs rendements sont aussi les plus chères. Le retour sur investissement est de 2 à 5 ans selon les technologies. Une durée pas si longue que ça mais qui, dans un contexte dans lequel le court terme prévaut presque systématiquement, peine à s'imposer. Malgré les avantages de certains de ces équipements à long terme. Les technologies plus récentes, comme l'injection d'oxygène pur pourraient quand à elles progresser dans ce nouveau contexte.
L’épuration biologique des effluents repose sur la capacité de certaines bactéries à dégrader les matières organiques, c’est-à-dire à les utiliser comme nutriment. Ce phénomène naturel est exploité à grande échelle et nécessite par conséquent d’être suivi et favorisé pour se dérouler correctement. En particulier, il est indispensable de brasser les effluents ensemencés par les bactéries ad hoc pour assurer leur bonne répartition dans le liquide et éviter leur dépôt en fond de bassin qui provoquerait leur asphyxie. Il est aussi nécessaire d’aérer ces effluents
Développer des stratégies de régulation
Afin d’assurer un approvisionnement suffisant de ces microorganismes en oxygène, agitateurs et aérateurs de surface ou de profondeur permettent de réaliser ces deux opérations indispensables. Mais elles représentent à elles seules près de 70 % de la consommation en énergie d'une station d’épuration. Les exploitants et fabricants cherchent de plus en plus à parfaire les équipements et les installations afin de réduire les coûts énergétiques associés à ces postes et répondre ainsi aux obligations d’économie d'énergie stipulées dans la loi POPE, la loi de programmation fixant les orientations de la politique énergétique.
La station : plus que la somme de ses parties
Les fabricants d’agitateurs ou d’aérateurs comme Xylem, Grundfos, SCM Tecnologie, Europelec, Salmson-Wilo, Sulzer, Landia, Tsurumi ou Biotrade proposent aujourd'hui des équipements de plus en plus efficaces, réduisant ainsi les consommations électriques nécessaires à leur fonctionnement. En amont de l’aération, les professionnels de la compression comme Aerzen, Atlas Copco, ABS Sulzer, Ingersoll Rand, Hibon ou Kaeser Compresseurs ont également apporté des améliorations substantielles aux systèmes de pressurisation de l’air nécessaires à l'aération. Plus méconnus, les professionnels des gaz industriels comme Air Products, Air Liquide ou Messer proposent également des solutions qui contribuent à réduire l’impact énergétique et environnemental de l’activité d’épuration biologique des eaux.
Chaque constructeur travaille en permanence pour améliorer les performances de ses machines tout en les rendant plus sobres, mais l’exploitant doit également tenir compte de leurs caractéristiques pour faire son choix. « Trop souvent le brassage et l’aération sont considérés séparément alors que les deux procédés interfèrent énormément, » souligne Michel Leromain, responsable technique et développement chez Sulzer. « Par exemple, une aération supérieure à 24 m³/h/m² peut rendre inopérante la fonction accélération de courant. De plus, les bulles se regroupent (coalescence), montent plus vite et offrent moins de surface de contact. » La modélisation des écoulements permet d’optimiser l'aération et le brassage du bassin pour un meilleur transfert d'oxygène. « Pour avoir une station énergétiquement au top avec les meilleurs coûts de fonctionnement, il faut réaliser une étude globale de l’injection d'air, des aérateurs et des agitateurs, » insiste Patrick Binjamin, d’Atlas Copco, spécialiste de la compression et des audits dans le domaine du traitement de l'eau. « Les trois éléments sont liés et doivent être considérés simultanément faute de quoi on s'expose à des déboires. »
Des moteurs et profils optimisés
De nombreux aérateurs rotatifs immergés ou de surface sont proposés aujourd’hui sur le marché par des fabricants comme Biotrade, Grundfos, Europelec, Xylem, Sulzer, Faivre, Isma, Techsub-Aquago, TMI, Oxydro, Landia, CE2A-Tsurumi ou SCM Tecnologie. Un soin tout particulier est apporté à la conception des moteurs afin d’améliorer leur rendement et de plus en plus de constructeurs adoptent des moteurs de la classe IE3, éligibles au certificat CEE de basse consommation. SCM Tecnologie expérimente actuellement une nouvelle ligne de moteurs Brushless qui pourrait permettre d’économiser, par rapport à ses anciens modèles, 40 à 60 % de la puissance engagée à prestations égales.
Mais c’est aussi sur le profil des hélices des agitateurs, leur taille et leur vitesse de rotation que les économies peuvent être réalisées. Grundfos, lors d’essais effectués dans une station d’épuration danoise, a montré qu'il était possible d’économiser jusqu’à 50 % de l’énergie consommée en remplaçant leurs petits agitateurs à vitesse moyenne et petites hélices (AMG), par des agitateurs de courant à faible vitesse de rotation (76 et 27 tours par minute) et grandes hélices à 2 pales de 130 ou 260 cm de diamètre (AFG), avec un retour sur investissement de 1 à 4 ans selon les configurations. Même constat chez Xylem qui a présenté pour la première fois à Pollutec 2012 son agitateur 4530 Flygt semi rapide. La combinaison de 3 pales à profil optimisé de 120 cm de diamètre et d’une vitesse de rotation entre 90 et 150 tours par minute réduit le coût énergétique de près de 50 % par rapport à un agitateur compact Flygt.
Certains appareils combinent aération et brassage, comme la turbine lente LTF d’Europolec qui affiche un rendement d’oxygénation de 1,6 à 2,4 kgO₂/kWh. Sulzer propose également une nouvelle gamme d’agitateurs avec un moteur IE3 haut rendement qui diminue la puissance absorbée par le moteur de 43 %. « Nous pouvons ainsi installer une seule machine, là où il y en avait deux de la gamme précédente », souligne Michel Leromain, Sulzer.
Le variateur de fréquence : ne pas consommer plus d’énergie que nécessaire
Une autre piste pour réduire la consommation d’énergie mise en œuvre par ces systèmes consiste à réguler l’apport d’oxygène en fonction des besoins sans alterner les marches et arrêts qui consomment beaucoup d’énergie. Pour cela, la plupart des constructeurs ont équipé leurs machines de variateurs de fréquence, mais il est également possible d’adapter un variateur extérieur au moteur s'il n’en dispose pas à l’origine, une solution privilégiée par certains exploitants pour ne pas dépendre d'un seul fournisseur. Le retour sur investissement de cet équipement excède rarement 2 ans et souvent bien moins.
Le pilotage de l’aération doit également prendre en considération le fait qu'il doit être en mesure de contrôler précisément le traitement de l’azote présent sous forme d’ions nitrates (NO₃) dans les effluents. En effet, en milieu peu oxygéné, ces nitrates sont dénitrifiés par des bactéries spécifiques qui en extraient les atomes d’oxygène dont ils ont besoin pour vivre. Dans les bassins d’épuration cependant, ce proces-
Une turbine radiale d’aération est positionnée au-dessus d’une hélice axiale de mélange qui tourne à 40 à 70 tours par minute et consomme 10 % de la puissance nominale du moteur. Un tube de guidage et un cône d’orientation des flux en fond de bassin permettent d’améliorer le brassage. Un système d’accouplement permet, pour un sens de rotation du moteur, de faire tourner à la fois l’hélice de mélange et la turbine d’aération en créant un flux du fond vers la surface, et, dans l’autre sens de rotation, de faire tourner uniquement l’hélice de mélange en créant un flux de la surface vers le fond. « C’est une technologie très rustique et unique sur le marché à combiner les deux fonctions,
sus s’arrête au stade du protoxyde d’azote ou oxyde nitreux (N₂O) car les besoins sont satisfaits. Or l’article 75 du Grenelle 2 impose aux collectivités de plus de 50 000 habitants et aux entreprises de plus de 500 salariés de maîtriser les rejets de N₂O, qui est le troisième gaz à effet de serre le plus émis après le dioxyde de carbone (CO₂) et le méthane (CH₄). Pour forcer ces bactéries à utiliser le dernier oxygène et libérer l’azote (diazote N₂) naturellement présent dans l’atmosphère, il est courant aujourd’hui d’alterner les phases d’aération (aérobie) et d’arrêt ou de forte réduction de cette aération (phase d’anoxie). Beaucoup de stations fonctionnent par cycles : 1/3 aéré, 2/3 anoxie.
Arrêter l’aération n’affranchit pas toutefois de continuer à brasser la liqueur afin d’éviter les dépôts au fond du bassin. Il est donc nécessaire de combiner un agitateur et un aérateur. Pour les bassins jusqu’à 6 mètres de profondeur, Biotrade propose un système original, le système MOS (Mixing Oxygenation System), avec variateur de fréquence, qui peut gérer à la fois les phases d’aérobie et d’anoxie », souligne Jean-Pierre Grasa, directeur commercial de Biotrade. Elle présente l’avantage de ne nécessiter qu’un seul moteur, d’entretien facile puisqu’il est extérieur au bassin, et pas de compresseur. Ses performances d’aération sont de 2,3 kg O₂/kW en eau claire selon les tests réalisés par l’Irstea. « C’est un peu moins bon que les systèmes fines bulles du point de vue énergétique, mais le coût d’investissement et de maintenance est bien moindre. » Le système peut être installé sur passerelle ou sur flotteur et il est possible de l’équiper d’une jupe anti-gerbe pour protéger des aérosols et d’un capotage du moteur pour le bruit.
Des compresseurs et turbo-compresseurs avec des rendements constants
Un des avantages des systèmes d’aérateur de surface par agitation est de ne pas
Nécessiter de compresseur qui compte pour une large part de la consommation énergétique de la station. Néanmoins, l’agitation n’est pas toujours efficace pour les bassins profonds et son rendement moins bon que celui des systèmes fines bulles qui permettent de multiplier la surface de contact pour une même quantité d’air. Cette technologie fonctionne jusqu’à une profondeur d’une dizaine de mètres, voire 15, au-delà de laquelle la performance du contact avec l’air a tendance à chuter. À ces profondeurs, les applications consomment plus d’énergie car il faut vaincre la contre-pression de la colonne d’eau ce qui nécessite des moteurs de grosses tailles. C’est sur ces systèmes d’air comprimé que les gains énergétiques les plus conséquents sont attendus.
Les surpresseurs à lobes rotatifs, ou roots, utilisés jusqu’à récemment sur 90 % des stations ne devraient plus être proposés que pour des pressions faibles et des temps de fonctionnement courts. Les exploitants qui n’ont plus qu’un an ou deux de contrat iront toutefois vers cette solution qui présente le meilleur rapport achat/coût sur une période courte d’un an ou deux. Les compresseurs à vis basse pression tendent à les remplacer. De nombreux fabricants comme Aerzen, Atlas Copco, Busch, Sulzer, Elmo Rietschle ou Robuschi ont développé ce type de machines car elles ont un meilleur rendement que les surpresseurs et sont aujourd’hui capables de travailler à basse pression. Aerzen, qui fête ses 150 ans prochainement, a développé un compresseur à vis basse pression, le Delta Hybrid, dont les performances tiennent en particulier à sa vis en acier taillée dans la masse avec un liseret d’étanchéité également taillé dans la masse qui lui procure une grande résistance à l’usure et donc la garantie d’un rendement constant dans le temps. « Sept brevets couvrent les améliorations réalisées sur les éléments où se font des pertes de charge, jusqu’aux clapets anti-retour, les vannes, etc. », ajoute Brice Ladret. La combinaison des améliorations sur les écoulements, le système à vis, un moteur électrique très haut rendement IE3 et un variateur de fréquence offre un gain énergétique de 15 à 20 % selon la profondeur comparé aux générations précédentes et étend la plage d’utilisation de 50 à 100 % à une fourchette de 25 % à 100 %.
Les turbo-compresseurs sont les machines présentant actuellement sur le marché les plus forts rendements, grâce à leurs impulseurs et à leur moteur par aimant permanent, le meilleur moteur jusqu’à 400 kW. Là encore des gains d’énergie sont de l’ordre de 15 à 20 %. « Les aubes de notre turbo-compresseur sont en inox et titane, ce qui garantit une grande résistance à l’usure », indique Brice Ladret. De plus, la roue est couplée directement sur le moteur à aimant permanent et tourne sur coussins d’air, ce qui supprime les frottements et réduit la consommation d’énergie ainsi que la maintenance. Le top du top est le turbo-compresseur haute vitesse à entraînement par aimant permanent et paliers magnétiques, une conception adoptée par Sulzer depuis 1995 et Atlas Copco depuis 2003. « L’avantage de la lévitation magnétique par rapport au palier à air est que la position de l’arbre est contrôlée et ajustée en continu au micron près, ce qui permet de maintenir l’équilibre du rotor quoi qu’il arrive et de supprimer les vibrations », explique Michel Leromain, Sulzer. La lévitation magnétique a un coût sup…
Complémentaire mais consomme peu d’énergie : 200 watts. Grâce à de l’informatique embarquée, l’appareil se met en sécurité en cas de problème, obturation des arrivées d’air ou chute. Le gain énergétique se mesure également sur le long terme, ajoute Michel Leromain. Nos roues usinées dans la masse avec contre-dépouille accessible par usinage sont inusables et les paliers magnétiques suppriment tout frottement, donc toute usure. C’est la raison pour laquelle nous offrons des contrats de maintenance à prix fixe sur 10 ans, ce qui fait, par exemple, 1 500 euros par an, filtre compris, pour une machine de 200 kW.
25 à 30 % plus légers qu’un compresseur et d’une emprise au sol 30 à 50 % plus faible, les turbo-compresseurs, malgré leurs coûts supérieurs, sont également intéressants lorsqu’il existe des contraintes au niveau du génie civil.
« Le turbo-compresseur avec moteur à aimant permanent et paliers magnétiques procure d’excellents rendements mais les gains que l’on peut escompter, compte tenu de son coût d’investissement, dépendent de l’utilisation qui en est faite, assure Patrick Binjamin d’Atlas Copco. La rentabilité d’une solution dépend bien souvent de son adéquation avec les besoins considérés. Or, les besoins sont si variés qu’il est hasardeux de formuler des règles générales. Les nouveaux systèmes de régulation exigent aujourd’hui des régulations d’aération plus complexes et pointues que par le passé, et susceptibles de varier de 1 à 6. Les turbo-compresseurs ont une plage de régulation assez réduite, souvent autour de 1 à 2. Dans ce cas, il vaudra toujours mieux multiplier le nombre de machines d’un débit plus faible qui permettront une plage de régulation plus grande que d’installer une machine d’une plus grosse capacité. À titre d’exemple, une production d’air de 20 000 m³/h avec un turbo-compresseur de cette capacité aura au mieux une plage de régulation entre 8 000 m³/h et 20 000 m³/h alors qu’en augmentant le nombre de machines, il sera possible d’obtenir une plage de régulation allant de 2 000 à 20 000 m³/h sans mise à l’atmosphère ; ainsi se feront les plus grosses économies en termes de consommation électrique ».
En fond de bassin : des systèmes d’injection d’air plus performants
Une autre voie d’amélioration se situe au niveau du système d’injection d’air car les membranes sont sensibles au colmatage, ce qui entraîne une perte de rendement annuel évaluée entre 2 et 5 %. Certains fabricants comme Bibus proposent aujourd’hui des membranes plus résistantes en viton ou revêtement à base de téflon pour les applications dans des milieux corrosifs, ou bien avec des tubes ovalisés qui permettent de réduire de 10 à 15 % les pertes de charge. Les Aquadisc et les Aquatube d’Europelec sont disponibles avec une membrane EPDM ou en silicone. Mais l’entretien des membranes reste dans certains cas délicat.
Des solutions d’aération mécanique en fond de bassin permettent de s’affranchir des problèmes de maintenance des membranes fines bulles. Le système Sofie, d’Europelec, est un rotor à pales en inox, logé dans un carter de dépression à canaux d’éjection et entraîné par un motoréducteur submersible. Relié à une centrale d’air surpressé par tuyau souple, il offre un rendement de 1,3 à 2 kgO₂/kWh selon la norme NF EN 12255-15. SCM Technologie a une gamme d’aérateurs sub-
Immersibles radiales (SC, SCL) avec canaux d’expulsion démontables ou auto-aspirantes alimentées par des soufflantes. Sulzer pour sa part conseille la solution OKI : « Nos roues ont 24 aubes creuses qui cisaillent l’air en bout d’aube, souligne Michel Leromain. Ces aubes sont fabriquées avec des tôles d’inox soudées au laser. Cela revient plus cher, mais le rendement est excellent et on gagne au niveau fiabilité, durée de vie et consommation électrique. Elles sont beaucoup utilisées dans le milieu de la chimie industrielle ».
Invent propose de son côté l’agitateur-aérateur Hyperclassic qui présente l’avantage d’être équipé d’un véritable agitateur. Par ailleurs, en cas de syncopage, sa vitesse de rotation peut être diminuée avec un variateur ce qui permet de réduire la consommation d’énergie jusqu’à 75 %. Ce système peut être livré avec un moteur immergé ou déporté.
Ces solutions d’aération en fond de bassin peuvent également être associées avec des agitateurs de surface, solution par exemple préconisée par TMI. Avantages : accessibilité (tout est en surface), pas de risque de dénoyage de l’hélice et possibilité d’ajouter un variateur de vitesse en cas de variation de niveau.
Atlantique Industrie, qui travaille depuis plus de vingt ans en partenariat avec le fabricant danois Landia sur ces problématiques, propose un système d’hydro-éjecteurs en traversée de paroi ou submersible (jusqu’à 1,1 kg O₂/kW en eau claire) utilisés généralement en bassin tampon ou bassin d’orage et parfois en compléments dans les bassins biologiques. Ils sont adaptés à tous types de bassins (de surface, enterrés, béton, acier, géomembrane, …).
Emyg est une société spécialisée dans le traitement de l’eau dont les process reposent sur l’hydro-injection d’air sous pression. L’intégralité de la gamme a été conçue et dimensionnée dans un souci constant d’allier l’efficacité et l’économie d’énergie. La gamme d’aérateurs proposée s’étend de l’aérateur de surface SPLASH, SPRINT à l’hydro-injecteur d’air FORCE7, STORMIX dans des puissances et des géométries différentes. « Ce sont des outils très modulables et compacts qui peuvent également servir à l’injection de gaz divers (oxygène pur, ozone…) et dont l’efficacité est liée à la finesse du micro-bullage qu’ils génèrent » explique Philippe Marchand chez Emyg. À cette gamme d’aérateurs s’ajoutent des circulateurs d’eau dont les principaux modèles (RIO et BRIO) permettent des brassages de plusieurs milliers de m³/h en fonction de la motorisation.
tion et des hélices mises en place, avec des consommations toujours inférieures à 5 kW. « La combinaison de ces outils et la mise en symbiose de leurs performances permettent d'obtenir des process répondant en tout point aux exigences des stations d’épuration, à la ré-oxygénation des vastes plans d'eau et le traitement des eaux de rejets des industries », souligne Philippe Marchand.
Troquer l’air contre l’oxygène pur ?
Insuffler de l'air permet de fournir de l’oxygène aux bactéries, mais si on y regarde de plus près, un système à oxygène pur est forcément plus efficace énergétiquement que l’air. En effet, 1 m³ d’air ne contient que 21 % d’oxygène, la plus grande partie du gaz insufflé dans le bassin étant de l’azote (78 %). Les producteurs de gaz l’ont bien compris qui produisent de l’oxygène pur simultanément aux autres gaz de l’air, azote et gaz rares (argon, néon, hélium, …), valorisés dans d'autres filières industrielles. Les gaziers comme Air Liquide, Air Products, Linde, Gazechim ou Messer ont développé une expertise dans le domaine d’application des boues activées et proposent aujourd’hui des systèmes variés pour injecter de l'oxygène pur dans les bassins.
Air Liquide dispose de systèmes poreux en fond de bassins profonds (plus de 8 m). Ces injecteurs de fines bulles ne demandent aucune énergie locale car l’oxygène fourni sous forme liquide offre une pression suffisante en se vaporisant. Pour les profondeurs intermédiaires, ce fabricant a déve-
Air Liquide a développé le Ventoxal™, un système couplant un émulsionneur de type venturi, alimenté par une pompe immergée, et des hydro-éjecteurs. Pour les bassins de faible profondeur, l’oxygénateur flottant Turboxal™ fournit un débit de brassage de 10 000 à 14 000 m³/h. Air Products propose également différents systèmes pour dissoudre de l’oxygène pur dans les eaux de traitement : Halia Mixer, Halia Venturi et Halia Propeller. Halia Mixer a été développé en collaboration avec l’américain Aqua Aerobic en greffant sur leur agitateur de surface une volute, un générateur de diffusion d’oxygène calibré et une hélice qui génère un flux jusqu’à 6 ou 9 m de profondeur. Halia Propeller crée, en fond de bassin, une aération de fines bulles par laminage du flux d’oxygène par une hélice tournant à 1 500 tours par minute. Messer propose deux méthodes d’injection, par bullage ou par injecteur de type Venturi, qui viennent en support de systèmes existants. « Nous intervenons sur les stations vieillissantes qui arrivent en limite de traitement du fait d’une augmentation de population par exemple, explique Florian Follut, ingénieur application environnement chez Messer, ou bien pour permettre d’intégrer une étape de dénitrification sur les stations anciennes, non équipées pour cela, sans toucher le génie civil. L’oxygène pur, plus efficace, permet de dégager du temps pour une phase d’anoxie. Dans certains cas, si le bassin est suffisamment grand, il est possible de définir des zones d’aérobies et d’anoxie. »
Les technologies d’oxygène pur sont particulièrement adaptées pour traiter des surcharges de polluants saisonnières, une problématique fréquemment rencontrée par les collectivités, que ce soit en liaison avec le tourisme ou une activité artisanale, voire industrielle. Bien implanté en épuration industrielle avec 80 % de ses clients dans les domaines agroalimentaire, chimie et pharmacie, Air Products compte aujourd’hui 20 % de ses clients dans les collectivités de 20 000 à 150 000 équivalents-habitants. Air Products a ainsi équipé en systèmes d’injection d’oxygène pur la station d’épuration d’Aubenas, en Ardèche, afin de pouvoir traiter les rejets saisonniers de l’industrie locale de marrons glacés qui double, de septembre à janvier, la charge de polluants à traiter sans doublement hydraulique. De la même manière, l’oxygénation des bassins a permis à la municipalité de Tain-l’Hermitage de traiter la surcharge que représentent en septembre et octobre les rejets des caves vinicoles.
« C’est une solution encore peu adoptée par les exploitants car, contrairement à l’air, l’oxygène a un coût, explique Samy Sablayrolles, spécialiste du traitement des eaux chez Air Products. Mais ce coût vient en concurrence de celui de l’électricité utilisée par les compresseurs. » C’est ainsi que certains exploitants utilisent l’oxygène dans les plages horaires électriques les plus coûteuses, ou bien lorsque l’installation d’un système d’aération complémentaire peut amener l’exploitant à devoir renégocier son contrat avec EDF. « Avec l’oxygène pur, qui nécessite cinq fois moins d’énergie que l’air sous pression, il suffit d’augmenter la puissance électrique de 20 % pour doubler la capacité d’aération, ce qui reste en général dans le cadre du contrat passé avec EDF, précise Samy Sablayrolles. Bien que conçues comme solution temporaire, certaines municipalités l’ont adoptée comme solution pérenne plutôt que d’investir quelques millions d’euros dans la construction d’une nouvelle station. »
L’oxygène pur pourrait aussi apparaître comme une solution d’avenir dans la destruction des boues issues des traitements et qui sont de moins en moins autorisées à l’épandage du fait de leur charge en métaux lourds ou en résidus de produits pharmaceutiques. Outre la digestion thermophile, qui permet de réduire de 40 à 50 % le poids des boues, et l’ozonation, qui permet leur réduction de 80 %, Air Products développe actuellement avec l’entreprise irlandaise SCFI (SuperCritical Fluid Industry) un procédé appelé Aquacritox qui permet une destruction totale de ces boues à coût concurrentiel. Sous certaines conditions, notamment de température et de pression, les matières se transforment en plasma et réagissent entre elles, sans autre production que de la matière minérale, de l’eau pure et du gaz carbonique. « Cette solution, qui nécessite peu d’énergie, est environ quatre fois moins chère que l’incinération », souligne Samy Sablayrolles.
Eaupro commercialise de son côté Oxyzone, un procédé d’aération et de brassage spécialement conçu pour tous les bassins de stockage, lixiviats de décharge de compostage, effluents vinicoles, eaux pluviales, bassins incendies… Oxyzone est submersible et peut être utilisé pour la flottation de graisses, d’huiles ou de particules solides en suspension. Il peut être alimenté en oxygène pur, ozone, anhydride carbonique et peut être utilisé à tous les stades de neutralisation ou d’aération avec haute teneur d’oxygène. Oxyzone injecte des microbulles d’air et d’ozone dans le puissant courant d’eau qu’il crée. Grâce à celui-ci, il permet l’aération et la mise en mouvement des grands bassins, lagunes de lixiviats et de compostage.