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Entreprises

Eaux usées: Saur active son réseau territorial de surveillance

28 juillet 2020 Paru dans le N°434 à la page 48 ( mots)

Les interrogations apparues fin mars 2020 concernant une possible contamination des eaux usées ont conduit Saur, en mesures confinement puis post confinement, à mener une étude sur 20 sites représentatifs, destinée à mieux évaluer la présence du coronavirus Sars-CoV-2 responsable de la Covid 19. Si le bilan de cette étude n’a révélé aucune trace de Sars-CoV-2 dans les eaux usées et boues de stations d’épuration, le réseau de surveillance reste actif pour mesurer une éventuelle reprise de la pandémie, les traces du virus dans les rejets de stations d'épuration étant détectables environ une semaine avant que les personnes contaminées ne ressentent des symptômes.

 

Cette étude a été menée sur un échantillon d’une vingtaine de sites représentatifs de la diversité du parc des stations d’épuration (taille, process, région)[i], mais également des eaux influencées (réutilisation des eaux usées traitées, irrigation, baignade ou activité conchylicole…). Les investigations ont été menées aussi bien en zones à cluster identifié qu’en zones a priori « saines » et exemptes de risque Covid-19, en milieux urbain, semi-urbain et rural. L’objectif était double : s’assurer de la protection des collaborateurs, mais également des populations exposées à ces « eaux influencées », c’est-à-dire avec des usages postérieurs au traitement des eaux usées. L’étude a permis de mettre en place un protocole qui a démontré sa pertinence, à même d’être reproduit ou étendu en cas de rebond de la pandémie.

Des enjeux sanitaires maîtrisés

L’hypothèse d’une contamination des réseaux d’eau potable ayant été vite écartée - du fait des traitements ozone-UV-chlore -, ce sont les eaux usées et les boues d’épuration qui ont retenu l’attention des chercheurs. Comme l’explique Fabrice Nauleau, directeur technique de Saur, « il était urgent de déterminer si le virus avait pu migrer au travers des eaux usées, mais également se concentrer dans les boues. L’enjeu étant d’éviter à tout prix d’exposer nos agents et les populations à des risques sanitaires que nous aurions mal évalués ». Les travaux, placés sous la responsabilité de Frédérique Nakache-Danglot, ingénieure en expertise process et microbiologie, se sont accélérés lorsque Eau de Paris, au début du mois d’avril, a détecté des traces du virus dans les eaux de surface, comme la Seine. La publication au même moment d’une circulaire interministérielle, suivie d’un arrêté, renforçant les normes en vigueur pour l’hygiénisation des boues utilisées en épandage agricole, a ajouté un enjeu réglementaire à ce qui était déjà perçu comme un sujet majeur à l’approche des épandages de printemps. Deux laboratoires ont été choisis pour analyser les échantillons : celui d’Eau de Paris pour l’étude des eaux usées et influencées, celui d’Inovalys Nantes pour celle des boues.

Des premiers échantillons ont été prélevés début avril alors que le pays était encore confiné. En Bretagne, où un cluster avait été identifié, la présence du virus a ainsi été détectée en entrée de la station d’épuration, faisant apparaître une concentration de près d’1 million d’unités génomiques par litre, soit 1 000 fois la limite de quantification, avant abattement par le processus épuratoire. En fin de confinement, sur la même station, les valeurs retrouvées étaient revenues à la « normale » (non détectable). « Dès lors, si le virus se remet à circuler comme les spécialistes le craignent, nous pourrons le détecter de manière précoce en « lisant » dans les eaux usées », assure Fabrice Nauleau.

Des perspectives de recherche prometteuses en lien avec le réseau « sentinelle » Obépine

Dans l’étude initiale, « aucune trace du virus n’a été retrouvée ni dans les eaux usées et influencées ni dans les boues, y compris en cluster, où des niveaux significatifs avaient été constatés au début de l’étude. Il faut sans doute y voir la preuve de l’efficacité du confinement », explique Frédérique Nakache-Danglot. Cette étude ne restera pas sans lendemain. Grâce à la collaboration menée avec le laboratoire Eau de Paris, Saur est intégré au réseau Obépine (pour « observatoire épidémiologique dans les eaux usées »), groupe de travail réunissant à la fois des chercheurs de laboratoires publics et universitaires de différentes spécialités (virologie, microbiologie, épidémiologie, hydrologie, mathématiques…) et des collectivités et opérateurs publics et privés, en charge de l’assainissement pour le compte des collectivités.

L’objectif du réseau Obépine est d’élaborer à un niveau national un observatoire de surveillance de la dynamique de circulation du virus au travers des réseaux d’assainissement, et d’anticiper grâce à ce nouvel outil préventif un éventuel rebond (l’expérience ayant montré que la détection du coronavirus dans les eaux usées pouvait précéder l’apparition de la maladie dans la population). Saur, en alimentant le réseau par les données recueillies dans ses stations, a donc un rôle à jouer dans la détection précoce d’une recrudescence de l’épidémie. 150 stations d’épuration des opérateurs de l’eau, avec un maillage territorial représentatif, sont intégrées à cette étude sur le moyen voire long terme.

 [1] 54 analyses d’eaux avec recherche du Sars-CoV-2- 34 analyses de boues avec recherche du Sars-CoV-2 (et des phages ARN = traceur viral fécal indicateur de l’efficacité des traitements- 20 sites sous étude- 4 semaines d’étude : du 18/5 au 9/6/2020

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