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Unités mobiles de traitement : des situations variées

28 février 2023 Paru dans le N°459 à la page 62 ( mots)

Production d’eau potable ou de process, assainissement collectif, traitement des effluents industriels, boues : il existe des unités mobiles, ou au moins déplaçables, pour tous ces postes. Qu’il s’agisse de répondre à l’urgence ou d’éviter un investissement en génie civil, différents acteurs (fabricants, loueurs, prestataires de service) répondent aux besoins des industriels et collectivités.

D e l’urgence absolue au choix déterminé, un opérateur peut faire appel à des unités mobiles dans différentes situations pour assurer, temporairement ou à plus long terme, le traitement de son eau ou de ses effluents, voire de ses boues. Pour un industriel, par exemple, outre les cas d’urgence comme une panne de l’installation fixe de traitement alors que la production doit continuer, le choix de solutions mobiles - ou tout au moins déplaçables - peut répondre à des contraintes de place ou représenter un choix économique: investissement moindre en l’absence de génie civil, unité revendable ou utilisable sur un autre site. D’où une diversité de réponses techniques et de modes de mise à disposition. Techniquement, cela va du skid placé dans une fourgonnette à l’unité conteneurisée implantée pour plusieurs mois ou années sur un site. Leur point commun: l’absence de génie civil structurel, l’unité fonctionnelle restant de ce fait déplaçable. 


Aqua Traitement est spécialisée depuis 1992 dans la dépollution des eaux résiduaires, la déshydratation des boues aqueuses et le traitements de déchets par voie humide. Les solutions et processus d’élimination des polluants sont spécifiques à chaque demande de traitement des eaux: (coagulation, floculation, dessablage, déshuilage, décantation, filtrations, flottation, régulation de ph, traitement par unité biologique, aération, oxygénation…).

Khaled Al Mezayen, co-fondateur d’InovaYa, distingue trois grandes familles. «Il existe d’une part les unités pilotes, souvent sur skid, totalement mobiles, pour les essais sur sites, d’autre part des unités sur remorque, constamment en déplacement, restant quelques semaines sur site pour une urgence et en général louées. Et enfin des unités conteneurisées conçues pour un site particulier, un peu plus complexes à installer, qui peuvent rester plusieurs années en place mais restent déplaçables.» Conséquence technique évidente: «les unités destinées à la location doivent être disponibles «sur étagère», donc répondent essentiellement aux problématiques courantes, alors qu’une solution déplaçable fabriquée ad hoc peut être conçue pour un problème très particulier» ajoute-t-il. «Un client peut choisir une solution conteneurisée pour sa mobilité ou pour des raisons économiques : place disponible, faible investissement», explique de son côté Simon Edouard, responsable commercial chez Nomado, un généraliste du domaine.

Mobile Water Solutions de Nijhuis Saur Industries dispose d’un vaste parc d’unités mobiles de toutes technologies (traitement d’eau process et d’eau usées). Ici des unités combinant la désionisation (résines) et l’osmose inverse, destinées essentiellement à la production d’eau de process pour les industriels

«Les industriels choisissent aussi le «mobile» pour son aspect plug and play: facilement disponible, prêt à raccorder, avec des tests FAT1 réalisés chez le constructeur. Le peu de génie civil éventuel (plateforme pour poser le conteneur) et les branchements peuvent être réalisés pendant la fabrication de l’unité» précise-t-il. La variété est également de mise en ce qui concerne les fournisseurs, qui comprennent des fabricants de solutions (exclusivement mobiles ou non), des loueurs et/ou prestataires de services et de grands traiteurs d’eau disposant d’un parc d’unités mobiles, essentiellement en location, pour les besoins momentanés de leurs clients. Les frontières sont d’ailleurs floues, un fabricant pouvant, par exemple, entretenir un petit parc d’unités à louer alors même que ce n’est pas son modèle économique principal.

InovaYa a développé des technologies membranaires sur skid pour la production d’eau potable. Ici, une unité unYo est installée à bord d’un navire : elle potabilise de l’eau de ballast pour la consommation de l’équipage

KWI, par exemple, qui est un acteur historique de la flottation, propose plusieurs unités mobiles en fonction du besoin (traitement biologique aérobie ou anoxie, culture fixée, etc..). «Notre vocation première est de proposer ces pilotes en vue du dimensionnement d’une future installation, mais il nous arrive de les proposer à nos clients pour pallier à des besoins temporaires de traitement» rappelle Christophe Dedieu, son directeur général. 


PRODUCTION D’EAU DE PROCESS : LE MARCHÉ PRINCIPAL

 Forts consommateurs d’eau, souvent très exigeants sur sa qualité, les industriels font de plus en plus souvent appel à des solutions mobiles, ou à tout le moins conteneurisées. Grands opérateurs comme sociétés spécialisées interviennent sur ce marché, à l’instar de BWT, Chemdoc, InovaYa, Nijhuis Saur Industries (NSI), Polymem, Séché Environnement ou Toro Equipment, entre autres. «Face aux problèmes de raréfaction et de diminution de la qualité de la ressource, les industriels et autres acteurs du domaine de l’eau ont souvent besoin d’une solution économique, performante et compacte pour compléter ou substituer leur approvisionnement en eau» résume Isabelle Duchemin Head of Marketing and Communication chez Polymem. 

Pour intervenir sur plusieurs sites avec un seul équipement, TMI intégre les préparantes, Skids, cuves agitées, décanteurs lamellaires ou mêmes les centrifugeuses dans le contenant prévu (container, bungalows...) qui peut être isolé, ventilé, chauffé et éclairé.

«Aquamem Express est la solution adaptée qui permet de répondre temporairement ou durablement à ce besoin que ce soit en situation d’urgence, sur un problème de qualité d’eau, en cas de pannes d’équipements, lors de travaux pour assurer la continuité de service ou encore pour sécuriser la ressource ou répondre à une demande saisonnière exceptionnelle». Unité d’ultrafiltration autonome en container, elle utilise les modules Gigamem® à fibres creuses Neophil® de dernière génération pour la production jusqu’à 2000 m3 /jour d’eau potable ou de procédé à partir d’eau douce, ou le traitement tertiaire d’eau usée municipale ou industrielle. Face aux nouvelles exigences réglementaires et aux besoins de transition durable avec l’utilisation de ressources non conventionnelles, «Chemdoc Water Technologies place les solutions mobiles au cœur de sa nouvelle offre destinée à répondre aux nouveaux enjeux de l’eau pour l’industrie et les collectivités, au travers d’une offre de location et de facturation à l’usage de Water as a service (waas)» complète Salvador Perez, son directeur général.

Panne, casse, pollution, fortes précipitations, surcroît d’activité, Semeo dispose d’un parc de plus de 50 équipements pour répondre à toutes ces demandes.

 «Notre métier est avant tout de faire des solutions de traitement sur mesure. Si le client n’a pas le génie civil ou manque de place sur son site, nous conteneurisons » explique Dimitri Monot, responsable de l’activité reuse chez BWT. Il cite par exemple un projet en Guyane où un conteneur BWT, combinant ultrafiltration (UF) et osmose inverse (OI), produira à partir d’un forage une eau purifiée (à 0.1 microsiemens) pour alimenter une chaudière à haute pression. Nijhuis Saur Industries (NSI) est devenu un très grand acteur de ce domaine. «Nijhuis, une société néerlandaise spécialisée dans les unités conteneurisées de traitement des effluents, a été rachetée en 2020 par Saur. Fin 2022, Saur a acquis la branche européenne de Mobile Water Services de Veolia et est désormais connue sous le nom NSI Mobile Water Solutions.

Sur le marché du traitement mobile des boues de STEP, MPO propose la technologie de la presse à vis, en développant des conteneurs autour d’une machine Huber Technology

L’ensemble de la flotte, avec les équipements propres de Saur, sont désormais réunis chez nous » explique Olivier Leclerc, Division Sales Manager France chez NSI Mobile Water Solutions. Résultat: la société se trouve à la tête d’un très important parc d’unités mobiles de toutes technologies et opère à l’échelle européenne. Elle dispose même de ses propres usines de régénération de résines à Wissous, en Ile-de-France, en Allemagne et au Royaume-Uni. Elle loue ses unités selon trois types de contrats. «En situation d’urgence (panne, problème d’approvisionnement en soude ou acide comme ces derniers mois), nous mettons en place en moins de 24 heures une unité qui produit les mêmes quantité et qualité d’eau que l’installation pérenne du client. 


KWI propose plusieurs unités mobiles : unités de flottation (flottateur circulaire et flottateur lamellaire), décanteur lamellaire, conteneur de traitement des eaux biologique modulaire et transformable en fonction du besoin (traitement biologique aérobie ou anoxie, culture fixée, etc..).

Dans ce cadre, nous proposons en amont notre contrat ReAct qui repose sur un audit gratuit des besoins du client (et de nos exigences en termes de puissance électrique et de raccordement hydraulique) afin de pouvoir répondre au plus vite sur un simple appel à un numéro unique» rappelle Olivier Leclerc. Autre type de contrat: la location planifiée, par exemple lorsque l’industriel arrête sa propre installation de production d’eau pour maintenance, ou fait face à des variations saisonnières d’activité, comme en sucrerie. 

Enfin, NSI Mobile Water Solutions peut louer des unités pour plusieurs années (jusqu’à 7 ans) à des entreprises ne souhaitant pas investir dans ce qui n’est pas leur cœur de métier. «Dans ce cas, les unités sont raccordées avec des canalisations rigides, munies de système de monitoring, etc. » précise Olivier Leclerc. NSI Mobile Water Solutions aligne la gamme complète des technologies : des unités de déminéralisation à base de résines, dont le «fleuron», le MODI 15000T peut produire jusqu’à 150 m3 /h d’eau déminéralisée à 0.05 micro microsiemens (pour chaudières à haute pression ou turbines par exemple), le tout sur un semi-remorque. 

D’autres unités plus petites peuvent utiliser différents médias filtrants : résines, charbon actif, sable ou BIRM (pour la déferrisation et la démanganisation). A cela s’ajoutent des unités de filtration (sur remorque ou conteneurisées) à disque ou à tambour, ainsi que de nombreuses unités membranaires de toutes tailles, en ultrafiltration comme en osmose inverse simple ou double passe. «Pour les besoins spécifiques de l’industrie pharmaceutique, nous disposons aussi de skids capables de produire jusqu’à 6 m3 /h d’eau propre à la préparation d’injectables. Ils combinent prétraitement sur charbon actif et résine cationique osmose inverse, électro-désionisation (EDI) puis une finalisation par UV ou UF» précise Olivier Leclerc.


Utilisant les modules Gigamem® à fibres creuses Neophil® de dernière génération, l’Aquamem Express transforme les eaux souterraines, de surface, de process ou les effluents secondaires en une eau clarifiée et désinfectée.

NSI Mobile Water Solutions sert des clients dans la pétrochimie, la pharmacie, l’agroalimentaire, l’automobile ou l’énergie. «Nous avons par exemple un contrat avec un fournisseur d’énergie majeur d’Ile de France. Nous installons en général un MODI 15000T qui produit en une journée l’eau déminéralisée dont le site a besoin. Cet hiver, il a cependant prévu un scénario « forte sollicitation de production» impliquant un recours accru à ces centrales en cas d’épisode prolongé de grand froid. Nous envisageons donc de placer une unité d’osmose inverse (MORO 4x25T) en amont du MODI 15000T pour optimiser son fonctionnement » explique Olivier Leclerc. 

L’unité mobile de Faure Equipement intègre le filtre presse Titan 219B, qui a une production de 3300 litres de gâteaux, le conditionnement, la pompe d’alimentation et le convoyage par vis.

Ce type de configuration devient courant. L’osmose inverse préalable «soulage» l’unité de déminéralisation, ce qui permet en plus d’économiser les produits chimiques nécessaires. La pénurie européenne de soude et acide chlorhydrique de la fin d’année 2022 a d’ailleurs généré une forte demande d’unités mobiles d’osmose inverse. C’est ce type de solution (osmose puis déminéralisation) que NSI Mobile Water Solutions a installé en urgence sur le site d’une entreprise chimique suite à une panne. «Nous avons installé l’unité en moins de 24 heure et elle y est resté 9 mois, le temps qu’arrive une pièce spéciale pour réparer leur panne » se souvient Olivier Leclerc. 

TRAITEMENT (ET RÉUTILISATION) DES EFFLUENTS INDUSTRIELS

Variables, parfois dangereux, souvent complexes à traiter : tels sont les effluents industriels. Il existe cependant une offre de solutions mobiles assurant soit l’intégralité du traitement, soit une finalisation avant, par exemple, réutilisation dans l’usine.

L’unité mobile de traitement AEROMOBIL® permet la séparation des matières en suspension et des hydrocarbures par coagulation, floculation et aéroflottation à des débit jusqu'à 1000 m3 /h.

Outre les grands opérateurs, les intervenants ici s’appellent Centriboet, Atlantique Industrie, Biome (évaporation sous vide et OI), BWT, CTP environnement, Eurotec Developpement, Exonia, InovaYa, Nomado, Salher, Semeo, Tec’Bio (traitements biologiques : MMBR, SBR, etc.), ou encore Trévi (traitement chimique, biologique ou membranaire ou une combinaison de technologies) pour ne citer qu’eux. «Plusieurs acteurs, dont Exonia, proposent des unités d’évaporation pour, par exemple, les lixivats de centres d’enfouissement. Cela concentre 3 à 4 fois la pollution, ce qui peut paraître modeste mais l’évaporation a l’avantage d’un énorme débit. 

Un conteneur de 40 pieds peut traiter jusqu’à 15-20 m3 /h» souligne Philippe Caurier, PDG d’Exonia. Il existe également des unités conteneurisées de traitement physico-chimique. «Cela devient rare car cette technologie atteint ses limites de performance face à des normes de rejet de plus en plus exigeantes. Elle est donc souvent associée à autre chose, par exemple l’ultrafiltration (UF). Et comme elles génèrent une certaine quantité de boues, les unités physico-chimiques sont souvent couplées avec un filtre presse. On trouve ainsi de plus en plus d’installations multimodales additionnant plusieurs procédés complémentaires» affirme Philippe Caurier. Exonia se pose surtout en spécialiste des modes de séparation physiques: évaporation, OI, filtration des boues «Nous pouvons coupler un évaporateur à une osmose pour obtenir une qualité irréprochable des effluents en sortie ou installer l’osmose avant l’évaporateur pour traiter le plus gros du débit avant de concentrer les restes par évaporation. L’évaporation, bien que rustique, reste une technique énergivore» admet Philippe Caurier. Excluant la simple location, Exonia propose plusieurs formules: la prestation de service (paiement au m3 d’effluent traité), la location-vente des unités (Exonia opère pendant 12 mois et forme le personnel du client avant finalisation de la vente) ou la vente pure et simple. Les clients demandent souvent des unités «mobiles» … qu’ils installent à poste fixe. Ce genre de situation peut se produire par exemple pour un centre d’enfouissement technique ayant encore une durée de vie de 10 à 15 ans : que faire ensuite d’équipements de traitement conçus pour une durée de vie de 30 ans, selon Philippe Caurier ? «Un client nous a acheté une machine il y a 8 ans.

Petites collectivités, acteurs du BTP, industriels, ONG, en France comme à l’export sont les utilisateurs potentiels des unités mobiles de Cetil Traitement de l’eau.

Son site va grossir, il envoie donc l’unité vers un autre de ses sites. En une semaine, le système redevient opérationnel» affirme-t‑il. Les pharmaciens et certains chimistes viennent aussi à ce genre de solution. Bien qu’ayant développé ses technologies pour la potabilisation, InovaYa, qui est engagée dans la préservation de la ressource en eau et son accès universel, se place désormais sur ce marché. «Nous fabriquons sur mesure, au plus près des besoins, des unités de petit et moyen débit (jusqu’à 10 m3 /h en industrie et eau potable 50 m3 /h), avec nos propres briques technologiques, assemblées sur skid ou en conteneurs. Nous pouvons répondre à des problématiques complexes» affirme Khaled Al Mezayen. InovaYa a développé des technologies membranaires pouvant traiter des effluents complexes et de qualité variable. «Nos machines s’adaptent automatiquement grâce à un algorithme que nous avons développé, contrôlant les cycles de nettoyage des membranes» explique Khaled Al Mezayen. «Nous venons d’envoyer une unité en Côte d’Ivoire, basée sur un BRM, pour traiter les eaux usées d’un industriel de la cosmétique. Il va en réutiliser plus de 80% pour le nettoyage et le rinçage des cuves» cite Khaled Al Mezayen Avant toute vente, InovaYa réalise un audit chez le client. Il s’agit en premier lieu de rechercher les économies possibles d’eau dans le process, puis d’envisager des solutions de traitement et réutilisation des effluents. «Nous avons réalisé un audit pour le groupe pharmaceutique Pierre Fabre pour réduire drastiquement la consommation de son usine de Castres. Nous entrons dans la deuxième phase : mettre en place des solutions de traitement pour en faire un site «zéro rejet liquide». Nous travaillons depuis un an avec eux» affirme-t‑il. CTP environnement propose des unités mobiles à tous les niveaux de la chaine de traitement, du primaire au tertiaire. 


Les solutions mobiles Centriboet ont pour avantage un degré de standardisation très poussé qui permet d’abaisser notablement les coûts de développement, d’assemblage, d’acheminement et de mise en service.

Par exemple, l’unité Aeromobil®, d’une capacité de 500 m3 /h par module, combine un conditionnement chimique des effluents avant l’étape de séparation par air dissous (DAF). Elle peut être déployée en traitement primaire, en secondaire après une étape biologique – également disponible en unité mobile - ou en traitement de finition tertiaire. Depuis 2016, deux modules traitent 1000 m3 /h d’effluents sur le site d’une raffinerie d’Asie du sud-est, le temps de mettre en conformité leur installation fixe nécessaire pour satisfaire à la norme EURO 5. Sigmadaf qui propose des stations de traitement intégral, est également très actif dans la conception et l’installation d’unités mobiles DAF. En acquisition ou en location, les entreprises de la division environnementale du groupe Semosia, EMO et Semeo, proposent respectivement des unités avec solutions de traitement adaptés. EMO conçoit, produit et installe des ateliers de traitement des eaux usées et des boues en abri modulaire fixe ou mobile, en container ou sur remorque. La force du concept modulaire résidant dans sa capacité d’adaptation. L’entreprise rennaise propose une installation à façon dans le choix technique (tamis, table d’égouttage, filtre à bandes, presse à vis, flottateur, filtration), en adéquation aux contraintes d’implantation (emprise au sol, remplissage des bennes, circulation des bennes, etc...) et évacuation des déchets et boues traités. «La seule obligation pour l’exploitant est d’amener l’eau, l’électricité et les boues» précise Jean-Philippe Boudaud, responsable Industrie pour EMO. «Par contre, si l’acquisition d’équipement n’est pas envisageable pour le client, la location de solutions mobiles devient alors une véritable alternative et nous orientons nos clients vers Semeo spécialisée dans la location mobile et société sœur du groupe Semosia» ajoute t-il. Conscients des contraintes économiques et environnementales auxquelles sont confrontés les exploitants au quotidien, Semeo propose donc des solutions mobiles à la location pour répondre aux différentes situations de pré-traitement, déshydratation des boues, traitement des effluents et lixiviats. 

Les dernières orientations unités mobiles de Andritz sont < 3,5 T qui permettent d’accéder à toutes taille de station même dans les endroits les plus restreints et contraignants afin d’être adapté au limite électrique des petites installation et d’être transportable par des équipements légers. Des unités allant jusqu’à 100 kg de MES/h ou 10 m3 /h sont disponible en presse à vis dans de format < 3,5T.

«La location d’unités mobiles allie flexibilité, performance et maîtrise des coûts.» souligne Julien Blanvillain, directeur de Semeo. Chaque situation étant différente, chaque solution doit être adaptée. Panne, casse, pollution, fortes précipitations, surcroît d’activité, Semeo dispose d’un parc de plus de 50 équipements pour répondre à ces demandes et a d’ores et déjà planifié l’agrandissement de son parc, passant de +100 équipements d’ici 5 ans. BWT intervient plutôt en traitement tertiaire après la STEP de l’industriel, pour permettre la réutilisation. «Nous concevons les unités au cas par cas. Par exemple, nous avons installé chez Saria un petit conteneur avec ultrafiltration et adoucissement en sortie de la STEP. Il produit 70 à 80 m3 /jour d’eau ultrafiltrée et adoucie ou de qualité d’eau de baignade pour les utilités» affirme Dimitri Monot. BWT vient d’installer une solution plus simple en sortie de la STEP d’un industriel de l’aéronautique. «Leur STEP produit déjà une eau de bonne qualité. Nous ajoutons une désinfection par électrolyse de sel (BWT ECO-MX) et un filtre à sable. L’ensemble produit près de 100 m3 /jour d’eau pour les TAR du site, alors qu’ils utilisaient auparavant de l’eau de forage pour cela» explique-t-il. «Nomado peut déployer toutes les technologies existantes. Nous assurons aussi bien la rédaction des dossiers réglementaires que l’étude du process, la validation et la construction de systèmes physicochimiques, biologiques, filtrants ou membranaires» affirme Simon Edouard. Nomado a ainsi réalisé l’unité de traitement des eaux de chantier sur le site du futur tunnel de Femern qui reliera l’Allemagne au Danemark. 

Skid de déshydratation par presse eau MDS et skid presse PC proposée par Atlantique Industrie

«L’unité traite les effluents de la fabrication des blocs de béton. Elle sera démobilisée à la fin des travaux, dans deux ou trois ans» explique-t‑il. Les unités conteneurisées conviennent particulièrement bien aux chantiers de génie civil, durant en général quelques années. 

ET LES COLLECTIVITÉS ?

 Outre les situations de catastrophe, il arrive que les collectivités recourent à des solutions mobiles, ou au moins déplaçables, pour assurer tant la potabilisation que le traitement des eaux usées. InovaYa a ainsi été créée pour fournir des solutions mobiles d’accès à l’eau potable. «Historiquement, nous avons commencé à travailler avec des ONG en zones difficiles ou situations de conflit» se souvient Khaled Al Mezayen. C’est pour cela qu’ont été développées les solutions unYo pour la potabilisation et aYa, plus simple (à base d’ultrafiltration), pour la sécurisation des eaux de réseau. Dans ce dernier cas, il s’agit d’assurer la qualité microbiologique d’eaux initialement potables mais ayant parcouru une grande longueur de canalisation avant d’atteindre, par exemple, un hameau isolé. Pour le territoire national, InovaYa opère en partenariat avec Saur, en se heurtant parfois à des lourdeurs administratives… «C’est parfois difficile avec les autorités car certains des composants utilisés dans nos unités, bien que répondant aux normes européennes les plus sévères, n’ont pas encore obtenu de validation en France. Par exemple nous utilisons le verre recyclé au lieu de sable pour la préfiltration, or ce matériau n’a pas d’ACS en France alors qu’il est utilisé partout en Europe» regrette Khaled Al Mezayen. 


Salher conçoit et fabrique des unités mobiles adaptées à tous les traitements des eaux: usées urbaines et industrielles, potabilisation d’eau, réutilisation au niveau international.

La société est engagée depuis deux ans dans un gros projet de sécurisation des eaux de réseau en Guadeloupe, avec l’entreprise locale Bio With You. «Les eaux livrées ont des problèmes microbiologiques, il y a du chlordécone et elles sont très peu minéralisées. Autant dire qu’elles sont difficiles à traiter… Nous allons installer une trentaine d’unités de type aYa renforcées de traitements supplémentaires à base de médias filtrants» révèle-t-il. InovaYa a aussi potabilisé les eaux du Danube pour les cabanes de pêcheurs installées dans le delta du fleuve, un projet H 2020. Les unités mobiles d’assainissement des eaux usées sont souvent déployées auprès de bases de vie de chantier car l’assainissement collectif per se opère en général à plus grande échelle. Elles peuvent aussi être sollicitées en cas d’urgence. 

Toro Equipment ajuste les unités mobiles aux files de traitement des exploitants

C’est le domaine de sociétés comme Acqua.ecologie, Bionest, Nantaise des Eaux, Tec’Bio ou de Trevi. Et de Cohin Environnement qui a démontré en Ukraine l’efficacité de sa stratégie pour sécuriser l’accès à l’eau et l’assainissement dans les zones les plus exposées aux situations d’urgence. Nomado produit également ce type d’unités. «Nous avons réalisé en urgence des STEP conteneurisées pour métropole Nice-Côte-d’Azur suite à la tempête Alex » se souvient ainsi Simon Edouard. Toro Equipment Salher ou encore le groupe géronais Sigmadaf clarifiers sont également très présents avec des unités portables et conteneurisées ajustées aux besoins des exploitants. «Ce sont des équipements fabriqués en PRFV placés dans des conteneurs standards de 20 ou 40 pieds » explique Cristina Alda. «Les installations couvrent tous les besoins de la file de traitement auxquels s’ajoutent les systèmes propres aux traitements tertiaires pour la réutilisation de l’eau et les systèmes de déshydratation des boues». Les unités peuvent être rapidement connectées, déplacées et mises en service partout dans le monde dans le respect des réglementations en vigueur après avoir été testées hydrauliquement et électriquement à l’usine précise Toro Equipment. 

Cet atelier de déshydratation des boues Modul’bloc d'EMO comprend une presse à vis avec l’ensemble de ses accessoires pour un bon fonctionnement de l’atelier des boues. Sur ce site, une vis convoyeuse d’évacuation des boues déshydratées et une vis pivotante de répartition dans deux bennes viennent compléter l’installation. Une version Container Maritime est possible.

Conçues à l’origine pour la potabilisation des eaux de surface ou le forage en zones reculées, l’entreprise tourangelle Cetil Traitement de l’eau a face à la demande étendu ses gammes d’unités mobiles depuis 2016 aux applications eau potable et eaux industrielles. En skid et conteneur, au-delà de leur intérêt logistique, notamment sur le transport international, elles offrent grâce à leur aspect plug and play et ready to use une mise en œuvre rapide sur le terrain avec peu de génie civil. La modularité des systèmes offre la possibilité aux utilisateurs d’avoir une solution sur-mesure, adaptée à leur cahier des charges et testée en atelier avant départ souligne le fabricant. Parce que de nombreuses STEP urbaines sont monofiles, CTP environnement accompagne les exploitants qui font face à l’arrêt pour maintenance d’un ouvrage dans la conception de solutions sur mesure, permettant de garantir la continuité du traitement dans des conditions normales de fonctionnement. L’entreprise a par exemple récemment transformé un silo à boue en bassin aéré en le couplant à l’unité mobile Aeromobil®. 

LES BOUES : UN MARCHÉ À PART.

 
Presses à vis Q-Press 620.2 Huber installée en container mobile. Capacité jusqu’à 250 kgMS/h pour une puissance moteur de seulement 2,8 kW

Outre les industriels, beaucoup de petites STEP collectives recourent à des unités mobiles pour traiter périodiquement leurs boues, qu’elles stockent en silos. L’interdiction d’épandage direct des boues liquides, suite à l’épidémie de Covid 19, a également dopé le marché. Des sociétés comme Actibio, Atlantique Industrie, ATR Créations, Aqua Traitements, Centriboet, CTP environnement, Faure Equipement ou Semeo se partagent ce marché. CTP environnement propose le conditionnement chimique et la déshydratation des boues en géotextile, particulièrement adapté aux boues minérales. «Cette solution est de loin la moins coûteuse et permet de différer les coûts puisqu’une fois déshydratée, la boue peut être évacuée dans un second temps et de manière progressive voir servir de matrice pour du remblais/espace vert et ainsi être valorisée par le client final » commente le prestataire de services. D’autres unités emportent en général un filtre presse ou des centrifugeuses. MPO Environnement propose une technologie plus originale dans ce contexte: la presse à vis. «Huber Technology, qui fabrique des presses à vis, en avait installé une dans un conteneur pour des essais pilotes. Au vu de ses performances, nous avons décidé, mon associé et moi, d’intégrer cette machine dans des conteneurs plus élaborés pour la location» se souvient Christophe Pierrel, directeur général de MPO Environnement. 


Le modulaire fait partie des modes constructifs d'Eurotec Developpement. Le fabriant breton propose dans des cas précis la conception et réalisation d’équipements type « modulaire ou grutable par presse à disque pour des clients qui doivent déménager leurs outils ou les faire évoluer techniquement

Les raisons de ce choix ? Une machine très fiable, de maintenance très simple, beaucoup moins énergivore que les centrifugeuses. Les unités mobiles de MPO ont une taille adaptée aux petites et moyennes installations (moins de 20000 équivalents habitants, soit la grande majorité des STEP en France). «La presse à vis a un débit plutôt faible mais fonctionne 24 heures sur 24, contrairement aux centrifugeuses ou filtre-presse qui ont besoin de personnel. Au total, la quantité traitée quotidiennement est la même, et la STEP régit mieux car elle reçoit des retours en tête plus étalés » affirme Christophe Pierrel. MPO a par exemple implanté un conteneur durant plusieurs mois dans la STEP de Gien (Loiret), qui subissait une panne de centrifugeuse. Sans compter un grand nombre d’opérations récurrentes auprès de petites STEP qui vident leurs silos de boues liquides une ou deux fois par an. MPO se diversifie cependant vers l’industrie, notamment la papeterie dont les boues fibreuses ne « font pas peur » à la presse à vis. «Depuis 2 ans, nous avons aussi une commencé une relation avec un industriel du forage. 

Moyennant quelques aménagements sur les machines, nous pouvons traiter une boue minérale (boue de sol ou bentonitique)» ajoute Christophe Pierrel. «Fort de plus de 250 références en France, les presses à vis Q-Press Huber ont naturellement trouvé leur place depuis plus de 10 ans sur des applications de déshydratation mobile, complète Etienne Morel, responsable secteur Nord-Est chez Huber Technology. La conception spéciale de la Q-Press Huber, notamment l’inclinaison de son tamis constitué de barres trapézoidales permet de garantir un haut niveau de performance (siccité et taux de capture). Les unités mobiles sont conçues pour fonctionner de manière autonome, même en cas de fonctionnement 24h/24 et de boues avec des concentrations fluctuantes. La Q-Press Huber est également adaptée au traitement des boues dites «difficiles » : fromageries, agroalimentaire, eau potable car son fonctionnement est adapté à la mesure de pression réalisée à l’intérieur du tamis. » Centriboet est historiquement très actif sur ce marché également. Le fabricant revendique une très large gamme d’unités mobiles pour la déshydratation de boues par centrifugation allant de 3 m³/h à 90 m³/h de capacité de traitement hydraulique, pour petits ou grands débits, pour traiter tout type de boues (biologiques, digérés, sableuses, etc.). SPF décline, pour sa part, une grande partie de sa gamme en unités sur remorque, conteneurisées ou sur skid selon les besoins de mobilité et de durée d’utilisation. 


L’offre d’unités mobiles de Sigmadaf couvre tous les procédés de traitement: DAF, SMBR et SMBBR.

Le Concentratec sur remorque est un dispositif mobile d’épaississement des boues conçu pour fonctionner sans surveillance. Principalement destiné aux collectivités ou aux exploitants intervenant sur des STEP de petite capacité, le traitement peut s’opérer sans la présence du personnel d’exploitation et être déplacé sur un autre site par les véhicules d’intervention une fois le traitement achevé. Andritz Separation réalise également des unités de traitement des boues essentiellement équipées avec des décanteuses centrifuge (pour la déshydratation et éventuellement l’épaississement) en raison de leur taille réduite et de leur capacité importante (de 2 à 130 m3 /h). «Ces décanteuses intègrent évidemment les derniers développements en matière de basse consommation, tels que les plaquettes de niveau TurboJet, un réducteur à entraînement direct, et la très forte pression hydraulique, le tout permettant une réduction significative de la consommation électrique totale jusqu’à 40%, à débit et performances équivalents, ce qui se traduit par un retour sur investissement très rapide» assure Sabrina Guillerez Global product marketing manager Separation. Depuis peu, Andritz Separation propose des unités équipées de presse à vis, intégrant la C-Press, pouvant être installées dans des containers ISO 20 ou 40 pieds, et permettant la déshydratation de boues avec un débit de 5 à 50 m3 /h.



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